Tout commença le dimanche 6 janvier 1980. Ce jour il y a peu monde dans les rues de Bastelica. Une voiture qui monte d’Aiacciu avec trois hommes à bord traverse au ralenti une première fois le village.
Elle s’arrête en contre-bas puis effectue un retour toujours aussi lent donnant l’impression que les hommes à bord du véhicule cherchent quelque chose ou …quelqu’un.
Tout à coup, alors que la voiture s’apprête à quitter l’endroit une trentaine d’hommes, dont certains pour la plus part sont armés de fusils de chasse, surgissent et encerclent le véhicule puis en éjectent les occupants avant de les conduire dans une bergerie. Des deux côtés il y a des faciès connus. D’un côté, des autonomistes, membres de l’U.P.C. (Union du Peuple Corse) et quelques habitants du village, dont les frères Lorenzoni, ces derniers connus pour leur travail d’animation à Bastelica. De l’autre, trois personnes : Alain Olliel, armurier ajaccien, 35 ans. Celui-ci ne cache pas ses sympathies pour le S.A.C. (Service d’Action Civique) et le R.P.R. et tient en sa possession deux cartes de ces deux mouvements. Yannick Leonelli, la trentaine. Il porte une veste kaki et une petite moustache. Le situer est difficile. Revenue en Corse depuis un an il fréquente quelques ajacciens pour leurs opinions de Droite. Dés son interception par les autonomistes il revendique son appartenance au F.L.N.C. (Front de Libération National de la Corse) et se dit infiltré à FRANCIA Le troisième homme, c’est le commandant Pierre Bertolini, 55 ans, ex-inspecteur de la sécurité civile à la préfecture d’Aiacciu et ancien engagé volontaire – 26 ans sous l’uniforme. Bertolini est soupçonné par les autonomistes d’être l’un des dirigeants du groupe FRANCIA. Le 2 décembre 1978 ce dernier était victime d’une attentat, non revendiqué, dans lequel il perdit une jambe.
Bastelica encerclée : Un processus semblable à ce qui s’était passé 5 ans auparavant à ALERIA, dans la cave Depeille où Edmondu Simeoni avait convoqué la presse pour lui révéler le scandale des vins semblait se mettre en place. En Corse l’Histoire semble un éternel recommencement et le pouvoir central allait comme à ALERIA brusquer les choses. En effet, puisque dans la soirée de lundi les premières forces de l’ordre arrivées sur place occupent les alentours du village alors que les membre du collectif et leurs prisonniers entament leur deuxième nuit ensemble dans un climat tendue.. le soir même Edmondu Simeoni leader de l’U.P.C. fait son apparition. Il ne dirige pas les opérations mais comme le collectif de Bastelica regroupe toutes les tendances du mouvement il n’en prodigue pas moins quelques conseils à ses amis : “…Surtout gardez votre sang froid. Il y a ici une chance politique à saisir. Pas question d’un Fort Chabrol…” lance-t-il. A la nuit tombée les forces de l’ordre desserrent leur étau permettant ainsi à quelques journalistes de s’introduire dans le village puis à 23 heure dans l’annexe de la mairie. Mais les prisonniers ont déjà été évacués ailleurs par mesure de prudence par le commando d’autonomistes. La presse aura droit à un enregistrement effectué peu avant où en y entend Leonelli jurer qu’il est de FRANCIA et mettre en cause le directeur de cabinet du préfet, bon nombre de personnes dont un enseignant de Bastia un garagiste, un lieutenant de pompier ainsi que plusieurs inspecteurs de police.La journée du mardi voie arriver dans l’île de nouveaux renforts de police et un durcissement du dialogue entre le collectif et le préfet Vicillecazes. Ce dernier annonce qu’il refuse de négocier : “…Avec des racketteurs et des preneurs d’otages…force doit rester à la loi…la justice devra passer…”. Bastelica est en émoi. En effet ! A 16 heure 30 les gendarmes mobiles vêtus de gilets pare-balles entament leur progression dans le village protégés par quatre camions militaires porteurs de fusils mitrailleurs. Pierre Porri, le maire, tente sans succès de s’interposer et donnera le jour même sa démission. le dispositif policier est des plus impressionnant et des autonomistes retranchés dans des maisons sont encerclés. Neuf personnes sont arrêtées et d’autres les rejoindront plus tard dans les fourgons de police.
