Infamie. Le mot est fort. Honteux, vil. Il porte le déshonneur. C’est pourtant ainsi qu’il convient de qualifier le cadeau de noël du maire de Coti Chjavari à ses administrés : il a, fin novembre, adressé à chaque foyer une lettre désignant des coupables.
Le 4 novembre dernier, le tribunal administratif de Bastia avait annulé la carte communale. Aussi, dans une missive, l’élu explique que la faute en revient, non pas au fait que le maire ne respecte pas la loi de la République, mais à deux individus, dont il consigne les identités. Faisant fi du fait que l’action ait été portée par deux associations agréées de protection de l’environnement et par le collectif pour l’application de la loi Littoral qui représente 26 organisations, partis syndicaux et politiques, il offre deux noms à la vindicte publique pour les clouer au pilori.
Une pure action de communication destinée à décliner ses responsabilités d’élu communal ; à transgresser ses obligations premières consistant à faire respecter le droit et appliquer la loi. Une manière également de se débarrasser du rappel à l’ordre de l’autorité judiciaire.
Ainsi, chevalier blanc, le maire de Coti Chjavari désigne les infâmes et s’offusque : « Le tribunal a retenu [leurs] arguments pour rejeter notre document ». Il laisse entendre ainsi que ces indignes auraient pu avoir l’oreille de la magistrature.
On connaît le stratagème. Il consiste à désigner des leaders pour décapiter la révolte. Aussi gageons qu’il ne suffira pas de la réponse du collectif pour l’application de la loi Littoral pour désamorcer les incidences de ce comportement condamnable.
Condamnable en effet, car le fait est grave. Qui peut ignorer que la Corse est en proie à des appétits mafieux, à des intérêts financiers et que, dans ce contexte, les individus sont soumis à des pressions, des intimidations, des menaces physiques et psychologiques visant à calmer leurs ardeurs pour ne pas dire à les faire taire ?
Quelqu’un peut-il ignorer ce que le silence des associations pourrait signifier ? Il laisserait le terrain libre à toutes les spéculations.
Nos élus devraient défendre le principe démocratique et non manœuvrer les populations pour leur réélection.
Dans un courrier adressé en retour aux habitants de Coti Chjavari, le collectif pour la loi Littoral explique, point par point, les illégalités juridiques de la carte communale. On peut y lire « Le parti d’urbanisation frénétique adopté par la commune était […] incompatible avec les prescriptions de la loi Littoral et celles du schéma d’aménagement de la Corse. Le tribunal administratif a constaté que le document était « hors la loi » car entaché d’innombrables irrégularités ». La lettre mentionne aussi que ce ne sont pas deux personnes qui ont attaqué la carte communale au tribunal mais des associations agréées.
Sera-ce suffisant pour déjouer la stratégie de l’index pointé ?
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