Yvan Colonna, rejugé par la cour d’assises spéciale de Paris pour l’assassinat du préfet Erignac en 1998, a fait son retour en Corse lundi pour la première fois depuis 2007, pour une audience à huis clos dans la soirée sur les lieux du crime.
Un transport de justice avait également été organisé lors du premier procès du berger de Cargèse (Corse-du-Sud), il y a quatre ans.
L’avion militaire Transall qui transportait l’accusé, les neuf magistrats professionnels qui composent la cour, les avocats généraux, l’huissier, les greffiers, les avocats de la partie civile et le fils du préfet, Charles-Antoine Erignac, s’est posé à l’aéroport d’Ajaccio vers 18H10.
Deux balisticiens et l’un des six membres du commando condamnés en 2003, Pierre Alessandri, qui assure depuis 2004 être l’assassin du préfet, étaient également à bord.
La cour devait rejoindre le centre-ville vers 19H30, pour cette audience à laquelle participeront également trois des cinq avocats d’Yvan Colonna et un médecin-légiste, déjà sur place.
Tous se retrouveront rue du colonel Colonna d’Ornano, où le préfet avait été assassiné le 6 février 1998 vers 21H00, alors qu’il se rendait à pied à un concert après avoir garé sa voiture.
Treize ans après le crime, il ne s’agit pas d’une véritable reconstitution, puisque les lieux n’ont pas été remis en état à l’identique et que les témoins oculaires ne seront pas là. L’opération se déroulera à l’abri des regards du public et de la presse.
Dès lundi matin, Ajaccio était quadrillée par des centaines de policiers et gendarmes dont 640 CRS et gendarmes mobiles arrivés du continent pour renforcer les effectifs stationnés en permanence en Corse où ils sont déjà, selon la préfecture de région, sensiblement supérieurs en temps habituel aux effectifs en service dans les autres régions françaises.
Depuis dimanche soir, la rue colonel Colonna d’Ornano a été bouclée à la circulation et le stationnement y est interdit, ainsi que dans les rues avoisinantes.
Le périmètre du lieu du crime sera interdit d’accès aux piétons et dissimulé, comme ce fut le cas précédemment en 2007, par des bâches. La police a effectué des visites dans des dizaines de logements du quartier.
“Ce n’est pas un transport de justice, c’est un transport de troupes !”, ironisait dans la matinée un commerçant du cours Napoléon sur le passage continu de fourgons de CRS et de gendarmes.
La défense espère que ce déplacement permettra de mettre à mal la version de l’accusation, selon laquelle les agresseurs du préfet étaient trois ce soir-là: Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, déjà condamnés, et Yvan Colonna.
Colonna, qui conteste tous les faits qui lui sont reprochés, est jugé pour la troisième fois pour l’assassinat du haut-fonctionnaire et l’attaque quelques mois plus tôt d’une gendarmerie à Pietrosella, près d’Ajaccio, où l’arme du crime avait été dérobée.
Le verdict d’appel de 2009, qui avait confirmé sa condamnation à perpétuité en y ajoutant une période de sûreté de 22 ans, a été annulé par la Cour de cassation pour un vice de procédure.
Ce déplacement est organisé alors que le procès entre dans sa sixième semaine. Les débats ont récemment été chamboulés par la découverte d’une lettre de menaces attribuée à Yvan Colonna, que celui-ci aurait envoyé à Pierre Alessandri pour qu’il l’innocente de façon plus convaincante qu’aux deux premiers procès.
En l’absence d’éléments matériels, l’accusation repose principalement sur les mises en cause des complices présumés d’Yvan Colonna lors de leurs arrestations en mai 2009, qu’ils n’ont rétractées que des mois, voire des années plus tard.
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