Les barbouzes démasqués : Dans le coffre de la voiture les autonomistes découvrent tout un arsenal : 1 Smith et Wesson magnum, 1 P38, 1 carabine Remington à lunette infra-rouge, 1 Herstal calibre 12, des jumelles, 2 postes émetteurs et pour terminer 1 paire de gants en soie noire. La veille Marcel Lorenzoni avait été prévenu par un appel téléphonique anonyme que des barbouzes préparaient un mauvais contre lui. Les autonomistes préviennent les autorités locales puis avec leurs “prise” se rendent dans une annexe de la mairie du village. C’est là que commencent, dans l’après-midi et en présence du commandant du groupe de gendarmerie d’Aiacciu, Trévisiol, les interrogatoires qui se poursuivront le lundi. Prisonniers et autonomistes auront vu défiler de nombreux officiels dont le substitut de la République et le directeur de cabinet du préfet de la Corse du Sud. les autorités prennent l’affaire très au sérieux car les évènements d’Aleria sont encore présent dans toutes les mémoires. Puis les journalistes locaux pourront un court instant s’entretenir avec les prisonniers. C’est Olliel qui est le plus bavard. Il admet être membre FRANCIA – il se rétractera plus tard accusant ses “gardiens” de lui avoir extorquer des aveux – et précise devant la presse qu’il est venu à Bastelica avec deux autres compagnons pour y prendre contact avec un autre homme en compagnie duquel ils devaient commettre une agression contre Marcellu Lorenzoni. Olliel “charge” ses deux amis. Il donne même deux exemples d’attentats perpétrés par ses coreligionnaires : l’un contre un car du foyer de montagne de Bastelica, dont s’occupe Marcellu Lorenzoni, et l’autre contre la voiture du frère de ce dernier : Christian. Leonelli, lui, reste muet quand il ne lance pas quelques phrases contradictoires. Le commandant Bertolini se montre posé et justifie sa présence à Bastelica par une soit disant partie de chasse. Mais son mutisme ne décourage pas le collectifs Bastelicacci qui fort de des révélations d’Olliel et de la découverte des armes lance dans la journée un appel à toutes les forces démocratiques pour qu’elles viennent sur place se rendre compte de leur “prise”. Les autonomistes annoncent également pour le lendemain la tenue d’une conférence de presse en présence des barbouzes devant les journalistes français arrivés en toute hâte du continent.
De Bastelica à Aiacciu : Dans la confusion qui règne dans le village les autonomiste et leurs “prise” réussissent à franchir les barrages. AIACCIU, mercredi, 3 heure du matin, les autonomistes et leur “prises” pénètrent en douceur dans l’hôtel FESCH, situé au coeur de la ville. Le lieu est aussitôt encerclé par les gendarmes, furieux de s’être laissés bernés. Une foule grandissante vient se masser derrière les barrages invectivant les forces de l’ordre.
La tension monte d’un cran, les cannettes de bière volent et les incidents se multiplient. Il faut aux gendarmes mobiles s’y prendre à plusieurs reprises pour se dégager à coups de grenades lacrymogène. La journée de mercredi voie l’arrivée de renforts de police : la commissaire Honoré Givaudan et quinze de ses hommes, le commissaire Broussard et le G.I.G.N. (Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale ). Des tentatives de conciliation sont tentées par Lucien Tiroloni et Roger Simoni (responsables agricole du Nord et du Sud de la Corse ) qui font le va et vient entre l’hôtel Fesch et la préfecture.
Puis c’est au tour du maire d’Aiacciu et de trois de ses adjoints de se rendre sur place, ainsi que l’évêque de la Corse Monsieur Charles Thomas qui depuis son arrivée en Corse a su se faire respecter de tous. Ce dernier estime que tout peut être réglé sans violence et que les clients de l’hôtel sont bien traités. A 20 heure une délégation de cinq personnes se rend à la préfecture : Albert Ferraci (secrétaire fédéral du Parti Communiste), Ange Pantaloni (secrétaire fédéral du Parti Socialiste), Dominique Alfonsi (responsable du mouvement autonomiste de gauche F.P.C. – Front du Peuple Corse), le docteur Antoine Buresi (de l’Association des Médecins Généralistes) et Edmondu Simeoni. Tous sont mandatés par le Collectif de quarante-quatre organisations.
