Le procès du militant nationaliste corse Dominique Pasqualaggi et de huit de ses proches s’ouvre ce mercredi devant la cour d’assises spéciale de Paris. Ils sont jugés pour une dizaine d’attentats commis au nom du FLNC dit du “22-Octobre” entre 2004 et 2006, dont la tentative d’attentat dirigée contre une annexe du Trésor public à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Cette action avait coûté la vie au poseur de bombe en janvier 2006.
Le verdict est attendu le 13 avril.
Dominique Pasqualaggi, 38 ans, est soupçonné d’être le chef de la cellule dite du “22-Octobre”, ce qu’il conteste, selon son avocat, Me Pascal Garbarini. L’accusation va “présenter M. Pasqualaggi comme étant un des chefs du FLNC du 22-Octobre parce que ça leur permet de masquer les carences de l’enquête sur ce groupe qui a été particulièrement violent”, a-t-il souligné à l’Associated Press. Il ne nie pas “un engagement politique certain” et son “appartenance à une cellule” nationaliste, mais “il nie être un des leaders” de ce mouvement, a-t-il ajouté.
Mais “son rôle de dirigeant ressort cependant des déclarations de plusieurs co-mis en examen”, selon l’arrêt de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris, qui avait été saisie après l’appel interjeté par plusieurs mis en examen contre la décision du juge d’instruction en charge de l’affaire, Gilbert Thiel, de renvoyer neuf personnes devant les assises.
Dominique Pasqualaggi est très lourdement handicapé depuis une chute de la fenêtre des locaux de garde à vue de la Sous-direction antiterroriste (SDAT) de la police judiciaire à Paris en juin 2007. Il ne retrouvera jamais l’usage de ses jambes et n’a plus aucune fonction urinaire ou anale. Sur ce point, le président de la cour d’assises, Philippe Jean-Draeher, a “tout mis en oeuvre avec la défense et le parquet général pour que le procès se passe au mieux”, a expliqué Me Garbarini, estimant que sa place était dans un hôpital de jour et non dans une prison, même si l’Administration pénitentiaire essaie de “lui rendre le milieu carcéral moins hostile”.
Dominique Pasqualaggi a été condamné en mars 2011 à 18 ans de prison en appel par la cour d’assises de Bastia pour son rôle dans l’assassinat d’un patron de bar et gérant de discothèque, Joseph Vincensini. Le corps de la victime, 53 ans, condamnée à plusieurs reprises par la justice, avait été retrouvé en mars 2005 nu, ligoté et décapité dans le coffre de la voiture de Xavier Luciani, un de ses co-accusés dans le procès qui s’ouvre mercredi. M. Luciani a pour sa part écopé de 30 de prison dans cette affaire.
L’enquête sur la série d’attentats jugée à partir de mercredi débute dans la nuit du 21 au 22 janvier 2006, lorsqu’un militant corse âgé de 24 ans, Alexandre Vincenti, est tué dans l’explosion prématurée de la charge qu’il venait de déposer devant une fenêtre de la Trésorerie principale d’Aix-en-Provence.
Les enquêteurs découvrent alors un lien entre les personnes à l’origine de ces faits et une série d’autres attentats antérieurs, “révélant ainsi l’existence et les actions d’une cellule du FLNC du 22-Octobre constituée autour de Dominique Pasqualaggi”, selon l’arrêt de la chambre de l’instruction.
Interpellé rapidement après la tentative d’attentat d’Aix à l’aéroport de Marseille-Marignane, Dominique Pasqualaggi, enseignant et archéologue, reconnaît être proche du FLNC du 22-Octobre et avoir passé la soirée du 21 janvier avec Alexandre Vincenti. Devant les enquêteurs, il dit avoir caché 3,5 kilos de dynamite dans les égouts après la mort de son ami. Ces explosifs, au total 35 bâtonnets ainsi que des détonateurs, sont de même nature que ceux utilisés par les entreprises de génie civil.
S’il a aussi admis fournir les explosifs au groupe clandestin corse, M. Pasqualaggi a cependant tenté de faire porter la responsabilité de la tentative d’attentat à son complice, qu’il dit avoir tenté de dissuader de passer à l’acte. Reste que le séjour de ce dernier et d’Alexandre Vincenti sur le continent avait pour but de récupérer les explosifs dans l’Ain auprès d’un entrepreneur en BTP, Albert Serrand, qui a reconnu leur avoir remis.
Au cours de l’instruction, Dominique Pasqualaggi a nié la participation des membres de sa cellule à une dizaine d’actions terroristes et affirmé qu’il n’avait jamais participé à un quelconque attentat sur le terrain. Parmi les actions imputées au groupe par les enquêteurs et le juge d’instruction, outre celle d’Aix, figurent les attentats commis contre la résidence secondaire d’Emile Zuccarelli en octobre 2004 en Haute-Corse ou contre la maison familiale des Giacobbi à Lugo di Venaco en août 2004.
(Presse)
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