Dans tous les pays d’Europe voisins de la France, les langues historiquement parlées sur le territoire et qui ne sont pas langue officielle de l’Etat ont elles aussi, sous des formes diverses, un caractère d’officialité reconnu par la loi. Ainsi, le basque est reconnu à côté du castillan par la Constitution espagnole de 1978 comme l’indique l’article 3 : “Les autres langues espagnoles sont également officielles dans les différentes Communautés autonomes en accord avec leurs Statuts”. La France, quant à elle, continue à camper sur sa position en refusant en pratique toute reconnaissance officielle aux langues dites régionales. L’article 75-1 de 2008 de la Constitution, “Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France”, n’a qu’un caractère déclaratif que les différents jugements de tribunaux ont confirmé depuis. La seule langue officielle en France est le français, l’article 2 de la Constitution (1992) et la loi relative à l’emploi du français (1994) l’ont “inscrit dans le marbre”.
Pourtant, la revendication d’une officialisation revient régulièrement sur le devant de la scène à propos des langues de France. En juin 1994, l’Académie de la langue basque avait, pour sa part, adressé une demande d’officialisation de l’euskara aux autorités françaises, lesquelles n’ont donné aucune suite à cette démarche. L’Assemblée de Corse dans son rapport Fogliu di strada lingua corsa 2011-2014 de juillet 2011 indique qu’elle engage une démarche afin d’obtenir le statut d’officialité de la langue corse.
Le contexte préélectoral actuel constitue un moment propice pour porter cette demande. Le gouvernement actuel a toujours refusé de ratifier la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires et d’accorder à ces dernières un quelconque statut d’officialité. Il revient même en arrière, puisqu’il n’estime plus nécessaire la loi qu’il avait promise en 2008. A gauche, on semble plus ouvert. François Hollande, candidat socialiste aux élections présidentielles de 2012, fait savoir qu’élu, il envisagerait une modification de la Constitution afin de ratifier la Charte européenne. Mais il rappelle “néanmoins, que la seule langue officielle est le français” (Corse Matin, 15-09-2011).
On attendrait des élus locaux a priori sensibilisés à la question une attitude plus volontariste afin de porter le dossier et de le faire aboutir. Cette exception “linguistique” française est en effet complètement anachronique, d’ordre essentiellement idéologique et largement dépassée dans le contexte européen actuel. Certains responsables politiques évoquent l’officialisation des normes de la langue basque, fruit du travail de l’Académie de la langue basque. En levant les incertitudes, en corrigeant les erreurs, en fixant les noms propres, l’Académie donnerait à la langue un caractère officiel. Mais il ne s’agit pas là du tout d’une reconnaissance juridique relative au statut de la langue basque dans la vie sociale et publique, seule à même de fixer un cadre à sa protection.
Les chercheurs et enseignants-chercheurs spécialistes du basque, cosignataires de cette lettre, appelons à revendiquer l’officialisation de la langue basque, en soulignant sa nécessité et son urgence.
* Ur Apalategi, Charles Videgain (UPPA, Iker).
Aurélie Arcocha, Jean Casenave, Irantzu Epelde, Miren Ibarluzea (Bordeaux 3, Iker).
Urtzi Etxeberria, Ricardo Etxepare, Aritz Irurtzun, Bernard Oyharçabal (CNRS, Iker).
Jean-Baptiste Coyos, Jasone Salaberria (Iker).
http://www.lejpb.com/paperezkoa/20111202/307242/fr/A-propos-l%E2%80%99officialisation-langue-basque
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