“Le moment est venu, à la veille d’un débat crucial à l’assemblée de Corse sur l’avenir de la Corse et de son peuple, de poser les termes des enjeux”. Femu a Corsica donnait une conférence de presse à Aiacciu, à la veille de l’important débat sur le Padduc.
Femu A Corsica a pris acte du changement de président de la république française et de gouvernement; si nous attendons désormais le changement radical de politique en direction de notre île, nous entendons mesurer la capacité des élus de la Corse à relever enfin le défi d’avenir. C’est conscients de l’importance de la session consacrée en grande partie au padduc qu’aujourd’hui nous prenons la parole pour marquer notre volonté de ne pas voir une nouvelle fois notre pays rater un rendez-vous avec l’espoir.
Le 17 mars 2012 Femu a Corsica interpellait les candidats à l’élection présidentielle sur trois points fondamentaux qui engage l’avenir du peuple corse. Les questions posées étaient les suivantes :
«1°) Le Peuple Corse est incontestablement une communauté humaine vivante et ouverte, de par sa langue, sa culture, sa relation à un territoire historique, l’île de Corse, ses intérêts spécifiques : considérez-vous que ce peuple existe et qu’il a le droit d’être juridiquement reconnu ?
2°) Êtes-vous prêt à engager, dès votre élection, une réforme constitutionnelle permettant en conséquence à la Corse d’obtenir les moyens statutaires d’assurer son avenir, au travers notamment de : – la question foncière, avec notamment le statut de résident ; – le statut de co-officialité de la langue corse ; – la demande de transfert de la compétence fiscale, au nom du statut hérité des arrêtés Miot; Ces évolutions, voulues par une majorité d’élus ainsi que par l’immense majorité des Corses, auront nécessairement pour corolaire le transfert du pouvoir législatif et réglementaire à l’Assemblée de Corse.
3°) Êtes-vous prêt à engager, dès votre élection, un processus de dialogue avec l’Assemblée de Corse et l’ensemble des forces vive de l’île, afin que cette réforme constitutionnelle soit couplée avec la définition d’une véritable solution politique, permettant à la Corse de s’engager définitivement et irréversiblement sur le chemin de la paix et de l’émancipation.»
Statu Quo à Paris
Le candidat du Parti Socialiste, aujourd’hui devenu Président de la République, François Hollande, n’a pas répondu à nos questions. Dans ses différentes interventions durant la campagne électorale, ses propos ont été nettement insuffisants pour Femu a Corsica. La ratification de la Charte européenne des langues régionales figurait à son programme, mais il n’a rien dit sur son corollaire obligé, la modification de l’article 2 de la Constitution, et il a marqué fermement son opposition à l’officialisation de la langue corse, malgré la délibération largement majoritaire de l’Assemblée de Corse.
Dans ses propositions de réforme institutionnelle pour la France, il a avancé l’idée d’un «pouvoir réglementaire» pour les régions, mais n’a jamais parlé de réforme spécifique pour la Corse. Sa position nous est apparue comme très en retrait par rapport à celle de François Mitterrand en 1981. Il a néanmoins fait savoir qu’il était attentif à toute volonté qu’exprimerait l’Assemblée de Corse.
Le règlement politique de la situation que connait la corse n’est visiblement pas à l’ordre du jour dans les plus hautes instances de l’Etat. Cette attitude (attentiste ou révélatrice d’une véritable volonté de voir s’exprimer l’Assemblée de Corse ?) ne nous permet pas aujourd’hui d’espérer la moindre amorce d’engagement vers un processus de résolution de la situation.
Lors des élections législatives qui ont suivi le scrutin présidentiel, Femu a Corsica a marqué une nouvelle et importante étape dans sa progression continue depuis 2008. Pour la première fois dans l’Histoire de la République, deux candidats nationalistes se sont hissés au second tour d’une élection législative, et ils l’ont fait en temps que challengers très sérieux. Tous deux ont progressé encore considérablement dans l’entre-deux tours.