Le mutisme du préfet : Le préfet sort enfin de son mutisme et accepte que la délégation se rendre auprès des hommes retranchés dans l’hôtel. Il exclut toutefois la présence d’Edmondu Simeoni que réclament les occupants et il donne des ordres aux forces de l’ordre pour qu’aux barrages ceux-ci ne laissent passer que les quatre hommes.Le Collectif des 44 décline alors et l’échec de cette démarche engendre un durcissement de la situation déjà particulièrement tendue. La nuit vient à tomber et la foule continue de se masser autour de la rue Fesch. Des cocktails Molotov et des pierres volent depuis la foule auxquels répondent les grenades lacrymogènes de la police.Autour de l’hôtel règne la confusion et les déplacements incessants des gendarmes mobiles font monter l’inquiétude à l’intérieur même de l’établissement, celui-ci étant organisé en camp retranché : des matelas sont descendus des étages, les clients sont regroupés et quelques fusils de chasse chargés. Le commando autonomiste espère toujours la venue de la délégation du Collectif des 44. Les clients seront relâchés dans la nuit et affirmeront qu’à aucun moment ils n’eurent le sentiment d’avoir été des prisonniers.
Panique dans la rue : A l’extérieur c’est la confusion. La foule harcèle les policiers et gendarmes mobiles et les tirs de grenades lacrymogènes redoublent. Vers 22 heure 30 une trentaine d’élus de Gauche ceints de leur écharpe tricolore, obtiennent d’être reçus par e préfet mais il est déjà trop tard. Quelques minutes auparavant un premier incident grave frôle la catastrophe : un garde mobile braque le canon de son arme sur la tempe d’un médecin venu en SAMU pour soigner l’un des 13 clients de l’hôtel pris d’un léger malaise. Puis quelques minutes plus tard dans l’une des ruelles menant au cours Napoléon suite à un heurt sérieux entre manifestants et forces de l’ordre un homme sort un pistolet automatique et tire sept coups. Trois C.R.S. tombent dont l’un mortellement blessé.
Dans les rangs de la police l’excitation est à son comble. Des coups de feu éclatent. Un photographe du journal le Provençal est braqué. Des groupes en uniformes courent affolés dans tous les sens tandis que le préfet semble “ignorer” ce qui se passe au dehors. A minuit et demi, place du Diamant des policiers en civils débouchent de la préfecture l’arme au poing. Après une échauffourée avec des manifestants une voiture démarre et un policier tire à plusieurs reprises dans sa direction. La conductrice du véhicule, Michèle Lent, 32 ans, psychologue à Aiacciu, est tuée d’une balle en plein coeur. Sa voisine est elle atteinte de 3 balles en pleine tête. Quand à la passagère qui se trouve à l’arrière du véhicule celle-ci est légèrement touchée.
A 2 heure du matin à la sortie d’Aiacciu dans un barrage de police Pierre Marangani, 23 ans, complètement étranger aux évènements trouvera la mort. Ce dernier s’était sans agressivité plié aux injonctions des policiers qui lui tirent dessus lorsqu’il redémarre. Mais, dans les rangs de la police personne ne veut endosser la responsabilité de cette mort.
