“Je suis révolutionnaire de profession”: Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos, s’est ainsi présenté lundi devant la cour d’assises spéciale de Paris, qui le juge pour quatre attentats qui, il y a près de 30 ans, ont fait en France 11 morts et quelque 150 blessés.
Ventripotent, le front dégarni et la barbe blanche, l’homme qui s’impute “1.500 à 2.000 morts” avait plus l’air dans son box d’un retraité tranquille que d’un dangereux révolutionnaire.
Tantôt accoudé à la vitre du box, tantôt en discussion avec son escorte, tantôt assis en toute décontraction, le Vénézuélien de 62 ans donnait l’impression d’être à la cour d’assises comme d’autres sont au spectacle.
Reconnaissant des soutiens au fond de la salle il les saluait discrètement, brandissant le poing de la Révolution. Un indéfectible sourire aux lèvres, il semblait être le maître des lieux.
Dès les premières minutes, ses deux conseils ont dénoncé “un procès inéquitable”. Jugeant qu’ils ne pouvaient “se mettre en faillite” en défendant gratuitement Carlos, abandonné par le Venezuela, Mes Isabelle Coutant-Peyre et Francis Vuillemin ont déclaré qu’ils se retiraient du procès.
Bien décidé à mener jusqu’au bout cette audience à risque, le président Olivier Leurent a immédiatement commis d’office les deux avocats, les contraignant ainsi à rester.
Me Coutant-Peyre – devenue il y a dix ans l’épouse de Carlos selon l’islam, une union sans valeur légale – a également contesté le jugement de son client par une cour d’assises composée uniquement de magistrats et non de jurés populaires. A ses yeux, un tel traitement est “discriminatoire”.
Ilich Ramirez Sanchez, qui a revendiqué dans un entretien publié dimanche dans un quotidien vénézuélien plus d’une centaine d’attaques qui auraient fait entre “1.500 et 2.000 morts”, conteste les quatre attentats qui lui sont imputés par la justice française.
Interpellé au Soudan en août 1994, il n’a pas quitté depuis les prisons françaises. Reconnu coupable en 1997 à l’issue d’un premier procès du meurtre en 1975 à Paris de trois hommes, dont deux policiers, il a déjà été condamné à la prison à vie.
Le militant marxiste et défenseur de la cause palestinienne est accusé d’avoir orchestré quatre attentats. Cette campagne aurait eu pour but d’obtenir la libération de sa compagne allemande Magdalena Kopp et du Suisse Bruno Bréguet, deux membres de son groupe arrêtés à Paris en février 1982 avec armes et explosifs.
Quelques jours plus tard, un courrier au ministre de l?Intérieur réclamait leur libération “dans un délai de trente jours”, ultimatum assorti de “menaces de guerre” contre la France. Les empreintes digitales de Carlos étaient identifiées sur le document, que récuse aujourd’hui la défense car il a disparu du dossier.
Un mois après cette lettre, le 29 mars 1982, une bombe explosait dans un train Paris-Toulouse faisant 5 morts et 28 blessés.
Le jour où débutait le procès de Kopp et Bréguet, le 22 avril, l’explosion d’une voiture piégée devant le siège du magazine Al Watan Al Arabi, rue Marbeuf à Paris, tuait une passante et faisait 66 blessés.
Les deux autres attentats commis le 31 décembre 1983 à la gare Saint-Charles de Marseille (2 morts et 33 blessés) et contre un TGV Marseille-Paris à Tain-L’Hermitage (3 morts et 12 blessés) sont intervenus alors que les deux “camarades” purgeaient leur condamnation à quatre et cinq ans de prison.
Trois autres membres du groupe Carlos sont également jugés pour certains des attentats, mais par défaut: Johannes Weinrich, l’ancien bras droit de Carlos, est détenu en Allemagne, Christa Frohlich, un temps détenue en France, est en fuite en Allemagne, tandis que le Palestinien Ali Kamal Al Issawi est toujours recherché.
Verdict le 16 décembre.
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