Paul Leoneti, patron d’une entreprise de distribution de matériel médical, membre de la Chambre de commerce et d’Industrie d’Ajaccio, présente sa candidature aux élections législatives pour Corsica Libera. Portait et itinéraire.
Lorsque l’on fait remarquer à Paul Leonetti, 58 ans, commerçant, membre de la Chambre de commerce et d’Industrie de Corse-du-Sud depuis 7 ans, et ami de personnalités de tout bord, qu’il a plus le profil d’un nationaliste modéré que celui d’un membre de Corsica Libera qu’il représentera aux prochaines législatives dans la région d’Ajaccio, il s’en étonne. « Non, mon profil, mon histoire, ma radicalité par rapport à cette société et mon manque de carriérisme, font que je ne peux pas être de ce côté-là.
Eux, il n’y a qu’à voir à l’Assemblée, ils sont dans la cogestion et ce n’est pas bon du tout. D’ailleurs, ils vont s’enfermer dans le système et ils ont besoin du radicalisme de Corsica Libera pour exister politiquement. Parce que, si on disparaît de la scène politique, ils vont perdre de leur consistance. J’en suis convaincu. C’est pour cela que l’on a besoin de ces deux courants du nationalisme. Et il ne s’agit pas d’une scission entre nous mais de deux façons d’appréhender le nationalisme. Une qui est plus exigeante, et une autre qui a conscience que des solutions sont possibles. Et l’on poursuivra le combat politique pour finir par obtenir pour la Corse une véritable autogestion.
Il faut changer le système. Que ce soit en matière de fiscalité, d’emploi, de transport, de foncier, de sécurité, et cela, on ne l’obtiendra pas en faisant de la co-gestion ». Dès qu’il parle, Paul Leonetti s’emballe et hausse le ton. Peut-être pour se convaincre lui-même. Et, tout en portant un regard profondément pessimiste sur la Corse, il affirme qu’il faut se battre et croire. Et il veut y croire.
Né en 1952 à Ajaccio, fils de parents fonctionnaires (son père était magistrat), Paul Leonetti a vécu sa prime jeunesse en Corse avant de rejoindre, après une 6e au Lycée Fesch, l’Alsace, où sa famille s’était installée. Sur le continent, sa scolarité est chaotique, puisqu’il change souvent de lycée, sans doute parce qu’il a quelque problème avec l’autorité. Même chose, plus tard, à l’armée, où compte tenu de son attitude rebelle et de ses incartades, il fera du rab. Son service militaire accompli, il s’inscrit un temps en philosophie à l’université de Strasbourg. « J’adore la philosophie » dit-il. Puis, vient le temps de sa passion pour les sports mécaniques. Il fait des courses de moto et d’auto tout en se lançant, « pour gagner sa vie », dans le commercial, notamment la vente de produits de traitement pour eau de piscine.
À 27 ans, après son mariage et la naissance de son fils Mathieu, il finit par rentrer en Corse. Là où il rejoint les rangs du nationalisme, en fréquentant les meetings de l’ARC des frères Simeoni pour se retrouver, après l’affaire d’Aleria, dans un nationalisme « plus radical » comme il dit. Après l’éclatement du mouvement, il rejoindra l’ANC de Pierrot Pogioli. « C’était un mouvement humaniste » affirme-t-il. Il y est entré avec Pierre Paoli. « Plus qu’un ami, un frère » confit-il. Et retrouvera, plus tard, en sa compagnie, les rangs de Corsica Nazione puis de Corsica Libera. Malgré les bavures passées, entraînées par la période François Santoni. « Je n’ai jamais rien eu à voir avec lui » précise-t-il. Et d’ajouter : « À cette époque, le ministre de l’Intérieur Charles Pasqua avait réussi à manipuler les nationalistes, ce qui a entraîné la guerre interne au mouvement. »
Après plusieurs petits boulots, Paul Leonetti a fini par monter une entreprise de distribution de matériel médical qu’il dirige encore aujourd’hui et lui a valu sa place à la Chambre de commerce. Cependant, en 1981, sa carrière a failli s’arrêter brutalement. En effet, alors qu’il était passé de la moto au delta-plane, il fait une chute qui aurait dû être mortelle. « Je suis un miraculé » dit-il. Il se casse la colonne vertébrale. Après plus d’un an d’arrêt il finit par remarcher et ne garde de ce mauvais souvenir qu’une légère claudication. Ce qui ne l’empêchera pas de continuer sa carrière professionnelle et militante. Dernier épisode : après quelques hésitations, il rend publique sa candidature aux élections législatives pour Corsica Libera.
Une candidature qui, au regard de la personnalité de Paul Leonetti, fort connu à Ajaccio, devrait permettre a ce mouvement d’obtenir de meilleurs résultats que d’habitude dans ce genre d’élections. Même si Leonetti ne se fait pas d’illusions : « Si tous les gens qui me disent qu’ils vont voter pour moi le faisaient, je pourrais me monter la sega. Mais il ne faut pas prendre des réactions de sympathie pour des engagements électoraux. »
En attendant, Paul Leonetti se prépare à engager « une campagne de proximité » par laquelle il défendra toutes les revendications de Corsica Libera. « Je suis un militant désigné par le groupe. Je ne me déroberai pas. Et je ferai la meilleure élection possible. » C’est dit.
Gilles Millet
Vous aimez cet article ? Faîtes-en profiter vos amis !
Faites passer l’information autours de vous en cliquant sur :
Comments are closed.