La langue. Celle que l’on parle, de moins en moins. Celle que l’on chante, assez souvent. Celle que l’on écrit, assez rarement. Celle que l’on pense, de moins en moins. Cette langue à laquelle les élus territoriaux accorderaient, peut-être, aujourd’hui, un statut de co-officialité. Cette langue dont la reconnaissance maintes fois clamée par ses militants trouve en écho les crispations de l’Etat. Cette langue corse, où en est-elle ? Son enseignement, dans le cadre, parfois, d’écoles bilingues, n’est pas porteur des effets escomptés. Et sans doute l’effort pédagogique déployé réclame-t-il ajustements ou réformes. Il n’empêche. Le « combat » pour la langue, de plus en plus, apparaît désespéré. Il ne fait nul doute que son extinction constituerait un appauvrissement. Et, au-delà, une désolation. C’est dans ce contexte que nous avons réuni Marco Biancarelli, professeur de corse et écrivain, et Jean-Marie Arrighi, linguiste. Afin qu’ils apportent leur lumière. Et, pourquoi pas, quelques raisons d’espérer, de croire en la possibilité d’une langue vivante et pérenne.
Dans les années 50 et 60, alors qu’on redoutait, naïvement, que la pratique du corse se fit au détriment de la maîtrise du français, ce qui aurait constitué un frein terrible à l’ascension sociale, le corse restait malgré tout la langue du coeur. Quand, comment et pourquoi tout a basculé ? Si vite ?
Jean-Marie Arrighi :
L’idée dominante, véhiculée alors par les pouvoirs publics et l’opinion qui se croyait éclairée, était que pour maîtriser la langue nécessaire à la promotion sociale, le français, il fallait d’abord oublier les autres, langues régionales ou langues d’immigration. Cette vision était bien pessimiste par rapport aux possibilités presque infinies de l’esprit humain, qui n’est pas une petite boîte où on ne pourrait introduire de nouvelles connaissances qu’en chassant les autres. Elle était d’ailleurs aussi stupide par rapport à la qualité même du français, que l’on mélangeait sans s’en rendre compte avec les langues occultées, qui réapparaissaient qu’on le veuille ou non.
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