Le capitaine de police est venu relater quinze attentats à la barre de la cour d’assises spéciale. Elle a aussi détaillé la constitution de cette « cellule» du FLNC-UC surnommée, par la suite, « canal gamins ». Après le commandant Stéphane Le Seigle de la Sdat (sous division antiterroriste de la PJ), c’est la directrice d’enquête, le capitaine de police Carole Giudicelli, qui est venue déposer à la barre de la cour d’assises spéciale de Paris.
Objet de son intervention : revenir sur les quinze attentats commis entre avril 2007 et février 2008 pour tâcher de définir l’organisation de la cellule clandestine dite de « l’Orée du bois », du nom de la résidence ajaccienne où la police a découvert, en janvier 2008, un box servant de cache d’armes.
Carole Giudicelli rappelle d’abord que le premier attentat contre la Trésorerie d’Ajaccio intervient après une conférence du FLNC-UC (union des combattants) organisée pour dénoncer l’arrestation d’Olivier Peretti. Un homme masqué a déposé une charge de 250 grammes. C’est Marc-Antoine Colleoni, dit « Moustique ». Pour la police, il appartient à la « cellule de Porticcio », qui dispose d’un box à Agosta-plage. Marc-Antoine Colleoni appartient au FLNC depuis plus d’un an mais Joseph Nasica, responsable de la « cellule d’Ajaccio », ne le connaît pas directement. « Colleoni a commis cet attentat pour montrer comment il fallait faire », explique la policière. L’attentat du 5 octobre 2007 (le mitraillage du bâtiment des douanes) fait apparaître celui qui va être l’élément actif de la cellule dirigée par Joseph Nasica, Jean-Marie Pittiloni, mais aussi Anthony Païs, Marcu Caggiari et Joseph Gheraldi.
« Le chef supposé de Nasica, explique Carole Giudicelli est Paul Istria, l’idole de Pittiloni. »
“Difficile de remonter au-dessus de Nasica”
Nasica reconnaît le recrutement d’Ange-Marie Païs et lui avoir remis les clés du box. Et c’est Ange-Marie Païs qui a recruté Pittiloni. Pittiloni et Ange-Marie Païs reconnaissent pour leur part le mitraillage du palais de justice et de l’Urssaf le 14 novembre 2007.
Le même soir, la Trésorerie d’Ajaccio saute. Ange-Marie Païs a donné rendez-vous à Marc-Antoine Colleoni dans un bar d’Ajaccio où la charge leur a été remise. Marcu Caggiari les accompagne. C’est Nasica qui a désigné la cible. Le 8 décembre, c’est l’attentat contre la villa du Dr Malissard, à Alata. Sont présents Pittiloni, Ange-Marie Païs, Caggiari et Nasica lui-même. La série d’attentats est maintenant bien lancée. Le 20 décembre, nouvelle action, cette fois-ci contre la DDE. Ange-Marie Païs dit ne plus appartenir à la cellule, mais accompagne l’équipe composée de Pittiloni et Gheraldi.
Nasica a encore désigné la cible. Puis, c’est la grenade jetée sur la préfecture par Pittiloni. Une caméra de surveillance l’a filmé. Anthony Païs a fait le chauffeur. Le 23 décembre, Nasica désigne la trésorerie principale et la gendarmerie Battesti. Pittiloni a confectionné les charges que Caggiari et Gheraldi ont déposées. Anthony Païs est le chauffeur. Pittiloni a reçu ses instructions dans le bar de Christophe Giannesini d’un certain « Paul ».
Le 12 janvier, Pittiloni utilise sa voiture personnelle pour poser une charge récupérée au box d’Agosta-plage. Une action commanditée par le FLNC. Il mitraille ensuite les locaux du palais de justice et abandonne les douilles sur place.
Le 19 février, toujours seul avec son Uzi, Pittiloni mitraille le module préfabriqué qui abrite le palais de justice. Trois policiers sont à l’intérieur. Nasica apprend ce mitraillage et déplore qu’on ne maîtrise pas mieux Pittiloni, « tenu par d’autres laisses ».
« Pourquoi est-ce si difficile de remonter au-dessus de Joseph Nasica ? », demande le président Régis de Jorna. Le capitaine Giudicelli ne sait répondre mais dit pourtant :« C’est une cellule dans laquelle on parle, et beaucoup trop… »
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