ISULA MORTA : Au matin de ce jeudi la population se précipite dansa les kiosques à journaux pour y lire les titres relatifs aux évènements de la veuille. Le cours Napoléon ne désemplit pas et au numéro 34 de cette artère centrale siège le Collectif des 44. Un accord sur un mot d’ordre de grève générale pour le lendemain vendredi : Isula morta/Île morte passé. Un tract est diffusé dans toutes les villes : “…En refusant la conciliation proposée par le Collectif, le préfet et le pouvoir portent l’entière responsabilité du sang versé. Nous pouvons encore réunir les conditions d’une négociation que le pouvoir doit immédiatement accepter…” Suit en cinq point la base de cette négociation : retrait du gargantuesque dispositif répressif, départ des clients de l’hôtel, remise entre les mains de la justice de tous les barbouzes, arrêt de toutes les poursuites et libération des personnes arrêtées lors des évènements démission du préfet de région. A 11 heure ce dernier donne justement une conférence de presse. Sur un ton dur et parfois désinvolte le préfet de région annonce : “…Je ne sais pas exactement ce qui se passe…”. Il parle : “…d’actes criminels dans un pays démocratique…”. Il a une seule solution à cette situation : “…la libération des clients de l’hôtel et la reddition des preneurs d’otages…”. Il est 13 heure. Sur une chaîne de télévision Française un étrange et poignant dialogue s’engage entre Monseigneur Thomas et le ministre de l’intérieur, Christian Bonnet. Les suppliques de Monseigneur Thomas : “…Pour éviter le risque que le sang soit encore versé rendez le dispositif du maintien de l’ordre plus distant ce soir…” Réponse du ministre : “…Les forces de l’ordre seront encore plus importantes ce soir que celles qui s’y trouvaient hier soir…” Dans la rue Fesch les commerces ont tiré leurs volets et la foule continue de s’attrouper. Sur les vitrines on peut voir une seule affiche sur laquelle est inscrit : ” Fermé pou cause de deuil et de recueillement” A 18 heure 30 alors que la nuit commence à tomber et que le Collectif des 44 exhorte la foule à la dignité et à la responsabilité, des rumeurs circulent selon lesquelles le FLNC va intervenir dans la nuit et demande donc aux Ajacciens de se retirer.
La reddition dans l’honneur : La réponse aux rumeurs quand à une éventuelle intervention du FLNC ne se fait pas attendre. A 19 heure une véritable armada de camions militaires apparaît en haut du cours Napoléon. Il faut une demi-heure aux gendarmes mobile en treillis et pistolets mitrailleurs à l’épaule pour repousser les manifestants hostiles qui les injurient sous les cris de “…assassins, assassins, assassins…”. et envahir le centre ville. Des groupes du G.I.G.N (Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale) prennent position sur les toits. A 20 heure Aiacciu subit un véritable couvre-feu et dans les rues désertes le déplacement des forces de l’ordre est impressionnant. Seuls quelques jeunes continent de “dériver” sur la place du Diamant. Quelques journalistes n’osent plus quitter les abords des trottoirs de l’hôtel pour ne pas louper le scoop de l’assaut. Il est 1 heure 30 minutes et autour de l’hôte Fesch les C.R.S. sont en position de tir, chacun visant une fenêtre. Les choses vont en fait se dérouler autrement et un dialogue s’ouvre entre Christian Lorenzoni et le numéro 2 du G.I.G.N. Paul Baril, entre lesquels une négociation se discute, tandis que Marcellu Lorenzoni discute lui sur le toit avec le capitaine Prouteau. “…Une négociation entre hommes d’honneurs…” dira plus tard le capitaine Prouteau qui accepte que le commando se rende la tête haute. Un vrai cortège s’ébranle alors de l’hôtel Fesch vers l’Hôtel de police, drapeaux Corses en tête, fusils déchargés tenus en mains, et aux trente-huit militants autonomistes vinrent se joindre les neuf derniers “otages”. Le groupe se déplace en entonnant le “Sunate ù Cornu”, un chant traditionnel de rébellion.
Un des client résume la situation : “…Avant de sortir une des personnes qui nous retenait nous a dit : on a pas assez d’armes pour se battre. De plus nous ne sommes pas des preneurs d’otages. Nous sommes des patriotes Corses…”
Des manifestations de soutien s’organisent : Ce vendredi matin la nouvelle de la reddition se propage dans tout Aiacciu qui au fil des heures voit grossir le nombre des badauds autour de l’hôtel de police où les membres du commando sont interrogés. L’atmosphère est tendue et les gendarmes mobiles se font discrets tandis que la police urbaine replacée en première ligne subit insultes et injures. En guise de solidarité au commando une grève est suivie de l’avis général : cafés, commerces, entreprises, tout est fermé ce vendredi un peu partout en Corse, où seuls les kiosques à journaux ont décidé d’ouvrir quelques heures.
