Élus et militants ont adressé un courrier aux dix candidats. Ils attendent des réponses précises sur trois interrogations : le peuple corse, la réforme constitutionnelle et une solution politique pour l’île
Nous portons la voix du peuple corse. Nous avons besoin de réponses précises à nos problèmes », a déclaré hier une trentaine de militants nationalistes. Affirmant que leurs revendications étaient partagées par un grand nombre, élus, cadres et militants de Femu a Corsica se sont retrouvés sur la place du Diamant, « un lieu ouvert », pour interpeller les candidats à la présidentielle.
À moins de 40 jours des élections, Gilles Simeoni, Jean-Christophe Angelini, Jean Biancucci, Hyacinthe Vanni, Nadine Nivaggioni, Edmond Simeoni, François Alfonsi, accompagnés par des militants du PNC, Inseme et a Chjama ont remis la Corse au centre du débat présidentiel. « La France va choisir le nouveau président de la République et élira par la suite les futurs députés. Cette consultation est d’une importance majeure. Elle intervient à un moment où s’ouvre, pour la Corse, une période cruciale », a souligné Jean Biancucci. « La question corse, posée avec acuité, pour la période contemporaine, depuis plus de cinquante ans, n’a toujours pas, à ce jour, donné lieu à un véritable processus de règlement politique durable et de sortie de crise », a-t-il martelé.
Jean-Christophe Angelini est revenu sur l’épisode des territoriales. « Nous considérons qu’une opportunité historique d’engager irréversiblement la Corse sur le chemin du développement et de l’apaisement a été gâchée au lendemain des élections de 2010. Les résultats du scrutin auraient dû conduire à la recherche d’une solution politique à la hauteur des enjeux et de l’espoir manifesté par les Corses. Forts de leur légitimité, les élus de Femu ont voulu avec force que ce chemin soit choisi. Nous avons proposé la construction d’une majorité nouvelle, associant les forces de progrès… La classe politique traditionnelle a refusé nos propositions et reproduit les schémas habituels »,a assuré l’élu, dénonçant « le conclave de Venaco » où « les postes ont été répartis ».
« Les Corses ont le droit de savoir »
Femu a Corsica a également insisté sur ses choix politiques : l’action démocratique, la recherche du dialogue, la construction au service des intérêts collectifs du peuple corse, la volonté de construire un pays moderne et ouvert… Ils estiment, aujourd’hui, que la situation n’est plus supportable : « L’État a refusé de prendre en compte la dimension fondamentalement politique de la question corse. Il y a urgence dans tous les domaines : foncier, question sociale, dépendance économique, poids du système clientéliste, délitement du lien social… »,a lancé Jean-Christophe Angelini. « La veille de l’élection présidentielle, nous souhaitons interpeller publiquement celles et ceux qui aspirent à accéder à la fonction de chef d’État français. Les Corses ont le droit de savoir ce que sont les réponses que les candidats souhaitent apporter »,a ajouté Gilles Simeoni, énumérant ses interrogations : le peuple corse, la réforme constitutionnelle et la solution politique.
Selon les élus de Femu, le peuple corse est une communauté humaine vivante et ouverte, de par sa langue, sa culture, sa relation à un territoire historique l’île de Corse, ses intérêts spécifiques. Ils demandent donc aux candidats s’ils considèrent que ce peuple existe et qu’il a le droit d’être juridiquement reconnu.
Autre interrogation : quels sont les candidats prêts à engager une réforme constitutionnelle permettant, en conséquence, à la Corse d’obtenir les moyens statutaires d’assurer son avenir à travers la question foncière (le statut de résident), le statut de coofficialité de la langue corse et la demande de transfert de la compétence fiscale au nom du statut hérité des arrêtés Miot. « Ces évolutions, voulues par la majorité des élus ainsi que par l’immense majorité des Corses, auront nécessairement pour corollaire le transfert du pouvoir législatif et réglementaire de l’assemblée de Corse », a ajouté Gilles Simeoni.
Enfin, Femu a Corsica réclame un processus de dialogue avec l’assemblée de Corse et l’ensemble des forces vives de l’île afin que cette réforme constitutionnelle soit couplée avec la définition d’une véritable solution politique, permettant à la Corse de s’engager définitivement sur le chemin de la paix.
Les élus et les militants de Femu a Corsica ont adressé, vendredi, ce courrier aux 10 candidats à la présidentielle. Ils attendent des réponses. « Nous les rendrons publiques », affirme Jean-Christophe Angelini.
corsematin.com
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