À l’occasion du trentième anniversaire des Ghjurnate internaziunale qui se sont tenues à Corte, l’heure était bien sûr au bilan.
Mais pas seulement. Il a également été question d’avenir pour les indépendantistes de Corsica Libera qui ambitionnent d’accéder au pouvoir sur l’île en 2014.
Un défi qu’ils estiment aujourd’hui accessible, pour peu que les nationalistes dits « modérés » saisissent la main tendue… Une nouvelle alliance est-elle en passe d’être scellée ?
Conseiller territorial et leader de Femu a Corsica, Gilles Simeoni répond.
Les indépendantistes ont célébré à Corte les 30 ans des Ghjurnate. Que pensez-vous de cet anniversaire auquel vous n’avez pas participé personnellement ?
Femu a Corsica a été invité officiellement à ces Ghjurnate quelques jours seulement avant qu’elles ne se déroulent. La présence de notre mouvement nous est apparue comme nécessaire.
D’abord parce que nous sommes attachés au dialogue avec toutes les forces politiques, donc a fortiori avec les autres formations nationalistes. Ensuite, parce que la Corse est à un moment charnière. Les résultats des dernières élections territoriales, 10 % pour Corsica Libera et 26% pour Femu a Corsica, nous donnent donc aux uns et aux autres des responsabilités immenses.
Il faut certes travailler à la convergence des nationalistes.
Mais aussi ne pas oublier que le peuple et la nation corse, ce ne sont pas seulement les nationalistes.
Il n’y a donc pas d’autre interprétation à votre absence?
Femu a Corsica réunit trois mouvements. Notre démarche était représentée par une délégation conséquente, avec une forte légitimité politique et historique. C’est clairement de notre part la volonté d’affirmer notre disponibilité au dialogue, dès lors qu’il s’inscrit dans la durée. Notre présence aux Ghjurnate est aussi un message à l’État. Quelles que soient les différences, voire les divergences, entre nationalistes, on ne pourra plus jouer une partie du nationalisme contre l’autre.
Les thèmes qui ont nourri l’échange…
Nous avons proposé à Corsica Libera des principes de travail à faire valider par les organisations : analyse des erreurs du passé, principe de dialogue permanent, amélioration des rapports entre militants et organisations, approfondissement des discussions sur les moyens de lutte et les échéances politiques à venir.
La stratégie des indépendantistes est claire : « tendre la main » aux nationalistes modérés que vous représentez…
Corsica Libera vient de formaliser publiquement ce qui semble être son orientation stratégique nouvelle : accéder aux responsabilités en 2014, dans le cadre d’un partenariat avec Femu a Corsica, et également avec des forces de progrès non nationalistes. Cette évolution nous semble extrêmement positive. Puisque la volonté de construire une telle plate-forme autour de points fondamentaux est au coeur de la stratégie de Femu a Corsica. Nous l’avions par exemple proposé, sans succès, entre les deux tours des territoriales. L’objectif est de réussir en 2014 ce qui n’a pas été possible en 2010.
Estimez-vous que la « cohésion d’ensemble » est la tactique à privilégier pour accéder aux responsabilités ?
Ce n’est pas une tactique, mais une stratégie. Femu a Corsica s’inscrit dans le fil historique de la lutte de ce peuple pour son droit à l’existence, des évolutions institutionnelles majeures et une solution politique globale, incluant le règlement de la question des prisonniers politiques. La cohésion d’ensemble est donc à rechercher, pas seulement entre nationalistes, mais avec l’ensemble des forces vives de ce pays.
Les grandes divergences entre les deux mouvements, notamment la lutte armée, restent-elles d’actualité ?
Femu a Corsica a fait le choix exclusif de l’action publique et démocratique.
C’est le modèle qu’il faut promouvoir et valoriser, a fortiori auprès de notre jeunesse, confrontée en permanence au culte des armes, à l’argent facile, à la drogue, à la folie meurtrière. Ceci étant, notre détermination à lutter contre les injustices et les abus qui caractérisent certains agissements de l’État ou du système claniste est totale. Quant au débat sur la disparition totale et définitive de la violence politique, y compris clandestine, il est indissociable de l’évolution politique globale de ce pays.
Propos Recueillis Par Julie Quilici
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