« Comme tous les droits de l’homme, le droit à la santé impose des obligations aux Etats Parties, dont la principale est: Respecter, c’est-à-dire ne pas entraver l’exercice du droit à la santé…» (Extrait du site officiel de l’Organisation Mondiale de la Santé).
Force est de constater que l’action en Plaine Orientale (de Moriani à Sulinzara) du plus haut représentant régional de l’Etat dans le domaine de la santé, c’est-à-dire le Directeur de l’Agence Régionale de la Santé (ARS), va totalement à l’encontre de ces grands principes dont la France est pourtant partie prenante.
Les professionnels de santé (notamment les médecins) de ce vaste territoire, dont la population est en constante augmentation, sont pour beaucoup proches de la retraite. Le territoire risque donc de devenir un véritable désert médical dans les années à venir !
Dès lors, la problématique est de savoir de quels atouts durables dispose le territoire pour attirer de nouveaux médecins ? Actuellement, pour le traitement de l’urgence, la réponse se résume à un SMUR (Service Mobile d’URgence) et seulement à titre provisoire !
La proposition de l’ARS d’une Maison de Santé Pluri-professionnelle (MSP) (comportant au minimum deux médecins généralistes, des infirmiers et d’autres professionnels de santé) qui serait chargée d’accueillir les urgences, tout en étant renforcée par un SMUR pendant les trois mois d’été est inacceptable ! Cette proposition est non seulement refusée par les professionnels de santé du territoire, mais de plus, elle montre bien le peu d’intérêt de l’ARS vis-à-vis de la population à l’année du territoire puisque que le SMUR ne serait mis en place que lors de l’arrivée des touristes.
Les zones rurales méritent aussi de bénéficier d’une couverture sanitaire digne de ce nom, d’autant plus que la population de ce territoire est en augmentation constante ! Il faut bien comprendre qu’un accueil des urgences ne remplace pas un SMUR qui prend en charge les urgences graves sur place (infarctus, AVC, accidents…).
Par exemple, un infarctus nécessite un traitement médical par thrombolyse sur place, sans déplacer le patient, pour lui assurer de meilleures chances de survie, ce qui est impossible sans SMUR. Il faut également savoir que le SMUR de Ghisunaccia qui couvre le secteur de la Plaine Orientale fait un nombre d’interventions supérieur à celui de Purtivecchju, ce qui justifie son maintien définitif.
Corsica Libera demande donc à l’ARS de Corse de pérenniser définitivement le SMUR de Ghisunaccia et de donner enfin les moyens financiers nécessaires pour son bon fonctionnement au sein du SAMU de Haute-Corse.
Le manque d’attractivité de la Plaine Orientale résulte aussi d’un déficit criant d’équipement sanitaire pour le traitement de l’urgence comme un scanner ou une salle de déchoquage. Un scanner améliore la prise en charge des victimes, évite les transferts abusifs et coûteux et valorise le travail de la médecine d’urgence.
En effet, ce moyen permettrait de disposer en Plaine Orientale d’une plateforme de diagnostics pour les AVC et les traumatismes crâniens mais aussi, même si ce n’est pas de l’urgence, d’avoir un outil de lutte active contre le cancer en optimisant le dépistage et le suivi des affections cancéreuses sur le territoire.
Par exemple, lors d’un AVC hémorragique, un scanner sur le territoire rend possible un radiodiagnostic précoce qui permettra d’orienter rapidement la victime vers un centre de traitement adapté, augmentant ainsi les chances de survie tout en diminuant les séquelles possibles avec un diagnostic tardif. Il faut savoir qu’une demande d’installation d’un scanner sur la commune de Prunelli di Fium’Orbu a été transmise au Directeur de l’ARS, qui a refusé d’instruire le dossier, ce qui est totalement illégal !
Les arguments avancés pour justifier ce refus sont infondés. En réalité, ce refus est motivé par la pression exercée par des intérêts privés d’autres régions de Corse. D’autant plus que ce projet d’implantation de scanner ne nécessite aucun investissement de la part de l’Etat car le financement est entièrement pris en charge par le porteur du projet !
