Un nouveau mouvement nationaliste clandestin a vu le jour. Il a annoncé sa création hier soir lors d’une conférence de presse organisée quelque part en Haute-Corse.
Comme le stipulent les quatre lettres inscrites sur le tissu blanc recouvrant la table où, entourés d’individus armés, un porte-parole a lu un texte de huit pages, ce mouvement ne se donne pas d’autre nom que celui de FLNC.
Est-il issu d’une scission au sein du FLNC dit Union des combattants? «Nous n’avons jamais quitté le FLNC, répondent les membres de cette nouvelle organisation, mais « après une longue réflexion », «nous, combattants, militants et responsables issus de tout le mouvement national, donnons une parole et une structuration plurielles au Front de libération nationale de la Corse. »
Mais ces militants, «par solidarité patriotique », saluent « tous ceux» qui, comme eux, «se sont engagés dans la clandestinité et sont investis dans d’autres courants du FLNC » et assurent de leur soutien « les combattants lourdement condamnés la semaine passée ainsi que tous les prisonniers politiques corses. »
«La Corse traverse une crise sans précédent »
Le discours ne fait état d’aucune revendication, ce FLNC déclarant qu’il n’a pas de communication à faire sur ce sujet, «la priorité étant l’analyse politique. » Et se refuse à commenter les actions d’autres groupes clandestins et leurs positionnements, tout comme ceux d’ailleurs des mouvements publics. Cette nouvelle organisation a focalisé son intervention sur son analyse de la situation de la Corse, «les évolutions nécessaires de la lutte nationale publique et clandestine » et son message au nouveau président de la République, François Hollande.
Le FLNC constate que la Corse traverse «une crise politique, économique, sociale et morale sans précédent. » Il pointe du doigt la précarisation des Corses : «Alors que la majorité s’appauvrit, une minorité continue à s’enrichir par la spéculation foncière et immobilière. »
Mais aussi «l’économie productive abandonnée au capitalisme sauvage», les groupes financiers «qui s’accaparent des pans entiers de l’économie», « la déculturation de la langue corse », « la délinquance vécue par une partie de la jeunesse comme une promotion sociale », « la consommation de drogue », « le nombre d’assassinats inégalé en Europe proportionnellement à la population. »
Ainsi que « l’échec de la politique française d’intégration. Avec 6000 nouveaux arrivants par an et un taux de chômage de 15 %, l’île a atteint ses limites d’accueil. Nous devons avoir les moyens politiques, institutionnels et culturels de maîtriser ce flux migratoire afin de pouvoir accueillir conformément à leurs droits et devoirs les étrangers. » Le FLNC « invite» par ailleurs «la minorité d’entre eux qui participe à la délinquance, parfois avec des complicités locales, à quitter l’île » tout en appelant à éviter « les amalgames. »
«Réengager une réflexion sur le droit à l’autodétermination»
Le mouvement national est, selon le FLNC, la « seule alternative porteuse d’espoir » et « assure, par sa pluralité publique et clandestine, la conscientisation identitaire et politique du peuple corse. » Mais cette organisation clandestine « refuse » l’idée d’opposition entre autonomistes et indépendantistes dont les offres « sont différentes mais aussi qualitativement similaires. »
Il estime qu’ils « doivent, dans leur pluralité, réengager une réflexion sur le droit à l’autodétermination » et demande ainsi aux « frères patriotes » de Femu a Corsica de couper « avec leur posture pragmatique » électoraliste à laquelle il oppose une autre finalité : que « la Corse retrouve sa souveraineté. » Après être revenu sur les fondements de Corsica Libera, il ajoute que « le mouvement indépendantiste public, par sa présence politique et sa représentation, est une donnée fondamentale dans la résolution du conflit franco-corse. »
Soulignant la force de la « marche collective d’un peuple », il cite en exemple les jeunes investis dans la lutte contre la drogue et « le travail exemplaire » des associations de défense de l’environnement. Quant au FLNC, lui-même, s’il n’y a pas lieu « de remettre en cause sa légitimité historique et l’exercice de son droit à la résistance », il doit toutefois « redéfinir sa place dans le mouvement national et son fonctionnement. » Et « garder la lisibilité de son action et de son rôle. » D’où la précision selon laquelle cette organisation «ne lève aucun impôt».
Face à « la dynamique » du mouvement national, le FLNC n’a plus à être « ni une direction politique ni une avant-garde du mouvement public ou du peuple en général. » Mais il a « structuré et réorganisé une résistance apte à faire usage de la force légitime là où les moyens publics de la lutte populaire sont inopérants et en cas d’agression. »
Des propositions à François Hollande
Le FLNC déclare qu’il «a vocation à disparaître» même si «les garanties, pour l’heure, ne sont pas encore réunies. Nous ferons en sorte de contribuer à créer demain les conditions d’une sortie de crise, porteuse d’une paix durable et non pas armée contre l’État français ou d’autres Corses. » Les derniers mots de cette intervention sont justement destinés au nouveau président de la République qui, avec son gouvernement, a « la possibilité de commencer une ère nouvelle de partenariat ». Le FLNC lui demande pour cela de s’engager sur plusieurs points : « reconnaissance officielle du fait colonial français en Corse, ouverture d’un processus permettant à terme l’exercice des droits du peuple corse, d’une révision constitutionnelle pour l’octroi de moyens structurels et juridiques donnant aux Corses la maîtrise démographique, foncière et économique : citoyenneté corse, code des investissements, statut officiel de la langue corse, libération de tous les prisonniers politiques corses. »
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