Présenté comme un leader de la clandestinité, le militant nationaliste de la première heure risque d’être à nouveau interdit de rentrer chez lui, pour de longues années. Et le hors-jeu politique. Réponse le 5 avril.
Babbu… En d’autres temps, Pascal Paoli avait lui même connu l’exil, à la fin de sa vie. Pas sûr que la référence fasse plaisir à Olivier Sauli…
Alors que s’est ouvert hier (Mercredi 21 mars) le procès de la cellule cortenaise du FLNC dit du 22 octobre aux assises de Paris, dont les membres ont à répondre d’une dizaine d’attentats commis entre 2004 et 2006, Olivier Sauli, lui, attend le délibéré de son procès. Lequel ne s’est pas déroulé devant la cour d’assises.
Territoire. Faute de charges suffisantes aux mains de l’accusation pour l’inculper pour tentative d’attentat, Sauli avait en effet comparu début mars devant la 17e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris. Jugé pour « association de malfaiteurs en vue de commettre une action terroriste » – dans le cadre d’une tentative d’attentat en 2007 à Levie, contre une résidence secondaire en construction appartenant à un continental* -, le parquet a requis trois ans de prison ferme, avec mandat de dépôt. Le tout assorti d’une interdiction du territoire de Corse-du-Sud pendant cinq ans.
« Un non sens », déplore l’avocat du militant de Corsica Libera, maître Eric Barbolosi.
Opinion. L’ADN relevé sur un ruban adhésif ayant servi à confectionner les charges explosives n’avait donc pas pu constituer une charge suffisante pour le magistrat instructeur, Gilbert Thiel. Mais pour le procureur, ces empreintes montrent que le prévenu a « bien participé à un moment ou un autre à la fabrication de cet engin explosif ».
« Les seuls éléments retenus par le parquet, c’est son militantisme public, dénonce de son côté Barbolosi. Il ne s’agit de rien d’autre qu’un délit d’opinion ». Militant de toujours, Sauli, 48 ans, a longtemps été membre de l’exécutif de Corsica libera, jusqu’à l’élection du nouveau bureau, en février dernier, dans laquelle le porto-vecchiais soutenait la motion présentée par Michel Giraschi.
Sauli ne s’est jamais caché de son engagement politique, bien au contraire. Dans une lettre en vue de la dernière assemblée générale, il soulignait l’importance de ne pas perdre de vue « l’essentiel » : « le colonialisme français ». Tout en glissant au passage un mot sur la « dérive mafieuse », qui « ne doit pas égarer quiconque au point de faire du mouvement de libération national un Zorro de circonstance ». Une réflexion qui rappelle la récente revendication de l’assassinat de Christian Leoni.
RECTIFICATIF D’OLIVIER SAULI
Mesdames, Messieurs,
Suite à votre article me concernant, je tiens à préciser – et remettre dans son contexte – la phrase d’une contribution interne dont vous avez extrait un bref passage. Cette phrase que vous liez – selon vos termes – « à la récente revendication de l’assassinat de Christian Leoni » s’inscrit dans une réflexion et une projection qui ne concerne que Corsica Libera. En aucune façon, elle ne peut être amalgamée – intentionnellement ou pas – avec un tout autre fait ou évènement survenu en Corse.
Je tiens également à rappeler que j’ai été incarcéré pendant dix mois et non six comme vous l’écrivez.
Dans l’attente de la publication de ce rectificatif, veuillez recevoir mesdames et messieurs mes sentiments corses les meilleurs.
M.Sauli
Jouissant d’une incontestable aura dans l’Extrême-Sud, depuis des années, Olivier Sauli a toujours dénoncé publiquement la spéculation immobilière. Il avait ainsi participé à l’occupation restée célèbre de la propriété de Christian Clavier.
Hors-jeu. « Lors du procès, l’affaire de la tentative d’attentat a été abordée en marge, relève Dumè Tafani, président de l’associu Sulidarità. Il n’y a pas de faits, mais on accuse Olivier Sauli d’être un responsable, donc d’être forcément au courant. Le procureur l’a dit : il faut l’éloigner de Corse. » Qualifiant la réquisition de « très lourde », maître Barbolosi relève pour sa part que « c’est la première fois que l’on demande une interdiction de séjour de cinq ans pour de tels faits. C’est bien la preuve que l’on veut vraiment mettre Olivier Sauli hors du jeu politique en Corse ».
Le nationaliste, qui travaille pour la société de transport de fonds Esse – qui a pris la suite de Bastia Securità -, a déjà passé six mois de détention provisoire, après son arrestation en 2010. Puis un an d’assignation à résidence à Paris, après sa remise en liberté, en février 2011. De retour en Corse, en attendant la décision du tribunal, Sauli devra-t-il de nouveau renouer avec une vie d’exilé ?
* Une action revendiquée par le FLNC union des combattants
23/03/2012 24 Ore n°344
Par Emmanuelle Peretti
Photo : Pierrot Murati
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