Le Front de libération nationale de la Corse (FLNC) a revendiqué samedi une trentaine d’attentats à l’explosif commis en mai sur l’île contre des résidences appartenant à des “continentaux” ou à des étrangers.
La donne politique française n’a jamais pesé sur nos choix et il n’a jamais été dans nos intentions de vouloir influencer les échéances électorales qui sont les leurs. Aussi nos actions de ces derniers jours étaient programmées de longue date et reportées pour cause d’élections.
En aucun cas, elles ne constituent une mise en garde ou une menace en direction du nouveau pouvoir politique en place. Elles s’inscrivent dans notre combat de ces dernières années face à l’accroissement programmé des menaces spéculatives sur notre terre. Elles sont dans le droit fil du discours qui est le notre depuis des décennies sur ce sujet. La terre corse doit rester possession entière du Peuple Corse, jamais elle ne sera une valeur marchande, que les commerçants soient d’ailleurs corses ou non corses.
Aujourd’hui la dérive spéculative a aiguisé trop d’appétits, déclenché trop de mécanismes, pour certains mortifères. Elle constitue une des principales menaces pour l’intégrité de notre Peuple. Ce dernier est en état de légitime défense. Nous ne laisserons pas faire. Nous ne laisserons pas s’installer impunément pus de 4500 résidences secondaires étrangères par an soit plus de 45 000 en dix ans. Nous ne sommes qu’un peuple de 300 000 âmes.
Toute complaisance à cet égard, la passivité des élus de tous bords, le silence de trop nombreux de nos citoyens voire même les postures apitoyées de certains en direction des malheurs des nantis relève de la complicité, il faut en être conscient et saluer les combats de tous ceux qui, y compris sur le terrain public, dénoncent ces menaces.
Il est certainement plus facile au nom d’un opportunisme politique de rédiger un communiqué de condamnation de nos actions alors que trop de jeunes corses vivent au quotidien la détresse de ne pouvoir trouver un logement décent, n’osant même pas rêver de construire leur propre maison.
A cet égard, nous notons que l’échéance prochaine du mois de Juin sera l’occasion pour tous les candidats de s’exprimer sur ce sujet primordial à nos yeux. Pour cela nous faisons confiance à notre Peuple pour se responsabiliser et s’unir afin de gagner ce combat là. Nous n’avons jamais jeté le discrédit sur les combats publics à condition qu’ils se déroulent dans la clarté. Nous rappelons l’essentiel de nos revendications et de nos propositions politiques déjà affirmées dans la diffusion de notre dernier Ribellu que nous joignons à notre communication. Aujourd’hui, nous retrouvons des socialistes au pouvoir en France.
Nous leur rappelons si besoin en était qu’ils sont les héritiers de ceux qui ont construit avec nous les deux précédents statuts. II n’en a certainement pas toujours été fait le meilleur usage. Nous en sommes aussi conscients, une classe politique discréditée et souvent dévoyée s’est longtemps évertuée à en limiter les effets positifs.
L’actuel est perfectible et nous attendons des avancées dans tous les domaines évoqués. Des mesures essentielles se doivent d’être annoncées par l’Assemblée de Corse. Leur cohérence sera significatives de la volonté réelle de réussite. L’Etat français devra alors s’engager dans un processus de règlement politique de la question nationale corse. François Mitterrand avait dissous la cour de sûreté de l’Etat. Nous attendons la disparition des juridictions d’exception.
Nous sommes attentifs tout comme nous restons vigilants face aux agressions qui menacent notre Peuple. Elles sont multiples et multiformes, nous le savons, notre capacité de riposte reste à leur mesure et la mise en garde faite aux groupes mafieux dans notre précédente communication reste d’actualité. Notre engagement se veut essentiellement politique car nous restons avant toute chose une organisation politique. Nous revendiquons la campagne menée ces jours derniers contre la dépossession de notre terre.
STA TERRA DEVE FIRMA A I CORSI
EVVIVA A LOTTA DI LIBERAZIONE NAZIUNALE
EVVIVU U POPULU CORSU
A POPULU FATTU BISOGNA A MARCHJA
FLNC
mise à jour du 6 juillet 2012 (Source Corsica Magasine)
Dans ce communiqué, le premier du groupe armé depuis l’élection de François Hollande à la présidence le 6 mai, le FLNC appelle à “un processus de règlement politique de la question nationale corse” et se défend de toute intention agressive envers le nouveau pouvoir.
“Nos actions de ces derniers jours étaient prévues de longue date et reportées pour cause d’élections. En aucun cas elles ne constituent une mise en garde ou une menace en direction du pouvoir politique en place”, lit-on dans le communiqué authentifié que Reuters a reçu avec d’autres médias.
Le FLNC, qui dit avoir unifié les mouvances clandestines, a relancé la violence politique apparue dans les années 1970 sur l’île et jamais vraiment interrompue depuis, avec ces derniers mois une série d’attentats et une “nuit bleue” du 10 au 11 mai.
Cette pratique du terrorisme local visant à montrer la capacité d’un groupe a consisté en cette occasion à détruire ou endommager 17 résidences en divers endroits de l’île.
Le FLNC prétend par ces actions s’en prendre à la “spéculation” qui serait une “menace pour le peuple corse” car, à ses yeux, l’afflux de “continentaux” ou d’étrangers sur l’île mettrait en péril ce qu’il perçoit comme les seuls Corses authentiques.
“Nous ne laisserons pas s’installer plus de 4.500 résidences secondaires par an, soit plus de 45.000 en dix ans. Nous ne sommes un peuple que de 300.000 âmes (…) La terre corse doit rester possession entière du peuple corse”, dit le groupe.
GUERRE AVEC LE GANG DE LA “BRISE DE MER”
Il déclare par ailleurs, en substance, qu’il est prêt à riposter par la violence au gang de la “Brise de mer”, du nom d’un bar de Bastia où les membres de ce gang se réunissaient jadis.
Le FLNC se dit “en capacité de riposte” et met en garde ce qu’il appelle les “groupes mafieux”.
Fait nouveau, le groupe politique semble avoir entamé un affrontement violent, pour d’obscures raisons, avec ce gang bastiais plutôt spécialisé dans le banditisme traditionnel. Les questions immobilières ne sont jamais loin des litiges entre les deux mouvances.
Le FLNC a revendiqué l’assassinat de Christian Leoni, membre supposé de la “Brise de mer”, le 28 octobre 2011, en le présentant comme une réponse au meurtre du nationaliste Charles-Philippe Paoli, abattu le 28 juin précédent.
Pour le reste, le FLNC exprime sa confiance aux membres du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, qu’il voit comme “des héritiers (de ceux) ayant construit les deux statuts précédents”, allusion au statut d’autonomie limitée dont bénéficie l’île, développé en 1983 et 1991 sous des gouvernements de gauche.
Il demande au gouvernement la disparition de ce qu’il appelle les “justices d’exception”, en fait les services spécialisés de police et de justice concernant les actes terroristes.
Le dossier corse est un poison récurrent pour les pouvoirs français successifs. Le gouvernement PS de Lionel Jospin (1997-2002) était passé d’une fermeté affichée à des négociations avec tous les élus, y compris les nationalistes, envisageant sans suite un début de souveraineté locale.
Ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy a échoué ensuite à faire ratifier par référendum en 2003 une réforme des institutions. Un renforcement des enquêtes judiciaires a suivi, aboutissant à l’incarcération pour six ans de Charles Pieri, présenté comme le chef des clandestins, sans que prenne fin la violence.
La revendication de ce samedi intervient à deux jours d’un important procès à Paris.
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