De son côté le FLNC libère l’agriculteur de Bravone qu’il avait enlevé la veille. Dans la matinée trente-sept hommes du commando sont transférés à Paris devant la Cour de sûreté de l’État où ils retrouveront une douzaine de militant arrêtés à Bastelica. Et pendant ce temps “Le calme reste incertain” titrait l’A.F.P. (Agence France Presse).
La tension monte et un bateau de guerre vient accoster dans la port d’Aiacciu. Après les dissensions au sein du Collectif des 44, concernant l’organisation de la manifestation, celle-ci aura bien lieu le lendemain à Aiacciu, forte de 6 000 personnes. Fabuleux succès dans une ville qui ne compte en hiver que 30 000 âmes. A Bastia aussi 3 000 personnes avaient scandé les mêmes slogans : “…Liberté pour les patriotes, suppression des polices parallèles, retrait du dispositif répressif de l’île, démission du préfet…”. Dans la nuit du samedi 12 au dimanche 13 le commandant Bertolini est libéré par les nationalistes à Olmetu, un petit village situé à quelques cinquante kilomètres d’Aiacciu, et livré au procureur de la République . Il sera conduit à l’hôtel de police et inculpé, ainsi que Alain Olliel, pour détention et transport d’armes.
La solidarité : Dans l’île les semaines qui vont suivre vont être animées et le peuple Corse fait montre de détermination dans sa quête de justice. La mobilisation est générale : Lycéens en grèves, barrages routiers à l’initiative du CDJA et de la FDSEA à travers toute la Corse pour demander la libération de nombreux agriculteurs emprisonné, réunions publiques du Collectif des 44 à Aiacciu, Bastia, meeting à Paris et en Corse, mais aussi à Marseille et Nice. Le 25 janvier voit la parution d’un journal : Unione (Union ) à l’initiative du Collectif des 44. Le même jour le commando incarcéré à Paris entame une grève de la faim qui va se prolonger plusieurs semaines. Mais l’évènement majeur restera une manifestation mémorable : 20 000 mille personnes rassemblées sur le cours Napoléon ( mieux que lors de la visite du général de Gaule en 1948 ) avec une seule banderole en tête du cortège : LIBERTA, et de nombreux slogans scandés par tous les manifestants : LIBERTA PER TUTTI I PATRIOTI, LIBERTA PER I CORSI, CORSICA NAZIONE, I BARBUZI FORA C’est vers 16 heure 30 que le gros des manifestants se dispersent mais la nuit voie des affrontements violents opposant des petits groupes aux forces de l’ordre. Tout le mois de février est ponctué par une multitude d’actions de démarches, de demandes d’enquêtes publiques, des mairies dans l’île sont occupées : plus de 40, mise en place de comités de soutien au emprisonnés ou des collectifs avec une seule revendication : la libération de tous les prisonniers Corses : 102 au total avec les 36 de l’affaire Bastelica/Fesch venus s’ajouter aux 66 militants du FLNC arrêtés ces dix-huit derniers (dont certains s’étaient vus condamner à des peines de réclusion criminelles allant jusqu’à 15 ans).
Grève de solidarité en février 1980
Le 14 JANVIER 1981 : Manifestation à AIACCIU à l’occasion de l’ouverture du procès des militants arrêtés dans le cadre de l’AFFAIRE BASTELICA-FESCH. 12 à 15 000 personnes manifestent à AIACCIU.
Le 12 FEVRIER 1981 : A l’issue du verdict très lourd de BASTELICA, le F.L.N.C qui compte près de 90 patriotes en prison, organise une nuit bleue record avec 45 attentats dont 27 en Corse du Sud et 18 en haute Corse. Dans la nuit de l’ouverture du procès BASTELICA-FESCH, des incidents se produisent à AIACCIU.
Le verdict. Pour les autonomistes : Des peines de 3 à 5 ans sont réclamées contre Marcellu Lorenzoni et quatre des principaux inculpés. Peine inférieures pour les autres dont certaines assorties de sursis et même une relaxe pour l’un d’entre eux. 2 ans pour Christian Lorenzoni et Gilbert Casanova. 18 mois pour Marc Toriloni et 1 an pour Lisu Fazi et Michele Polini. Et les barbouzes : le procès de Bertolini se termina par un non-lieu.
