Philippe Poutou, le candidat du Nouveau parti anticapitaliste, tiendra un meeting aujourd’hui au théâtre de Furiani. Le successeur d’Olivier Besancenot livre des propositions pour la Corse contre la crise.
Avec moins de 1% d’intentions de vote, le programme du NPA laisse-t-il les électeurs sceptiques ?
Le choix de présenter un candidat inconnu ne nous favorise pas, mais la politique n’est pas réservée à des professionnels. Nos préoccupations contre la crise et les politiques d’austérité recueillent bien plus d’assentiment que cela.
Avec l’égalité du temps de parole désormais en vigueur, pensez-vous améliorer votre score ?
Nos propositions vont franchir le blocage médiatique. Nous verrons alors qu’un candidat non professionnel qui défend des idées anticapitalistes est bien plus populaire que ce qui transparaît aujourd’hui.
Les 4 % atteints par Olivier Besancenot en 2007 vous paraissent-ils inaccessibles ?
Nous ne faisons pas de pronostics. Notre objectif est de convaincre les électeurs de refuser la politique de Nicolas Sarkozy, de ne pas accorder de confiance à François Hollande.
Lors du meeting de Furiani, quel discours tiendrez-vous à l’adresse des Corses ?
Il est organisé par nos camarades d’A Manca et nous reprenons leurs propositions comme le droit à l’autodétermination du peuple corse. C’est en levant progressivement la tutelle de Paris que les Corses mettront en place les lois dont ils ont besoin pour se protéger des spéculateurs et des mafias. Les gouvernements libéraux destinent la Corse à être le bronzodrome de l’Europe mais votre peuple mérite un autre avenir.
Vous militez pour la rupture démocratique, vos propositions pour l’île ?
Une réforme institutionnelle doit s’accompagner d’un véritable pouvoir législatif et la moralisation de la vie publique implique une refonte du code électoral. Le fonctionnaire de passage ne peut voter en lieu et place du peuple corse.
L’avenir énergétique fait débat avec le choix du combustible pour la future centrale de Lucciana, votre avis ?
Les alertes d’associations de l’environnement sur les effets sanitaires de la centrale du Vazziu auraient dû inciter à opter pour un autre choix. En Corse, il est possible de concilier emplois, environnement et indépendance énergétique.
Vous n’êtes pas favorable à l’augmentation des effectifs de police, quelles solutions avez-vous à offrir aux Corses confrontés fréquemment à la violence ?
A Manca dénonce le lien entre organisations politico-mafieuses et spéculation immobilière. La violence que connaît l’île est davantage liée aux appétits que suscite un développement basé sur le tourisme et l’économie résidentielle. La solution, c’est de promouvoir un schéma économique plus conforme aux intérêts populaires.
Êtes-vous pour l’officialisation de la langue corse ?
Cette revendication est légitime. La langue est un outil important pour bâtir la communauté de destin dont le peuple a besoin pour garantir sa survie, elle doit être préservée.
Veolia qui veut céder la SNCM pour l’euro symbolique ?
La Corse doit pouvoir maîtriser ses transports, c’est une nécessité stratégique. Si la CTC a la possibilité de mettre sur les rails une véritable compagnie régionale de service public, il ne faut pas hésiter.
En quoi vos idées diffèrent-elles de celles du Front de Gauche ?
Nous partageons des combats communs. Cependant, la dénonciation de la finance ne suffit pas. Le Front de Gauche laisse la question de la construction d’une majorité parlementaire avec les socialistes sans réponse. Nous devons dire clairement que nous refusons l’austérité de droite comme de gauche et que nous préparons une opposition de gauche unitaire à un gouvernement Hollande. C’est notre proposition au Front de Gauche et à Lutte Ouvrière.
Faut-il réformer le système de présentation des candidats à l’élection présidentielle ?
Nous sommes favorables à un parrainage d’électeurs, 50 000 par exemple, qui apporteraient leur « caution administrative ».
Comment sauvegarder l’emploi en suggérant l’interdiction des licenciements ?
Il y a urgence à mettre en place une politique pour l’emploi en commençant par retirer le droit exorbitant du patronat à licencier. Il faut réduire le temps de travail à 32 heures sans perte de salaire ni flexibilité. Tout salarié doit pouvoir disposer d’un emploi stable à plein-temps.
La campagne a-t-elle pris une autre tournure depuis la tuerie de Toulouse ?
Certains vont tenter d’en profiter pour faire disparaître les questions économiques et sociales. Aussi tragiques que soient ces meurtres que nous condamnons, il est impensable d’oublier les dégâts de la crise économique. L’Histoire nous apprend que ces périodes favorisent les replis racistes et la stigmatisation de l’autre. Il est urgent de s’unir pour combattre l’austérité et renverser la tendance actuelle
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