Après 49 jours de détention et 45 jours de grève de la faim, Lisandru a été hospitalisé. Cette première victoire a été obtenue grâce à mobilisation quasi quotidienne de centaines de gens. Nous, famille, comité de soutien et Ligue des Droits de l’Homme nous voulons leur rendre hommage. Ils ont sauvés la santé de Lisandru et peut être même sa vie. Mais nous n’oublions pas, que la grève de la faim de Lisandru a été la conséquence de l’injuste mise en examen puis incarcération qu’il a subit. Lisandru voulait être entendu, ce n’était pas un chantage mais la revendication d’un droit élémentaire.
La mobilisation a été également déterminante dans la décision du juge Choquet d’auditionner enfin Lisandru. Cette audition et les questions qu’elle soulève sont l’objet premier de cette conférence de presse. Bien entendu, nous sommes prêt à répondre à toutes les questions que vous souhaiteriez nous poser pendant la conférence de presse et même après.
Notre démarche a pour but la libération et la mise hors de cause de Lisandru que nous savons innocent. Mais nous sommes aussi à la recherche de la vérité.
Ce grand mot a, pour nous,une simple définition : comment en est-on arrivé là ?
Nous n’allons pas revenir, pour le moment sur l’origine des « punitions » successives qu’a eu a subir Lisandru.
Chacun sait que son refus de prélèvement ADN, toujours actif, explique toutes les persécutions.
Aujourd’hui, nous souhaitons nous cantonner à l’audition de deux heures, qui a eu lieu dans le bureau du juge CHOQUET à la JIRS de Marseille le 10 janvier 2012.
L’audition s’est déroulée dans une ambiance tout à fait sereine. Pourtant Lisandru vit une situation très difficile. Il est perfusé et se réalimente avec des liquides, il a pu récupérer 4 kg et fait aujourd’hui 54 kg. Il a encore 15 kg de moins par rapport à son poids normal (69 kg) et est dans une faiblesse physique que vous pouvez imaginer. Cependant, il a toujours été combatif , déterminé et lucide dans son combat pour faire reconnaître son innocence. Si le médecin lui a proposé de prendre des sédatifs pour mieux dormir, Lisandru a refusé.
Ainsi il est arrivé en ambulance munie de vitres opaques dans les locaux de la JIRS. Il a été conduit dans le bureau du juge dans un fauteuil roulant sans que nous ayons pu le voir. L’obsession de la police qui l’escortait était d’éviter les photographes et les cameramans.
Le juge l’a accueillit cordialement (le juge lui a dit qu’il était fils de déporté et qu’il n’avait pas apprécié être traité de Eichman, que Lisandru avait l’âge d’être son fils). Lisandru a répondu à toutes ses questions, sans en éluder aucune. Y compris celles concernant le point de vue de Lisandru sur des personnes,des affaires ou des considérations générales (l’ADN).
Le juge a procédé à l’ouverture des scellés (avec des gants en caoutchouc).
Il a extrait,d’une petite sacoche,un sac en plastique à zip où était écrit au feutre noir « Scellé n° 68 ».
À l’intérieur de ce sac à zip se trouvaient trois chargeurs et un morceau de cellophane mis en boule.
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Le juge : Donc votre ADN est sur le cellophane ?
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Me Orsetti : Les rapports de police sont formels, l’ADN supposé de Lisandru se trouverait sur un sachet.
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Le juge : je ne comprend pas trop…Mais ça doit être ça.
Je l’ouvre pour la première fois devant vous.
À moins que cela ne soit pas votre ADN ?
Mais je n’ai pas eu le rapport scientifique, malgré mes
nombreuses demandes. Mais le rapport de police me dit ça.
Ensuite,le juge a demandé à Lisandru si le sachet,le cellophane ou les chargeurs lui disaient quelque chose.
Si les photos de différents immeubles, route des Sanguinaires lui étaient familières.
— Lisandru:Il n’y a strictement rien qui me dit quelque chose.
— Le Juge : Regardez moi !
(silence pendant le face à face)
Je vous crois.
Comprenez que j’avais des choses à vérifier.
Après tout je n’ai pas d’éléments nouveaux vous concernant et je ne
pense pas que j’en aurai.
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Me Orsetti : Donc la détention n’est plus justifiée ?
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Le juge : La question est : la détention est-elle encore justifiée ?
Demain vous aurez une réponse (c’était celle de
Chambre de l’Instruction,…on connait sa décision).
