On croyait être tranquille, du moins en ce qui concerne ce cas « emblématique » ! Mais au fond, pourquoi ce cas serait-il plus singulier que d’autres ? De manière systématique les zones agricoles inexploitées font l’objet de projets immobiliers.
Dans le même temps on assiste à l’extension anarchique et exponentielle de zones d’habitation où n’est prévu ni circulation, ni traitement des eaux usées, ni « équipement social »(école,terrains de jeux, services)… Par ailleurs on continue à répandre le concept d’un tourisme « miraculeux », alors même que l’on en reconnaît partout, en Europe et dans le monde, les faiblesses économiques (saisonnalité,emplois de faible qualification, etc…). En réalité, nous en sommes encore à spéculer sur la réalité économique de l’activité touristique et sur son efficience !
A Testa Vintilegna constitue une zone agricole inhabitée, une friche pas même traversée par les chèvres. Continuer à envisager notre espace comme une terre vierge quelconque qu’il faut à toute force aménager, c’est s’absoudre d’une réflexion globale sur un développement économique respectueux de son environnement et des gens qui y vivent. Toute l’Europe occidentale prend aujourd’hui conscience du danger que représente un développement illusoire et appauvrissant : l’Italie et ses lacs pollués par les résidences désormais abandonnées par leurs propriétaires trop âgés ou attirés par des villégiatures exotiques plus à la mode ; l’Espagne minée par l’option du tourisme résidentiel que quelques aigrefins locaux et leurs complices revendiquent pour la Corse : pour eux le cash, pour nous la charge économique, sociale et environnementale des futures ruines.
A Testa Vintilegna est un site si remarquable et même temps si convoité, qu’il doit faire l’objet d’une réflexion globale sur un aménagement qui respecte vraiment le site, et pas seulement d’un point de vue strictement architectural. Mais c’est une réflexion qui doit concerner l’ensemble de l’aménagement de notre pays, tant il est vrai que le modèle choisi engagera la Corse pour le long terme…L’objectif premier de toute politique d’aménagement de la Corse doit obéir à deux principes : combler le retard historique d’une société qui s’est arrêtée de grandir voilà deux siècles ; permettre à environ 300000 personnes (c’est plus ou moins le chiffre de 1900) qui se reconnaîtront comme Corses de profiter d’un potentiel unique au regard des exigences de l’économie postindustrielle et d’élever considérablement leur niveau de vie. Car les Corses ne sont ni voués à la pauvreté ni condamnés d’avance aux minima sociaux !
Il n’en reste pas moins que les âneries du genre « activité golfique » ne laissent rien augurer de bon ; elles révèlent au contraire que la nouvelle majorité est , sur ce point capital, aussi dépourvue d’imagination que la majorité sortante.Obsédée par sa réélection, la classe politique dominante ,au sud comme au nord, est soumise aux intérêts à courte vue de ses appuis les plus actifs rompus à une économie de prédation.Les avis très favorables au projet Testa Vintilegna rendus aussi bien par le préfet que par le long rapport de la commission des sites-contre le veto de la Chambre d’Agriculture de Corse du Sud- montre bien, qu’en l’occurrence, les fonctionnaires de l’État jouent bien moins le jeu de Paris qu’ils ne cèdent à la pression des potentats locaux.
C’est donc à ceux-là qu’il nous faut faire savoir ce que savent depuis longtemps Suisses, Italiens ou Espagnols :on ne peut fonder la prospérité d’un peuple sur des « lits froids », sur des résidences vides qui grèvent les finances de la collectivité, sur des emplois précaires dévalorisant, sur une illusion de développement factice aux séquelles naturelles et sociales irréversibles : le Peuple Corse n’échangera pas son patrimoine contre de la monnaie de singe !
L’édito de Corsicainfurmazione.org par INDIPINDENZA
Revue de Presse :
Corsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]
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