Saint Denis. Jeudi 9 Février 2012. CCN. Si Marine Le Pen a annulé sa visite aux Antilles Guyane en mars, elle est arrivée mardi 07 février 2012 à la Réunion. Plus d’une centaine de manifestants l’attendait à l’Aéroport, qu’elle a du quitter précipitamment. Des anti Le Pen sur la scène réunionnaise ? Il y en a bien plus, qu’on ne le croit. Retour sur un visite contestée.Le PCR, Europe Écologie Les Verts, le Mouvement des Jeunes Socialistes s’offusquent de sa venue à la Réunion. Pour tous, si au nom de la démocratie la présidente du FN a droit de citer, son programme et son idéologie, sont une offense à l’existence même de l’île. Les anti Le Pen considèrent que chaque réunionnais devrait refuser la négation de son identité à travers le programme proposée par celle-ci. Depuis l’annonce de ce voyage, les débats sont lancés sur la légitimité de sa venue dans notre île.
Le 31 janvier, Albert, le traiteur, qui devait recevoir les partisans du FN, ainsi que le magasin d’Elie Taïed (secrétaire du FN à la Réunion) ont été vandalisés. Inscriptions injurieuses, croix gammées, slogans anti FN ont été tagués.
Le maire de Saint Leu a condamné ces agissements qui vont a-t-il dit « à l’encontre de la démocratie et de la liberté des partis politiques ». Son arrivée aujourd’hui a été accueillie par les huées de centaines de manifestants venus crier leur indignation. Parmi ceux-ci, Danyel Waro, chanteur emblématique de la Réunion, rappelant que les idées lepénistes étaient du racisme à l’état primaire.
Des partisans du FN présent sur place, ont également exprimé leur colère envers les manifestants. Une ambiance aussi orageuse que le temps régnait donc à l’aéroport ce matin. Le déroulé de son voyage peut prêter d’ailleurs à sourire lorsque l’on sait que sa première visite a été celle d’un temple tamoul, visite perturbée par la présence de manifestants et le dépôt d’un tas de terre sur la route du temple.
Le Mouvman Antikoloniyalis Réniyoné (le MAR), ainsi qu’un collectif baptisé « Domoun contre la démagogie et le populisme » ont fait appel à la mobilisation des réunionnais et ont proposé de « parasiter » de manière pacifiste sa visite à la Réunion. Souvenons-nous que lors de son précédent voyage Kayanm et djembés avaient tonné sous les fenêtres de son hôtel la nuit entière. Ce qui semble inquiétant, c’est qu’au nom de la démocratie, il y a acceptation voir banalisation des propos tenus par le Front National. Comment ne pas trouver cela dangereux, qui plus est dans une île comme la Réunion où la situation actuelle de crise et le moral en berne peuvent être une brisure dans la cohésion sociale ?
Peut-on en effet tout dire et tout entendre sous prétexte de la démocratie ? Deux citoyens réunionnais sont convaincus du contraire : ils engagent une procédure contre le Front National pour « incitation à la haine raciale ». En effet, Jean Michel Dubois, secrétaire FN délégué à l’Outre Mer a déclaré dans Le Journal de l’Ile du 30 octobre 2011 qu’il y a une « colonie de 50000 Comoriens qui vivent illégalement à la Réunion ». Cette déclaration a suscité de très vives réactions, notamment celle de Saïd Larifou, avocat franco-comorien bien connu à la Réunion. Pour lui, des poursuites juridiques doivent être engagées car la tenue de tels propos jouant sur l’explosivité de l’image des clandestins contribue à entraver l’intégration de ses compatriotes dans l’île. En effet, la Réunion, contrairement à l’image idyllique que nous pouvons lui donner, a du mal à intégrer ces ressortissants venus de l’archipel des Comores. Jouant sur les peurs et les angoisses, et semblant oublier que la migration inter-îles ne date pas de cette décennie, certaines voix attisent les clichés raciaux. Si la Préfecture compte officiellement environ 9000 ressortissants en situation régulière, la pseudo « invasion » de l’île par les sans-papiers n’est rien moins qu’un fantasme. On compte environ 70 reconduites aux frontières par an. Pour Jean Michel Dubois, ses propos ont été déformés, mais comment ne pas prendre tout cela au sérieux alors que les sondages, font la part belle au FN en France. Le 1er mars prochain se tiendra la première audience au tribunal de Saint Pierre. De la visite de Marine Le Pen aux déclarations outrageantes des responsables du FN, l’île de la Réunion se refuse de devenir la terre d’accueil de ceux dont la voix stigmatise les populations et nient les identités plurielles à l’origine de nos mondes créoles.
Vous aimez cet article ? Faîtes-en profiter vos amis !
Faites passer l’information autours de vous en cliquant sur :
Comments are closed.