Antoine Sollacaro, avocat jusqu’au printemps dernier de l’assassin du préfet Erignac, Yvan Colonna, a été tué par balles ce matin à Ajaccio. Il était environ 9 heures et l’ancien bâtonnier de Corse-du-Sud se trouvait arrêté en voiture dans une station-service de la route des îles Sanguinaires, entre son domicile et le centre-ville. Un important dispositif de sécurité a été mis en place par la police sur les lieux du crime.
Antoine Sollacaro, avait été très proche des milieux nationalistes. Défenseurs de très nombreux militants au temps du FLNC uni, il s’était rangé ensuite du côté du Mouvement pour l’autonomie (MPA) et du FLNC, canal habituel d’Alain Orsoni après la déchirure, au début des années 90. En janvier 1999, il s’en était pris au préfet Bonnet, arrivé en Corse quelques mois plus tôt après l’assassinat en 1998 du préfet Erignac, par un commando dont faisait partie Yvan Colonna, qu’il défendra plus tard. Le 13 janvier 1999, lors de la rentrée solennelle du tribunal d’Ajaccio, le bâtonnier avait dénoncé de sa grosse voix les «dragonnades» du préfet. C’était avant que l’on apprenne la navrante équipée en zodiac des gendarmes incendiaires du préfet. Outré des propos de l’avocat, ce dernier avait quitté la salle. Aucun magistrat ne l’avait suivi.
Ensuite, Sollacaro avait donc assuré la défense d’Yvan Colonna, condamné à la prison à perpétuité pour l’assassinat de Claude Erignac. Il avait récolté à cette occasion un avertissement sans peine complémentaire pour avoir «manqué à son devoir de délicatesse envers la cour d’assise». Il avait lancé aux magistrats un tonitruant : «Mais où sommes nous ici ? Devant une cour d’assise ou devant la junte birmane ?» Il s’était ensuite retiré de l’équipe des défenseurs.
Antoine Sollacaro faisait partie des plus brillants avocats corses. Il faisait du droit des affaires, du pénal, avait un cabinet important à Ajaccio. Ces derniers temps, il continuait de défendre Alain Orsoni, ancien dirigeant nationaliste et président du club de football, l’AC Ajaccio, déjà visé par une tentative d’attentat, avant qu’un de ses proches soit visé également récemment. Sallacaro avait milité à ses côtés dans les années 90. Il avait même appartenu au MPA, s’était présenté sur l’une de ses listes en 1992, mais n’avait jamais intégré l’exécutif. Le 6 mai 1999, il revenait sur cet engagement dans une interview à Libération, après l’arrestation du préfet Bonnet. «J’ai juste tenté, disait-il, d’établir des ponts pour éviter les règlements de compte.» Puis il ajoutait : «Cela a été un échec.»
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