Dans un texte aux accents guerriers, le Front de libération nationale de la Corse (FLNC) a revendiqué, lundi 28 novembre, l’assassinat d’un homme il y a un mois à San Nicolao-di-Moriani (Haute-Corse). “Vendredi 28 octobre, un de nos commandos (…) a procédé à l’élimination physique de Christian Leoni, responsable du groupe mafieux, auteur de l’assassinat de notre militant Philippe Paoli”, écrit le FLNC dans une missive adressée au mensuel Corsica. Outre que, depuis 2004, l’organisation emblématique du combat pour l’indépendance de la Corse s’exprime rarement, il n’est pas dans ses habitudes d’assumer par communiqué des actes meurtriers.
Le précédent assassinat revendiqué par le FLNC remonte à 1993 : Robert Sozzi a été tué le 15 juin 1993, aux premières heures de la guerre fratricide entre nationalistes. Avec la revendication de l’assassinat de Christian Leoni, les nationalistes armés entendent montrer que, même affaiblis, ils constituent toujours une force qu’il serait dangereux de sous-estimer.Christian Leoni, 49 ans, avait été tué par deux individus qui avaient pris la fuite sur un quad.
Depuis plusieurs mois, Christian Leoni, connu pour son appartenance à la Brise de mer – cette bande criminelle qui, dans les années 1980 et 1990, s’était imposée dans le grand banditisme insulaire -, se savait menacé. Une rumeur tenace lui attribuait l’initiative de l’assassinat de Charles-Philippe Paoli, le 28 juin sur les hauteurs de Folelli à une trentaine kilomètres au sud de Bastia. Il évitait de se montrer et ne sortait qu’au volant de sa voiture blindée.
Propriétaire d’un complexe immobilier, Christian Leoni avait été condamné en 2001 par le tribunal correctionnel de Bastia dans une affaire de réseau clandestin de machines à sous. Son assassinat avait été inscrit au chapitre des règlements de compte qui ensanglantent la Corse et notamment la région de la plaine orientale.
Nouvel épisode
Pour le FLNC, l’exécution de Leoni “n’est pas une vengeance mais un acte de justice” rendu à l’un des leurs. Charles-Philippe Paoli, 42 ans, était un militant nationaliste connu pour sa proximité avec le leader historique Charles Pieri, suspecté par la police d’être l’un des chefs du FLNC en Haute-Corse. Les deux hommes avaient été condamnés ensemble en 2006, par la cour d’appel de Paris dans une affaire d’abus de biens sociaux en relation avec une entreprise terroriste. Depuis son retour en Corse après sa sortie de prison en 2009, Philippe Paoli travaillait pour une société immobilière – le complexe Melody -, cible quelques semaines avant sa mort d’un attentat. Dans les jours qui avaient suivi son décès, des questions avaient surgi : ses activités ne concurrençaient-elles pas celles de groupes criminels actifs sur la plaine ? Ses tueurs et leur commanditaire ne ciblaient-ils pas Charles Pieri en abattant celui qui passait pour être son bras droit ? En tout cas, le FLNC avait réagi avec force. Rompant avec ses règles de prudence, l’organisation avait rendu les hommages militaires à son “soldat”.
Le 10 juillet, une trentaine d’hommes armés et cagoulés avaient tenu une conférence de presse dans le maquis au coeur de la Castagniccia (Haute-Corse) – la première depuis sept ans. Les clandestins avaient fustigé “les groupes mafieux” : “Ceux qui ont accompli cet acte n’ont pas mesuré sa portée et ses conséquences (…). Notre organisation saura faire face à cette agression.” Lundi, en publiant son communiqué vengeur, le FLNC a pris sa part dans les conflits entre bandes criminelles qui ravagent actuellement la Corse. Quoiqu’elle s’en défende, l’organisation clandestine a ouvert un nouvel épisode qui risque d’appeler encore plus de feu et plus de sang.
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