C’est un procès-fleuve qui s’ouvre lundi à Paris. Un procès qui doit durer cinq semaines et où comparaîtra une vingtaine de militants nationalistes proches du FLNC-UC. Dans le box des accusés, des hommes de tous les âges, aux parcours très divers. Mais surtout une disparité de charges.
Les magistrats de la cour d’assises spécialement composée devront examiner des faits qualifiés de tentative d’assassinat mais également des affaires incidentes qui, normalement, relèveraient d’un tribunal correctionnel.
Cette globalisation voulue par les juges d’instruction antiterroristes est, pour les militants de l’Associu Sulidarità et Corsica Libera, la preuve qu’il s’agit bien là d’un procès politique.
Au terme d’une procédure qui a mis quatre années avant d’être renvoyée devant une juridiction de jugement, nombre des accusés comparaîtront détenus. L’Associu qui soutient une dizaine d’entre eux dénonce les conditions de détention qui leur ont été faites durant tout ce temps. Et espère que le changement politique issu de l’élection présidentielle permettra une ouverture dans le traitement des procès de militants nationalistes.
Problème politique
Lors d’une conférence de presse qui rassemblait un grand nombre de familles des accusés, Pierre Paoli a apporté le soutien de Corsica Libera à l’ensemble des militants nationalistes qui vont comparaître à partir du 4 juin. À l’instar de l’Associu Sulidarità, il considère que le problème est politique et assure que Corsica Libera est« prête à prendre part à toute discussion qui serait menée dans une volonté d’apaisement »…
Pour leur part, Jean-Marie Poli et Dumè Tafani sont catégoriques. Même si le pouvoir judiciaire est indépendant, la nouvelle donne politique est cruciale.
« Ce procès doit s’inscrire dans le cadre d’une réelle volonté qui consiste à ouvrir d’autres perspectives politiques entre la Corse et la France »,assurent-ils.
Avant de formuler un vœu : « Nous espérons que la justice française saura se départir d’anciennes pratiques jacobines et pourra loyalement apprécier les circonstances historiques, culturelles, sociologiques et politiques qui ont amené ces hommes à comparaître devant elle… »
Dans ce dossier comme dans tous ceux qui sont traités par la justice antiterroriste, la double peine est souvent pour les familles. Hier, ils étaient là, parents de « gamins » qui n’avaient souvent pas 20 ans au moment de leur incarcération. Et qui sont devenus des hommes en prison au cours des quatre années écoulées.
La galère des familles
Ils ont souvent été ébahis de ce qu’on reprochait à leur enfant. Ils ont enduré les refus de permis de visite, l’inquiétude face aux problèmes de santé pas ou mal traités. Ils paient, au sens littéral du terme. En argent et en temps. Ces voyages interminables avec, au bout, un parloir de quelques heures à peine. Ils espéraient qu’à la clôture du dossier, les leurs seraient rapprochés en Corse. Mais leur attente a été déçue. Comme le raconte le père de Marcu Caggiari, cité lui-même comme témoin. Il décrit un jeune homme sans histoire, qui, à 19 ans, s’était déjà engagé dans la vie active, s’impliquait dans l’entreprise de BTP dans laquelle il travaillait. « J’ai été surpris », dit-il pudiquement. Comme les parents de Marc’Antò Colleoni qui décrivent leur parcours du combattant pour simplement obtenir un droit de visite pour leur fils de 20 ans. Ce droit de visite, sa mère gravement malade ne peut plus l’exercer. Et la famille déplore l’interdiction de téléphoner qui frappe encore Marc’Antò Colleoni.
À partir de lundi, les familles se relaieront à Paris. Pour apporter leur soutien. Dans la mesure de leurs moyens…
Isabelle LUCCIONI
DOSSIER PROCES DU 4 JUIN SUR CORSICA INFURMAZIONE
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