J’ai cinq jours (pour répondre à votre nouvelle demande de mise en liberté).
Au moment où Lisandru devait partir le juge Choquet lui a lancé « remplumez-vous ! ».
Suite à cette audition plusieurs questions nous viennent à l’esprit.
1° Lisandru a fait 56 jours de détention avant de voir l’objet qui porterait une trace de son ADN.
Toutes les personnes dont on a trouvé l’ADN, et qui ont été relachées, se sont vues présenter le support sur lequel figurait leur ADN. Pas Lisandru,qui a eu un traitement spécial.
2°Lors de l’ouverture des scellés le sachet,supposé être le support de l’ADN de Lisandru, comportait un écrit au feutre noir « Scellé n°68 ».
Or on n’écrit pas sur un scellé. Est-ce le scellé? Est-ce le sachet contenant le scellé ? Le juge ne semblait pas le savoir.
En tout état de cause, les rapports de police ne mentionnent pas de cellophane en boule mais parlent de trois chargeurs, dont un est enveloppé dans un cellophane. De plus à aucun moment il n’est dit que l’ADN supposé de Lisandru serait sur un cellophane.
3° Ces éléments sont d’autant plus troublants qu’ils viennent s’ajouter à l’absence du rapport scientifique, pourtant réclamé à plusieurs reprises par le juge aux enquêteurs durant les 51 jours de la détention de Lisandru.
Ce rapport est tout de même l’élément juridique nécessaire pour étayer une accusation, celle de la présence de l’ADN de Lisandru sur un sachet (accusation parue dans la presse « d’après une source proche de l’enquête » dès la fin de la garde à vue de Lisandru).
Ainsi, il apparaît clairement que c’est la police qui, dans un rapport de synthèse sans valeur juridique,a provoqué la mise en examen et le transfèrement de Lisandru aux Baumettes.
Aucun élément matériel ne justifiait cette décision, d’autant plus que plusieurs personnes dont on a trouvé plusieurs traces ADN n’ont pas été incarcérées et pour certaines d’entre elles même pas mises en examen.
Nous ne réclamons l’ incarcération ou la mise en examen de personne.
Nous voulons savoir pourquoi Lisandru a fait l’objet d’un traitement spécial ?
Mais ce n’est pas tout.
Nous voulons savoir pourquoi des hommes,pères de famille de surcroit, avec des « peut être », des « sans doute », des « fréquentations de Lisandru » (sans jamais les nommer),des « goûts de Lisandru »,des « la prison est un mal pour un bien », ont pu envoyer un jeune homme de 22 ans aux Baumettes, au milieu des rats et des cafards,alors qu’il n’a pas d’antécédents judiciaires, alors qu’il a un travail, fait des études, a un train de vie conforme à ses revenus déclarés.
Nous voulons savoir pourquoi aucune enquête n’a été diligentée pour connaître les moyens d’existence de Lisandru, ses dépenses et ses besoins.
Alors que la JIRS a été précisément crée pour « lutter contre la grande délinquance et la criminalité organisée »,
mais aussi contre « la délinquance de haut niveau »(sic) « qui a des ramifications sur le continent » dixit le procureur général Michel, et qui a même des « ramifications internationales » id.le procureur Michel.
Nous voulons savoir avec quoi a-t-on comparé l’ADN du sachet, dont parlent les rapports de police, pour affirmer que c’est celui de Lisandru ?
Enfin,nous voulons savoir où se trouve cette trace ADN et surtout nous voulons savoir si elle existe réellement.
Pour l’heure notre opinion est faite, pourtant une manipulation est encore possible. L’affaire du sac rempli d’explosif déposé par la police chez Mathieu Filidori lors de l’affaire Erignac, le scandale, à Paris actuellement, des faux P.V. de l’IGS visant un responsable de la police montrent que toutes les turpitudes sont encore possibles, une nouvelle provocation n’est pas à exclure.
Nos demandes sont légitimes. Un jeune homme de 22 ans a mis sa santé et sa vie dans la balance juste pour qu’on l’écoute.Il a été entendu par son peuple, il a été entendu par le juge Choquet, maintenant il doit être entendu par la police qui est la vraie responsable de toutes ces souffrances. Sans doute que d’autres personnes portent des responsabilités,nous nous attacherons à le découvrir.
Texte de la conférence de presse du 14 janvier 2012 devant le commissariat d’Aiacciu
Comité de Soutien à Lisandru Plasenzotti
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