À Portivechju, Femu a Corsica a réalisé 47% des voix dans le cadre d’un duel, et à Bastia, 32% dans le cadre d’une triangulaire, arrivant en seconde position derrière le sortant. Et ce, à Portivechju comme à Bastia, malgré une campagne qui a vu opposer nos candidats à des méthodes d’un autre âge, proprement insupportables d’un point de vue démocratique.
Femu a Corsica est donc une force incontournable dans le paysage politique insulaire.
L’état d’urgence
La situation actuelle n’est pas supportable : il y a urgence, dans tous les domaines : foncier, question sociale, dépendance économique, poids du système clientéliste, délitement du lien social, déculturation, spéculation effrénée menaces sur notre environnement…: le peuple corse -communauté de destin incluant les Corses d’origine, d’adoption et de la Diaspora- est menacé dans son existence même, et ce au travers de chacun des éléments constitutifs de son identité, et du droit fondamental reconnu à tout citoyen de vivre dans une société démocratique.
Face à ce constat, aggravé encore dans un monde qui verse durablement dans la crise, l’heure n’est plus, de la part de l’Etat, aux atermoiements, ni aux manœuvres dilatoires, qui ne peuvent qu’alimenter un conflit qui doit aujourd’hui entrer en voie de règlement. La question corse, posée avec acuité, pour la période contemporaine, depuis plus de cinquante ans, a besoin d’un véritable processus de règlement politique durable et de sortie de crise.
Comme tous les présidents de la République qui l’ont précédé, François Hollande est confronté à cette question. Veut-il la régler ? Ou veut-il poursuivre dans l’avance de fausses solutions au problème corse ?
Pour une véritable réforme constitutionnelle
Femu a Corsica, a fait des choix politiques clairs : ceux de l’action démocratique, de la recherche permanente du dialogue, de la construction au service des intérêts collectifs du peuple corse, de la volonté de construire un pays moderne et ouvert, pleinement inséré dans son environnement européen et méditerranéen.
Le peuple corse est une communauté humaine vivante et ouverte, de par sa langue, sa culture, sa relation à un territoire historique l’île de Corse, ses intérêts spécifiques.
Nous demandons au président de la République de lui permettre d’exister en lui accordant le droit d’être juridiquement reconnu, avec toutes les conséquences que cela entraîne: la coofficialité de la langue, le statut de résident, le pouvoir législatif et réglementaire, le pouvoir fiscal, sans parler d’outils importants qui nous sont nécessaires comme la création d’une agence de retour pour la diaspora etc.
Bref une véritable réforme constitutionnelle pour assurer la survie du peuple corse et lui bâtir un développement durable. Femu a Corsica réclame un processus de dialogue avec l’assemblée de Corse et l’ensemble des forces vives de l’île afin que cette réforme constitutionnelle soit couplée avec la définition d’une véritable solution politique, permettant à la Corse de s’engager définitivement sur le chemin de la paix.
Le débat PADDUC
C’est pourquoi, à l’occasion du débat fondamental pour notre avenir collectif, qu’est le débat sur les orientations stratégiques du futur PADDUC, Femu a Corsica entend poser la question à l’Exécutif et à l’ensemble des sensibilités qui composent notre Assemblée. Nous déposerons une série d’amendement, au premier rang desquels, un amendement fondamental sur la notion de peuple corse. L’accueil qui sera réservé à notre demande par l’Exécutif territorial déterminera notre positionnement quant au débat du PADDUC
L’Amendement n° 1 présenté par Femu a Corsica
Le Padduc a pour objectif fondamental la promotion et la défense des intérêts collectifs du peuple corse dans la conception humaniste et ouverte donnée par l’Assemblée de Corse dans sa délibération du 13 octobre 1988 qui affirme “l’existence du Peuple Corse, communauté historique et culturelle vivante, regroupant les Corses d’origine et les Corses d’adoption”.
L’oggettivu fundamentale di u Padduc hè quellu di a prumuzione è di a difesa di l’interessi di u Pòpulu corsu, in a so cuncepitura umanista è aperta data da l’Assemblea di Corsica in a so deliberazione di u 13 d’ottobre di u 1988, è chì accerta “l’esistenza di u Pòpulu Corsu, cumunità stòrica è culturale viva, chì adunisce Corsi d’orìgine è Corsi d’aduzione”.
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