Deux militantes écologistes et deux journalistes agressés hier, samedi, après être allés filmer la plage privatisée de Cala di Fica. À leur retour sur le port d’Aiacciu, les exploitants de la plage qui possèdent une entreprise d’excursion en 4X4, bateaux, etc, les attendaient. L’une des militantes a été projetée au sol devant son fils de 10 ans, choqué. L’autre s’est fait tordre le bras. Une plainte a été déposée. Le procureur pourrait-il ne pas poursuivre ?
À qui le tour ? L’agression a été violente et frontale. Hier samedi 28 juillet, deux militantes du Garde, association écologique ajaccienne accompagnent une équipe de journalistes de la chaine Direct 8 sur la plage de Cala di Fica, à quelques miles d’Aiacciu. Ceux-là réalisent un reportage sur l’occupation du littoral. Ils souhaitent se rendre sur cette jolie plage de sable blanc dont chacun sait qu’il n’est plus bon y mettre le pied : la famille Appietto, qui y fait ses affaires, l’a élevée au rang de propriété privée. Ceux qui s’y sont rendus en ont été quittes pour des coups.
Hier, pour limiter tout risque d’esclandre et satisfaire le besoin d’information, l’équipe de presse appareille sur un bateau et se rend sur la plage par la mer. Les cameramen filment, ils impriment en image la preuve que tout accès par la terre a été rendu impossible : le chemin est garrotté…
Sans encombre, le bateau rejoint le port Tino Rossi en fin d’après midi. C’est à cet instant que, au bout du ponton, surviennent messieurs Appietto père et fils. L’histoire prend alors une toute autre tournure. Les deux hommes sont déterminés à en découdre. Ils sont là pour marquer leur territoire, et d’emblée ils le font savoir. À peine l’équipe à terre, les coups pleuvent. Le discours est confus, le verbe est trop haut, on ne retiendra que les menacesde mort et la bousculade tournant à l’affrontement. L’une des deux militantes est projetée à terre, à l’autre on tord le bras. L’appareil photo est jeté dans le port. Du haut de ses dix ans, le garçonnet qui était présent avec sa mère tente de s’interposer. Les individus sont connus et leur identification sera vérifiée par les caméras de surveillance installées sur l’embarcadère. Les deux militantes déposent une main courante. Les deux agresseurs sont interpellés le soir même. L’enfant est conduit à l’hôpital pour traumatisme.
Plainte a été déposée aujourd’hui. Le procureur de la République pourrait-il ne pas poursuivre ?
L’enjeu va bien au-delà des menaces proférées ce samedi. Sur fond de rapport de force et de groupes de pression, c’est la privatisation du littoral corse qui est en jeu.
Car personne n’ignore ce qui se joue à Cala di Fica. L’État lui-même a été bafoué lorsqu’en 2010 le Sécrétaire général pour les affaires corses (Sgac), se promenant sur le sentier menant à la plage « interdite », a été agressé pour sa présence. Sans doute ne savait-on pas qui il était. Il n’empêche. Mais il n’aurait pas porté plainte.
En 2011, c’est une militante de U Levante qui est secouée violemment. Elle accompagnait des journalistes de France Télévision sur le même chemin, lequel n’appartient pas à M. Appietto. Celui-ci profère des menaces (sans censure dans le texte) : “j’emmerde ces connards de Natura 2000 et le Conservatoire du littoral”. Une main courante avait été déposée.
On s’étonne que, dans ce contexte, l’office du tourisme de la mairie d’Aiacciuait, en avril dernier, fait de la pub pour le business de la famille Appietto : pour 25 euros vous pouviez acquérir le droit de pique-niquer sur le site de Cala di Fica.
Hier dans la nuit, alors que tout le monde était encore au commissariat, la famille des prévenus est venue menacer les militants de la cause citoyenne.
Et toujours cette question : le procureur de la République pourrait-il ne pas poursuivre ?
Il y a alors toute la litanie des pourquoi ? Quatre préfets successifs ont été avertis de la privatisation de cette plage, des pétitions ont circulé. Pourquoi l’État accepte-t-il qu’un quidam bénéfice d’appuis et s’octroie le droit d’empêcher l’établissement de la servitude du sentier sur ce tronçon littoral ?
Pourquoi l’État accepte-t-il que la plage de Cala di Fica, domaine public maritime, soit privatisée ?
Le libre accès à la plage aurait pourtant l’avantage de clore les débats et de faire cesser cette appropriation d’un bien commun.
Il est l’heure… L’heure pour chacun d’entre nous d’exiger le tracé et le respect de la servitude du sentier du littoral. L’heure de mettre fin à la privatisation rampante des plages. Le domaine public maritime doit rester notre patrimoine à tous. Ami entends-tu les cris sourds d’un pays que l’argent musèle ?
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