Comment ne pas se remémorer les classiques en entendant les évaluations numériques des foules de cette campagne électorale. Ce syndrome du chiffre gonflé a d’abord atteint les partisans de Jean-Luc Mélenchon qui ont les premiers franchi les bornes des dizaines de milliers : 20 000, 50 000, 120 000 !
L’UMP a aussitôt réagit : 20 000 aux meetings, 100 000 place de la Concorde ! Le PS a emboîté le pas – 100 000 à Vincennes – mais a marqué son statut de favori en ne se livrant pas à une exagération aussi outrée que celle de ses concurrents.
Mais le plafond a été crevé avec la manifestation du Trocadéro : 200 000 ! La place du Trocadéro a une superficie de 20 000 mètres carrés, en supposant que 10 000 mètres carrés supplémentaires étaient plus ou moins occupés et en imaginant une foule compacte de deux personnes au mètre carré, on atteint 60 000 personnes pour une estimation très haute et, plus vraisemblablement, 40 000, ce qui est déjà un exploit.
La police a évalué à 300 000 les manifestants du 1er mai dans toute la France qui fêtaient le travail et les libertés syndicales tandis qu’ils défilaient plus souvent derrière le drapeau tricolore que sous le drapeau rouge. 300 000 réels contre 200 000 imaginaires ! Peu importe, les médias et les politiques continueront leurs galéjades comptables pour évaluer les foules. On était plus raisonnable autrefois : « Sous moi donc cette troupe s’avance et porte sur le front une mâle assurance.
Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort, nous nous vîmes trois mille en arrivant au port… » Ne dîtes pas à Frédéric Lefebvre que c’est du Corneille… Il va dire qu’il aime beaucoup ce chanteur !
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