Un mois et demi de grève dans les services de santé et… Rien ! Mercredi après-midi, la préfecture décide de faire appliquer la décision de justice prise six jours plus tôt et ordonne l’évacuation de l’ARS, au besoin par la force.
S’il faut saluer le sens des responsabilités des manifestants et des forces de l’ordre qui ont fait en sorte que la situation ne dégénère pas, il est aussi à noter que de la part des services de l’État, cette sortie des locaux semblait être une fin en soi.
Le conflit n’est pourtant pas terminé. L’administration de l’ensemble des établissements hospitaliers insulaires est toujours paralysée. Et le seul but de la direction de l’ARS semble être que ce blocage-là cesse également sans reprise du dialogue. Une option difficilement envisageable actuellement.
Prise de risque
Pour le STC, comme pour la CGT, FO et le SNCH, il ne restait désormais plus qu’une option. Montrer que ce conflit – dont les effets visibles ont été très limités – emporte l’adhésion d’une grande partie de la population.
Et appeler à une manifestation régionale dans les rues d’Ajaccio samedi en fin de matinée. Pour les organisations syndicales, ce choix est une vraie prise de risque. Un samedi matin, à la fin du mois de juin, avec une météo plus qu’incitative au farniente sur la plage, la mobilisation n’est pas gagnée. Un signe cependant, les appels à descendre dans la rue se multiplient. Venant de tous les horizons. Même si de rares notes discordantes se font jour (du côté de l’union départementale FO de Corse-du-Sud notamment ou la CFDT qui condamne le recours à la force mais n’appelle pas à manifester).
La FSU, la Ligue des droits de l’homme et Ghjuventù Paolina appellent à rejoindre le cortège ce matin. La LDH estime notamment qu’il « ne s’agit pas de problèmes uniquement syndicaux mais du droit à la santé qui est un droit de l’homme… »
Corsica Libera appelle également à manifester ce matin à Ajaccio. « Nous renouvelons le soutien que nous avons exprimé, dès le début, à l’action engagée par le STC il y a plus d’un mois », rappelle le parti indépendantiste. « Chaque Corse doit se sentir concerné, car les enjeux sont importants » estime-t-il. Le groupe des élus Corsica Libera appelle, bien évidemment, à manifester et se joindra au défilé. Tout comme les élus de Femu a Corsica qui demandent que « l’ensemble des sensibilités territoriales qui a soutenu la motion votée le 26 mai soit présent pour que l’État change sa position… ».
Même état d’esprit de la part des élus communistes et Front de gauche de l’assemblée de Corse qui déplorent qu’ « alors qu’une issue semblait se dégager après la conférence de presse de la CGT et du STC, l’évacuation de l’ARS ne donne pas le signe d’une reprise des négociations… » Des élus qui seront eux aussi dans le cortège. Paul-Jo Caïtucoli qui appelle à la mobilisation estime que la situation actuelle était prévisible. « L’organisation et le déroulement de la conférence régionale de la santé et la conférence des territoires avaient déjà laissé entrevoir l’avant-goût d’un mépris certain pour la démocratie », a-t-il commenté. Les représentants du Parti de gauche de Corse-du-Sud et de Haute-Corse demandent également à la population de venir dans la rue et y seront eux-mêmes, considérant que « la santé n’est ni un luxe pour les riches, ni une marchandise pour les profiteurs… »
Offres de médiation
Parallèlement, le député de Haute-Corse, Sauveur Gandolfi-Scheit a, une nouvelle fois, pris attache avec Xavier Bertrand ainsi qu’avec ses collègues députés. Demandant au ministre de la Santé un rendez-vous commun pour le début de la semaine à Paris. Quant au Medef, il plaide une nouvelle fois pour la reprise des négociations en offrant même une médiation. Ces dernières initiatives seront d’actualité, une fois la manifestation terminée.
Le rendez-vous est fixé place de la gare à Ajaccio, à 11 heures.
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