François Alfonsi : « Le gouvernement est dans le brouillard face à la #Corse »

UnitaInfurmazione 10 December 2012 Comments Off on François Alfonsi : « Le gouvernement est dans le brouillard face à la #Corse »

Manuels Valls a déclaré ce week-end « Quand j’entends François Alfonsi, député européen, expliquer que le banditisme d’un côté et la politique cela n’a rien à voir. Et qu’il ne dit pas un mot de condamnation sur ce qui s’est passé cette nuit, cela veut bien dire qu’il y a trop d’ambiguïté. » Alors que Valls s’en prend à l’Eurodéputé, celui ci accorde une interview à Corse Matin, après avoir écrit un billet sur son propre blog sur les dysfonctionnements du gouvernements actuel :

À la suite des visites ministérielles dans l’île, le député européen écologiste, membre du PNC a réagiaux annonces faites. Auxquelles il manque selon lui l’essentiel : une évolution institutionnelle

Entre Strasbourg, Osani, et Ajaccio, l’agenda du député européen François Alfonsi a peu de cases vides. Membre du PNC, il a suivi très attentivement les visites successives de Manuel Valls et de Christiane Taubira dans l’île. Un mot les définit selon lui : le « brouillard ».Si le contexte actuel de violence, la « folie meurtrière » font ressortir les « vieux réflexes conservateurs » sur le thème de la sécurité, la Corse ne peut plus se permettre de prendre du retard au plan des institutions. Explications.

Comment analysez-vous le message du gouvernement après les visites des ministres de l’Intérieur et de la Garde des Sceaux ?

Le gouvernement est dans le brouillard. Déjà Lionel Jospin, l’instigateur du processus de Matignon avait perdu en 2002 l’élection présidentielle à cause de la candidature de Chevènement sur la question corse. J’ai trouvé que la vision de l’île de Manuel Valls et Christiane Taubira était assez datée. Un exemple. À l’époque des accords de Matignon, une seule tendance nationaliste avait participé. Aujourd’hui, le courant majoritaire est le nôtre. L’évolution institutionnelle est une demande démocratique forte de la société corse.

Vous décrivez une situation fermée, mais certains élus de votre famille politique comme Jean-Christophe Angelini, ont noté que « la porte était ouverte »

Si elle l’est, je n’ai pas entendu le loquet… J’espère qu’on pourra l’ouvrir quand même. On sent bien que le cœur n’y est pas. Il est urgent dès à présent de mettre en place le Padduc, la co-officialité de la langue, le statut de résident corse et l’autonomie fiscale. Pour cela, il faut un changement de la constitution française. Paul Giacobbi en est convaincu et il soumettra une demande.

Le non-règlement de la violence fragilise la décentralisation, puisqu’un renforcement de l’État est demandé. Le changement institutionnel n’est-il pas secondaire face à la question de la sécurité ?

La sécurité est avant tout un problème régalien. En revanche, on demande à la CTC de construire un projet d’avenir pour que la jeunesse ait un avenir et que l’on sorte de ce climat délétère. Ce dernier favorise aujourd’hui les comportements conservateurs et non évolutionnistes qui ne définissent la société corse qu’en fonction de la société française.

Est-ce encore l’assemblée de Corse qui donne le rythme ?

Oui, et elle le fait à partir du programme programmatique qu’est le Padduc. Mais la situation est aujourd’hui bloquée. Il faut un déblocage politique. Si on veut construire un avenir où chacun a une juste place, il ne faut pas oublier que les nationalistes ont 36 % des voix. C’est l’expression d’une attente.En Catalogne, on a vu ce que ce raidissement de Madrid a pu donner récemment.

N’est-ce pas aussi un problème structurel ? L’Alsace s’est récemment prononcée en faveur d’une collectivité unique, comme le demandait le référendum de 2003 auxquels les Corses ont répondu non ?

Ce référendum était une escroquerie politique. Il faut rappeler que le jour de l’élection était au lendemain de l’arrestation d’Yvan Colonna. Le non est passé avec l’appoint des voies de nationalistes déçus ayant voté avec Emile Zuccarelli et Nicolas Alfonsi… Aujourd’hui, il est vrai que l’architecture est obsolète et qu’il faut la repenser. L’Alsace, avec ses deux départements, ses 5 millions d’habitants, son droit local et sa langue est à suivre de près…

Le futur Padduc aurait-il le pouvoir de réduire la pression des promoteurs voulant construire sur le littoral sur les élus ? Comme en Plaine orientale, l’immobilier peut être au centre des conflits.

Quand on voit le cas de la résidence de Jacques Séguéla à Bonifacio, on voit que la pression venait de l’État. Encore une fois, le Padduc est nécessaire. Quand au cas de la plaine orientale, on est dans un climat délétère. Le problème est que l’État doit faire là ce qu’il a à faire : son autocritique mais il ne faut pas qu’elle se limite à l’ère Bonnet. Les comportements de terrain sont insuffisants. On voit que le bilan de la Jirs est insuffisant, puisque les enquêtes n’avancent pas. Idem pour la lutte contre les stupéfiants, qui est inexistante. Dans le jeu trouble de l’État, il y a aussi l’affaire Bastelica-Fesch ou Francia…

Le premier ministre a évoqué une mafia. Y a-t-il selon vous des collusions politiques et lesquelles ?

On n’est pas dans l’idée d’une délinquance structurée au plan international. Les affaires de banditisme sont liées à des problèmes locaux et le mot mafia est abusif. Aujourd’hui, une machine infernale a déclenché une folie meurtrière qui déborde sur la société, comme les assassinats d’Antoine Sollacaro et Jacques Nacer, happés par cette spirale.

Vue du parlement européen, la Corse, avec son taux d’homicide de 7 pour 100 000 habitants, était plus proche de la Lituanie (8,3) ou de la France métropolitaine ?

Après l’onde de choc causée par la mort d’Antoine Sollacaro, Allemands, Belges Italiens et Espagnols ont entendu le message. La Corse n’est pas perçue comme une région comme les autres, mais d’une île avec son identité.

Un espoir pour l’île ?

Mon espoir est celui d’un projet majoritaire voulu par le peuple corse qui s’appuie sur le dialogue. Le problème corse est compris dans la problématique globale européenne. Face à la crise économique, il faut un pouvoir local d’adaptation. Aujourd’hui, pour changer la taxe maritime sur le transport des camping-cars, il faut un vote de l’Assemblée nationale. C’est aberrant !

Suite et source de l’article sur Corse Matin

Corsica Infurmazione, L’information Corse
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