Depuis le début du conflit, les manifestants de Mayotte ont reçu de nombreux appuis et marques de solidarité de toutes parts. Certains soutiens pourraient pourtant s’avérer encombrants.
Les meneurs de la crise sociale mahoraise contre la vie chère ne cachent pas s’être inspirés du mouvement guadeloupéen de 2009. Dans plusieurs communiqués, le LKP, à l’origine de la crise guadeloupéenne apporte son soutien au mouvement de revendication contre la vie chère qui paralysie Mayotte depuis plus de trois semaines. Cette crise, à laquelle Mayotte n’avait pas participé, s’était déclenchée quelques semaines avant la consultation sur la départementalisation.
Le 22 février 2009, le site d’actualité Rue89 s’interrogeait sur cette crise de la Guadeloupe : « la crise est-elle raciale ou indépendantiste ? » tout en constatant qu’elle « s’articule autour de slogans comme « La Gwadloup sé tan nou, la Gwadloup a pa ta yo » (« La Guadeloupe, c’est à nous, la Guadeloupe, c’est pas à vous ») » qui sont à rapprocher d’une phrase que l’on entend de plus en plus fréquemment à Mayotte : « Mayotte aime-la ou quitte-la! », plagiat du célèbre « la France, on l’aime ou on la quitte » de Nicolas Sarkozy, qui avait fait polémique dans l’hexagone.
En 2009, quand on interrogeait le leader du mouvement LKP, Elie Domota, sur ce sujet du statut de la Guadeloupe, il répondait qu’«aucun représentant du LKP n’a parlé d’indépendance, les opposants au mouvement ont déterré ce vieux dossier pour nous destabiliser. C’est un faux débat pour usurper la cause réelle du mécontentement. Pour noyer le poisson, on répond par quelque chose que le LKP n’a jamais réclamé.» Il savait qu’exhumer le débat sur l’indépendance fragiliserait la cohésion d’un mouvement qui avait réussi à fédérer plus de quarante mouvements de tous horizons.
Pourtant le président du CRAN (conseil représentatif des associations noires), Patrick Lozès, qui était en Guadeloupe en novembre 2008, doute d’une lecture strictement sociétale, qui lui semble trop politiquement correcte : « la revendication indépendantiste, on l’entend, même si elle s’exprime à bas bruit au sein du LKP qui sait qu’il doit la taire sans quoi ce collectif exploserait sous l’effet du désaccord. Mais, quand on est là-bas, il ne faut pas pousser beaucoup certains de ses leaders pour qu’ils réclament au moins l’autonomie. »
A contrario, la députée de Guyane Christiane Taubira (parti radical de gauche), interviewée dans le cadre de l’émission Parlons Net du vendredi 20 février 2009, estimait qu’il y avait «une certaine mauvaise foi » à faire passer le LKP pour un mouvement indépendantiste, même s’il compte d’anciens leaders indépendantistes « qui n’ont jamais renié leur idéal ».
Or l’UGTG, syndicat dont Domota a pris la tête en 2008, appelle depuis sa création en 1973 à «l’auto-détermination ». Rue89 cite en exemple une déclaration de 2000 : « Le peuple Guadeloupéen a droit à l’auto-détermination. Le droit de la Nation Guadeloupéenne à la pleine souveraineté et à l’indépendance nationale est inaliénable. »
Comme on le voit, la position réelle du LKP sur ce sujet de l’indépendance reste floue et s’il était question, il y a quelques jours de la venue d’Elie Domota à Mayotte, cette visite n’est plus d’actualité. D’autant que le préfet s’était engouffré dans la brèche en évoquant à la radio la venue d’Elie Domota, cet « indépendantiste » : « est-cela que l’on veut pour Mayotte? »
Un autre soutien est venu de nos presques voisins réunionnais. LeMouvman Antikoloniyalis Réniyoné (MAR), groupement clairement indépendantiste, celui-là, soutient le mouvement mahorais et estime que « la population Comorienne de Mayotte » « manifeste légitimement depuis deux semaines » en affrontant « courageusement les forces de répression française ».
Corsica Libera va encore plus loin dans la méconnaisance de la situation à Mayotte. Pour le mouvement indépendantiste corse, Mayotte « est en fait un territoire occupé, au mépris même du droit international, des résolutions de l’Organisation des Nations Unies et de l’Union Africaine ».
Il est vrai que Mayotte est un cas quasiment unique d’une ancienne colonie qui a choisi de rester sous administration de la puissance colonisatrice.
(Source : Malango Actualité)
Faites passer l’information autours de vous en cliquant sur :
Comments are closed.