L’organisation de la couverture sanitaire est organisé par un Schéma Régional d’Organisation des Soins (SROS). Le SROS de Corse actuel couvre la période 2006-2011. Depuis 2006, il existe un projet de Centre de Rééducation Fonctionnel (CRF) sur la commune de Prunelli di Fium’Orbu qui permettrait la création de 55 emplois sans compter les emplois induits.
Ce centre disposerait de 10 lits de rééducation des personnes âgées, de 10 lits de rééducation des AVC et de 30 lits de rééducation orthopédique et traumatologique ainsi que de 10 places pour des soins ambulatoires (soins en journée ne nécessitant pas de maintien au CRF la nuit). Ce projet a reccueilli l’aval de toutes les composantes professionnelles de la santé, mais celles-ci sont consultées sans pouvoir décisionnel et les représentants de l’Etat refusent d’accorder l’autorisation de ce CRF en Plaine Orientale sous de faux prétextes.
L’Etat est donc en procès avec la société porteuse du projet depuis 2006. Le Tribunal Administratif de Bastia et la Cour d’Appel de Marseille (21 juin 2011) ont donné raison à la société mais l’ARS refuse toujours d’accorder l’autorisation d’installation. Encore une fois, l’Etat n’applique pas les décisions de justice alors qu’il en va de l’intérêt collectif et que c’est une question de santé publique !
Le financement du CRF comporte une part de fonds publics qui proviennent de la CTC, mais ne nécessite aucun financement de l’Etat. Le refus de l’ARS s’explique par le projet d’un CRF sur Bastia présenté par une multinationale, qui a pourtant été refusé par la grande majorité des représentants des professionnels de santé en raison de son manque de viabilité. De plus, la société est disposée à financer intégralement une salle de déchoquage et à accueillir gratuitement dans ses locaux le SMUR de la Plaine Orientale !
Une salle de déchoquage permettrait de disposer 24h/24 d’un outil pour les patients en situation de détresse vitale, mais aussi de conditionner une victime quelques heures au cas où aucun moyen d’évacuation ne serait disponible immédiatement.
La mise en place de ces équipements sanitaires en Plaine Orientale (un pôle d’imagerie médicale complet ainsi qu’un CRF auquel seraient adossés le SMUR et une salle de déchoquage) permettrait une amélioration conséquente de la prise en charge du patient et aurait un impact direct sur l’organisation de la Permanence Des Soins (PDS), ce qui ne peut qu’être attractif et fédérateur pour les professionnels de santé, sans aucun financement supplémentaire de la part de l’Etat !
Corsica Libera demande donc à l’ARS de Corse de lever les blocages quant à l’installation d’un scanner et du Centre de Rééducation Fonctionnelle, auquel seraient adossés le SMUR et une salle de déchoquage, car ces équipements sanitaires sont plus que nécessaires et vitaux pour la population de la Plaine Orientale, qui a aussi le droit d’avoir une couverture sanitaire et une offre de soins dignes du XXIème siècle.
Corsica Libera interpelle publiquement le Ministre de la Santé, afin qu’il intervienne directement sur la pérennisation du SMUR et la levée des blocages actuels.
Corsica Libera réaffirme également son soutien sans faille aux revendications syndicales portées lors du dernier conflit, notamment le passage du coefficient géographique à 15%.
Corsica Libera organisera une réunion publique début septembre, où nous invitons la population, tous les professionnels de santé, les groupes politiques de l’Assemblée de Corse et tous les élus du territoire pour débattre de la couverture sanitaire de la Plaine Orientale qui est une question d’intérêt général, qui doit être portée et défendue par le plus grand nombre !
D’ici à la réunion publique de septembre, Corsica Libera se tient à disposition de tous les acteurs de ces dossiers pour trouver les meilleures solutions et pouvoir les porter d’une seule voix.
A SALUTE HÈ L’AFFARE DI TUTTI !
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