Quand au procès des policiers et des gendarmes mobiles responsables de 2 morts civils à Aiacciu ?? Il n’aura jamais lieu !!…
Francia :
LE PROCUREUR (à un autonomiste) : « Qu’est ce qu’une barbouze ?… »
L’AUTONOMISTE (dans le box des accusés ) : « Un individu chargé d’une tâche qu’on ne peut confier à la procédure officielle… ».
Dans sa plaidoirie Maître Mattei lancera que Covacho, inspecteur des renseignements généraux avait proposé à Ollien de rentrer à FRANCIA. De même un dénommé Franceschi, lieutenant des pompiers à Bastelica, qui est selon Lorenzoni le correspondant de cette obscure organisation. Le débat sur le sujet provoque de vifs échanges à l’audience entre la défense, le Ministère Public et la Cour.Pourquoi Lorenzoni a-t-il libéré Leonelli ? Ce dernier représente un des points les plus obscures de cette affaire et Lorenzoni regrettera cette libération. Le rôle de Leonelli dans cette affaire restera assez ambiguë. Disparu depuis lors on l’arrêtera 6 mois plus tard pour avoir mitraillé les gendarmes en faction devant l’ambassade d’Iran, avenue d’Iéna. Il reconnaîtra avoir participé à 52 attentats commis par le FLNC. Les barbouzes diront ne pas faire parti du SAC ni du FLNC. Ce qui fer dire à un des avocat de la Défense qu’il ne fallait donc pas exclure là l’hypothèse d’une provocation destinée à jeter les bases d’un affrontement en Corse. Puisque ceux qui auraient tenté d’organiser une telle manipulation ne sont pas dans le box. Et ceux qui sont inculpés comme membres de FRANCIA ne sont en réalité que des exécutants membres du Service d’Action Civique
Le 29 janvier 1981: le procès connaît une audience capitale : le témoignage du command de gendarmerie Trévisiol. Celui-ci démolit une partie du réquisitoire du procès en démontrant qu’il n’y avait pas dans cette affaire aucune atmosphère insurrectionnelle à Bastelica, comme tentait de le démontrer la partie civile. Et Marcellu Lorenzoni rendra lui-même hommage à cet homme de terrain. Le défilé des clients de l’hôtel servira la cause des autonomistes. Mais la Cour de Sûreté de L’Etat qui jugeait les délits politiques avait elle d’autres critères d’appréciation. L’audition de Leonelli sera révélatrice. Qui est en réalité cet homme qui avouera avoir participé à la nuit bleue de juillet 1978, pour, et selon ses dire, rendre service à des militants du FLNC qu’ils connaissait. Il niera avoir tiré sur les gendarmes avenue d’Iéna, être anti-autonomiste. Il ajoutera être venu à Bastelica avec Bertolini et ses comparses pour attenter à la vie de Marcellu Lorenzoni. Cette opération, selon lui, avait été décidé un mois plutôt et l’élimination des 3 autres frères Lorenzoni était également prévue. L’audition d’Olliel n’avait elle rien de neuf à apporter. D’autres témoignages dont celui du maire de Corti, Pieruci, allait être assez édifiant. Il déclara notamment : PIERUCI : « …Le chef du SAC à Ajaccio c’était Bertonoli. C’est lui qui organisait les plasticages de FRANCIA. J’ai été même convoqué un jour au Conseil Régional pour le couvrir politiquement. Tous les préfets et les sous-préfets savaient que Bertolini était l’organisateur des attentats du SAC (qui selon lui est une organisation à tendance chiraquienne composée pour une moitié de voyous et de policier. Le SAC serait particulièrement actif à Corti )…” Pieruci demande alors à être confronté au préfet Riolacci pour étayer ses propos. Peine perdue !
VIDEO FR3Corse,
Source K7 FLNC habituel mis en ligne par Unità Naziunale
Source K7 FLNC habituel mis en ligne par Unità Naziunale
http://storiacorsa.unita-naziunale.org/H1980.htm
http://storiacorsa.unita-naziunale.org/H1981.htm
Source site Resistenza 2004 de Carl’Andria (lien à venir)
Corsica Infurmazione/Unità Naziunale : l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques
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