(…)Avant qu’un texte de revendications du FLNC nous renvoie à une époque que l’on pensait lointaine. Non pas pour la quarantaine d’attentats et d’actions commando assumées, l’organisation clandestine publiant régulièrement ce genre de catalogue. Non pas pour la sémantique employée – spéculation immobilière, colonisation de peuplement, monopoles d’Etat et multinationales -, elle fait partie du bréviaire du Front. Mais parce qu’il y est d’abord question de l’assassinat d’un homme, de son « élimination physique »même. De Christian Leoni donc, « responsable du groupe mafieux auteur de l’assassinat de notre militant Philippe Paoli », abattu le 28 octobre à Moriani.
Le FLNC parle d’un acte de « justice » et non d’une « vengeance ». Mais alors d’une justice d’exception – et pas seulement pour la rareté de l’acte- qu’il condamne par ailleurs, d’une justice expéditive aussi. D’une justice enfin qui plus encore qu’un défi, est un réel outrage fait à l’Etat. Et renvoie aussi, collectivement pour le coup, à cette vraie interrogation politique : l’ETA, l’IRA ont fait taire les armes, pourquoi le FLNC ne s’y résout pas ? On ne peut pas y répondre en soulignant simplement que l’existence du FLNC demeure un anachronisme.
L’organisation clandestine ajoute dans son communiqué qu’elle ne veut pas « militariser l’espace politique ». Elle n’est pas parvenue à politiser l’espace – le sien – militaire.
On a senti, en effet, l’embarras politique provoqué dans tous les camps ou presque, nationalistes y compris, par cette revendication. Et la violence qu’elle contenait n’a pas fait débat à l’assemblée de Corse, malgré toutes les tentatives. Celle de Nicolas Alfonsi qui a allumé la mèche dans un autre hémicycle, en interpellant Claude Guéant, le ministre de l’Intérieur, au Sénat. Celle de François Tatti, président du groupe La Gauche républicaine à l’assemblée territoriale qui, par effraction en quelque sorte, a déposé une motion sur le sujet, aussitôt renvoyée à l’examen de la commission violence du mois de janvier – c’est ainsi que l’on enterre les questions, disait Clemenceau.
François Tatti a écopé, ironie de l’histoire, d’un rappel au règlement. Les motions doivent être déposées 48 heures avant la session pour être débattues. Une question de préavis ou, plutôt, de préméditation.
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