Mardi, le tribunal correctionnel de Bastia a minoré les peines des prévenus accusés de dégradation et de violence aggravée lors de la manifestation nationaliste de 2009. Par manque de preuves ou par souci d’apaisement ?
Retour en arrière. Le 4 avril 2009, Uune manifestation est organisée en réaction aux blessures reçues par Xavier Orsini, un jeune lycéen, lors d’une précédente manifestation pro-Colonna.
Débordements. Après sa dispersion, le mouvement, répondant à l’appel de Corsica Libera, du STC et des associations lycéennes et étudiantes nationalistes, dégénère. De 18 à 21 heures, une cinquantaine de jeunes portant cagoules et foulards provoquent de graves incidents, dévastant banques, bâtiments publics et brûlant des voitures. 87 membres des forces de l’ordre seront blessés dans ces affrontements. A travers 4 000 clichés pris par les forces de l’ordre, une poignée de lycéens sont identifiés, ainsi que trois adultes, accusés de les avoir incités à commettre ces violences.
Optimiste. Plus de deux ans après les faits, quinze personnes comparaissaient depuis le 16 novembre devant le tribunal correctionnel de Bastia. Et ce mardi, avant le délibéré, Maître Gilles Simeoni, avocat d’un des jeunes prévenus, était optimiste. Selon lui, il y avait de grandes chances pour que les peines soient plus légères que les réquisitions. En fonction de la gravité des faits reprochés, ces dernières allaient de 8 à 24 mois de prison, dont la moitié assortie d’un sursis et d’une mise à l’épreuve. Pour certains, les réquisitions réclaimaient également un stage de citoyenneté, une interdiction de posséder une arme et de manifester pendant trois ans, la privations de droits civiques et de droits civils et familiaux et l’obligation d’indemniser les victimes.
Appel. A la sortie, pour la grande majorité des prévenus, les peines ont été allégées (lire l’encadré). La préméditation n’a pas été retenue, sauf pour un des jeunes manifestants. De quoi avouer sa satisfactions pour Maître Simeoni, « très content » qu’il n’y ait pas eu de reconnaissance de « responsabilité collective ». Ce qu’approuve également Rosa Prosperi, qui assurait la défense de trois autres prévenus. Par contre, Maître Marc-Antoine Luca, l’avocat d’Hervé Santelli, considère que son client, accusé d’être le meneur et d’avoir fourni des objets aux jeunes, a été condamné « lourdement ». Logiquement, il envisage de faire appel.
Ordre. Alors, la justice a-t-elle souhaité jouer la carte de l’apaisement, dans un contexte social où la violence est quotidienne ? « La justice ne prend pas la température de l’opinion, réfute Jacques Fusina, universitaire à la retraite. Je suppose que si les magistrats bastiais ont rendu ce jugement, c’est parce qu’ils n’ont pas eu les preuves de ce qu’il s’était passé. » Selon l’écrivain, « la justice n’a pas à tenir compte d’un sentiment populaire ». Le droit, rien que le droit, donc. Hostile aux manifestations violentes, Fusina n’excuse pas ces jeunes. « Il faut un ordre dans une société, fut-elle nationaliste », lâche-t-il.
Les peines
Hervé Santelli, 43 ans, a été déclaré coupable et est condamné à 18 mois de prison. Un jeune manifestant a également été déclaré coupable, condamné à 4 mois d’emprisonnement avec une possibilité d’aménagement. Un autre a été relaxé. Les douze restant écopent de 2 à 6 mois de sursis, peine assortie pour certains d’une interdiction de détenir une arme pendant cinq ans, d’une mise à l’épreuve pendant deux ans et d’une obligation de travailler.
08/12/2011 24 Ore n°330
Par Aurélie Thépaut
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