Les nationalistes corses, dont deux dirigeants sont en lice au second tour des élections législatives, confirment qu’ils sont devenus incontournables sur l’échiquier politique insulaire.
Chefs du mouvement Femu a Corsica (Faisons la Corse), Jean-Christophe Angelini et Gilles Simeoni sont arrivés deuxièmes dans deux des quatre circonscriptions de l’île, derrière les députés UMP sortant, Camille de Rocca Serra, à Porto-Vecchio (Corse-du-Sud) et Sauveur Gandolfi-Scheit, à Bastia (Haute-Corse).
« C’est une réelle percée, un véritable exploit », a commenté pour l’AFP le politologue André Fazi, maître de conférence en sciences politiques à l’Université de Corse, à Corte.
MM. Angelini et Simeoni avaient déjà été élus à l’Assemblée de Corse aux élections territoriales de 2010. Femu a Corsica et l’autre formation nationaliste, Corsica Libera, avaient alors obtenu 36 % des voix et 16 des 54 sièges.
M. Angelini a même imprimé plus profondément sa marque dans l’extrême-Sud en emportant, l’an dernier, la cantonale de Porto-Vecchio, devenant le second élu nationaliste au conseil général de Corse-du-Sud.
Dimanche dernier, il a obtenu 21,23 % des voix, distançant nettement les deux candidats de gauche (#circo2A02). M. Simeoni a réalisé un score encore meilleur (24,73 %) en Haute-Corse, arrivant également devant le représentant de la gauche (PRG/PS), Jean Zuccarelli (23,55 %), conseiller territorial et fils du maire de Bastia, qui s’est maintenu au second tour.
C’est la première fois que des nationalistes réalisent de tels résultats à des législatives.
Membres d’une formation qualifiée de modérée, par rapport à Corsica Libera, qui revendique l’indépendance et n’a pas officiellement dénoncé l’action clandestine, MM. Angelini et Simeoni ont ainsi bousculé dans leurs fiefs deux élus issus de dynasties politiques du Sud et du Nord, MM. Rocca Serra et Zuccarelli.
Pour M. Fazi, leurs succès « signent un basculement dans l’agenda politique corse, soulignant la pénétration très sensible en deux ans des thèses nationalistes. »
Dans une île faiblement peuplée (306.000 habitants) où s’installent chaque année plus de 4000 personnes venues de l’extérieur, ces idées concernent notamment la langue et la culture, la fiscalité, la lutte contre la spéculation foncière et immobilière et un réel développement économique.
Mais, comme le souligne M. Fazi, la plus marquante des évolutions est « l’engagement du président de la Collectivité territoriale, Paul Giacobbi, sur la voie d’une réforme constitutionnelle » assurant plus d’autonomie à la Corse.
Député PRG de la 2e circonscription de Haute-Corse (Calvi, #circo2B02), M. Giacobbi est arrivé nettement en tête au premier tour et devrait être réélu dimanche face à un candidat UMP. Les deux candidats nationalistes qui ont obtenu près de 17 % au total ont été éliminés.
La partie se présente beaucoup plus serrée en revanche pour MM. Angelini et Simeoni en raison de la difficulté à prévoir clairement les reports de voix sur leurs noms, après une abstention de l’ordre de 40 % au premier tour.
A Bastia, le maintien de M. Zuccarelli devrait permettre au docteur Gandolfi-Scheit d’assurer sa réélection.
Bien qu’aucune consigne de vote n’ait été donnée par Corsica Libera dont les candidats ont obtenu 8,04 % des voix à Porto-Vecchio et 3,3 % à Bastia des discussions étaient en cours en vue du second tour.
Mais M. Angelini ne pourra pas compter a priori sur l’appui de l’électorat du candidat PRG/PS, Paul-Marie Bartoli éliminé au premier tour (16,81 %) et qui n’a donné aucune consigne de vote.
Enfin, bien qu’éliminés dans l’autre circonscription de Corse-du-Sud (Ajaccio), les nationalistes (15,63 % des voix) y détiennent la clé du second tour en raison du faible écart séparant le député-maire (DVG) sortant Simon Renucci (29,39 %) du candidat UMP Laurent Marcangeli (30,75 %).
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