Après une saison touristique mitigée et des problèmes structurants toujours en suspens, les élus du groupe Femu a Corsica à l’assemblée de Corse passent à l’attaque et préparent une rentrée politique qui s’annonce chargée. Au programme : pas d’effets d’annonce ni même de nouvelles stratégies mais la volonté affirmée d’asseoir leur légitimité sur la scène politique insulaire. Pour Jean-Christophe Angelini et Gilles Simeoni, qui se partagent le leadership au sein des nationalistes modérés, l’objectif est de tenir leurs engagements et rendre des comptes aux électeurs. Une ligne politique qu’ils suivront à la lettre dès le 3 septembre à Corte.
Après quinze mois à l’assemblée de Corse, quel bilan d’étape dressez-vous ?
Jean-Christophe Angelini: Notre groupe a été particulièrement actif et très offensif. Le nombre de questions orales posées et de motions fait de nous, je crois, le premier groupe dans l’hémicycle.
Gilles Simeoni : Comme nous nous y étions engagés durant la campagne en 2010, nous essayons d’être le plus en phase avec les acteurs de terrain. Nous essayons autant que possible d’anticiper les dossiers, même si l’ordre du jour des sessions est souvent communiqué de façon tardive.
Et sur le terrain…
J-C.A: Nous ne souhaitons pas être cantonnés aux élus et à l’hémicycle. L’interaction est permanente avec ceux qui veulent collaborer à nos côtés sur l’ensemble des sujets.
Quels sont les dossiers qui font l’actualité ?
J-C.A : Il y a notamment le transport et le tourisme. Et nous éprouvons malheureusement des inquiétudes car notre offre de transport n’est pas connectée à notre offre touristique.
G.S : Ou à celle que nous voudrions. Le raisonnement de base aurait été de réfléchir à un modèle de développement économique, et sur ce modèle, dire quelle place réserver au tourisme qui reste une locomotive. Or, c’est le chemin inverse que l’on a pris.
J-C.A : Ce qui révèle l’inquiétante continuité entre l’ancienne mandature et l’actuelle.
Une assemblée qui chavire à gauche. 15 sièges nationalistes, ça ressemble à du changement…
G.S : Chaque fois qu’il y a des choix importants à faire, la majorité botte en touche. La réalité c’est qu’elle multiplie les déficits partout et qu’il y a toujours une politique claniste. Nous sommes confrontés à un système qui va droit dans le mur.
J-C.A: Le problème c’est qu’on fait mine d’appliquer une politique qui n’a jamais été définie.
« Être en 2014 un élément décisif »
Quels sont les autres grands thèmes auxquels vous vous attelez ?
G.S : Nous avons avancé sur trois dossiers stratégiques : le foncier, la langue et le transfert des compétences fiscales. Nous avons accepté des démarches graduées, mais non qu’elles soient diluées à l’infini. Car là où il y a une volonté politique, il y a toujours une réponse juridique. En plus du transport et du tourisme, il est également indissociable de réfléchir à la revalorisation du travail.
J-C.A: Mais nous sommes rattrapés par la réalité. Nous ne pouvons pas imposer un type de développement dans une île comme la nôtre, anémiée, qui importe 80 à 90 % de ce qu’elle consomme. Ce qu’on cherche, c’est d’être en 2014, un élément décisif à l’alternatif. Notre ambition est de faire en sorte que les nationalistes, qui toutes tendances confondues représentent près de 40 % de l’électorat, prennent une part décisive.
Un chiffre qui a d’ailleurs motivé les nationalistes indépendantistes à vous tendre la main…
J-C.A : Depuis des années maintenant, nous cultivons de bons rapports. Mais nous avons deux approches stratégiques bien distinctes qui ne doivent pas empêcher le dialogue ou d’autres types de solutions. Et puis, nous ne sommes qu’en 2011.
G.S : Nous voulons créer une plate-forme la plus large possible et donc, de façon naturelle, les autres nationalistes ont vocation à faire partie de cette démarche.
« Ne pas bâtir un bloc nationaliste »
Il n’y aura donc pas d’alliance nationaliste…
G.S : Notre vision de la société corse, ce n’est pas de bâtir un bloc nationaliste afin de gouverner seul. Et parmi les forces qu’il faudrait mobiliser, il y a la diaspora.
Plus de 850 000 Corses vivent à l’extérieur de l’île. Nous sommes le seul pays qui ne mobilise pas ses forces alors qu’elles représentent un gisement irremplaçable en terme d’expérience professionnelle, d’épargne, de réseaux de connaissances…
Et c’est justement le choix du rassemblement qui a été choisi pour votre rentrée ?
J-C.A : Aucune démarche politique ne peut se réduire à une présence institutionnelle. Le 3 septembre, nous allons donc organiser à l’université de Corse, un grand rendez-vous. Un événement car pour la première fois, les trois tendances de notre démarche vont faire leur rentrée ensemble.
G.S : Il s’agira d’une rencontre ponctuée de trois temps forts. Le premier concernera le bilan de nos activités puis nos perspectives politiques avec notamment une réaffirmation de la belle idée du peuple corse. Il sera également question du devenir de Femu a Corsica et pour conclure, une partie festive. C’est une façon de tenir nos engagements même si au départ, nous n’avions rien à promettre, si ce n’est notre foi militante.
Le ticket Angelini-Simeoni était osé. Comment fonctionne-t-il ?
J-C.A : C’était peut-être un pari. Mais lorsqu’on a fait Femu a Corsica, c’était pour sortir d’une logique personnalisée forte, pour que tous les acteurs puissent s’en emparer. Nous allons rester unis. Et oui, ça continuera ainsi.
G.S : Nous incarnons une démarche qui a vocation à faire émerger de nouveaux dirigeants autour d’un espace généreux.
Les présidentielles approchent, qu’attendez-vous de cette élection ?
J-C.A : Tous les dix ans, on voit se reposer la question du devenir de la Corse. Le statut « Joxe », puis les accords Matignon…
G.S : Et depuis, plus rien…
J-C.A: Il y a un certain nombre de marqueurs inquiétants dans la relation entre la Corse et l’État mais on est aujourd’hui en attente d’un processus de règlement. Nous pensons que la seule solution est dans la capacité des uns et des autres, de penser l’avenir de l’île. Et non dans un rapport de force. Mais il y a peu de chances que cela se produise d’ici les prochaines élections.
2012, c’est également l’année
des législatives…
J-C.A : Femu a Corsica sera présent dans les quatre circonscriptions. Un moment fort pour développer notre démarche avec, on l’espère, des succès politiques.
Julie Quilici
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