#Corse – Antoine Sollacaro, portrait d’un brillant pénaliste

UnitaInfurmazione 16 October 2012 Comments Off on #Corse – Antoine Sollacaro, portrait d’un brillant pénaliste

Antoine Sollacaro, exécuté ce mardi matin à Ajaccio, était l’un des plus brillants avocats pénalistes de Corse. Corse-matin avait dressé son portrait en 2011 à la faveur d’un entretien...

Antoine Sollacaro rêvait d’être médecin ou officier de marine. Il aurait campé un bon capitaine à la Melville. Traînant sa carcasse massive sur le pont pendant la tempête. Jurant, pestant, hurlant. Sans cesser de poursuivre son but. La baleine blanche, la défense des justiciables, la raison d’État : même combat, même obsession. Même force. Avocat, c’est nécessairement être engagé.

Depuis  plus de 30 ans, l’ancien bâtonnier incarne la figure même du pénaliste. « Étudiant, j’ai fondé à Nice avec Pierrot Poggioli et quelques autres la CSC, qui était la première fédération d’étudiants corses », rappelle cet ancien élève des pères maristes. Viscéralement nationaliste, le jeune Proprianais choisit le métier d’avocat « par goût ». Il prête serment en 1977.

« Convaincre, c’est séduire »

Les deux mondes vont se chevaucher longtemps. Deux ans plus tard, il plaide déjà “pour l’histoire” : le procès des 21 du FLNC en 1979 devant la cour de sûreté de l’État. Décorum d’avant-guerre et juges bardés de médailles militaires pour peindre un tableau colonialiste à souhait.

Au final, un procès politique et une tribune pour le « Front. » « On veillait à ce que les militants ne soient pas traités comme des voyous », se souvient Antoine Sollacaro .

Sa mémoire le ramène aussi au procès de Sorbo-Ocagnano, où deux légionnaires avaient été abattus. « Je défendais Pieri et Tomasi », rappelle-t-il. Il était aussi le conseil de Manoni dans la tuerie d’Auriol. Sans oublier le pêcheur Antoine Recco, condamné à perpétuité pour le meurtre de deux touristes.

La bibliothèque judiciaire de son cabinet qui surplombe la place du Diamant ferait pâlir tout bon amateur de polar. Combien de tomes? Les chiffres s’emmêlent. « J’ai obtenu soixante-quinze acquittements sur trois ou quatre cents affaires », signale le pitbull du prétoire.

« On a retenu deux ou trois incidents d’audiences », grommelle le ténor qui lors du second procès Colonna avait orientalisé la cour d’assises de Paris en « junte birmane. » Défenseur, c’est du théâtre avant toute chose.

Mais cela n’est pas suffisant : « Une plaidoirie nécessite de suivre des règles de rhétorique comme la prosopopée ou la péroraison, puis il faut naviguer à l’instinct, martèle le défenseur, convaincre, c’est séduire. »

“La garde à vue, ce n’est pas le thé chez la marquise”

Et dans cet art de l’éloquence, Sollacaro , a ses émules qui reprennent ses formules célèbres. En le citant, au besoin. « La garde à vue, ce n’est pas le thé chez la marquise » est un classique du barreau… Le maître du pénal, travailleur boulimique est aussi celui de la langue française, maniant au besoin l’imparfait du subjonctif.

Son talent oratoire ? Il consiste à entremêler la force et l’émotion, l’insulte et l’éloquence, les hurlements et la voix éraillée. L’article 353 du code de procédure pénale sur l’intime conviction est selon lui l’un des plus beaux passages de la littérature.

Mais c’est l’Enfer de Dante qu’il peut déclamer dans le texte à la cour. Pour plonger dans le cœur de ses clients, il se révèle à contre-emploi. Sensible et impitoyable. Un sujet, somme toute, de la Divine comédie de la justice.

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