Climat pesant, hier, dans la classe politique insulaire après la revendication du FLNC concernant l’assassinat de Christian Leoni. En dix-huit ans, c’est la seconde fois qu’un mouvement clandestin revendique l’exécution d’un homme. De Robert Sozzi, militant nationaliste engagé, à Christian Leoni, chef d’entreprise et restaurateur proche de la bande de la « Brise de mer » selon la police, l’histoire se répète. De la « légitime défense préventive » à une volonté de « répondre militairement à la mort d’un de leurs militants (Charles-Philippe Paoli) », les clandestins s’érigent en bourreau, revendiquent ouvertement leurs actes et la Corse s’enlise dans la vengeance. Œil pour œil, dent pour dent, semble justifier le FLNC.
Un acte grave et des propos lourds de sens qui font froid dans le dos car, au-delà de la mort d’un militant, d’un clandestin ou d’un malfaiteur, ce sont des Corses qui s’entre-tuent dans un climat général de violence qui laisse perplexe.
Les mots sont difficiles à trouver dans la classe politique pour qualifier cette nouvelle exécution. A droite comme à gauche, les élus sont réservés ou se font discrets. Ils refusent de disserter sur cette spirale infernale dont peu connaissent les véritables tenants et aboutissants. Pas de réaction officielle, pas de commentaires. A mezzo voce, on déplore la gravité de la situation mais on préfère s’en remettre à l’État, seul capable de garantir la sécurité des biens et des personnes pour gérer la situation « démesurément dramatique ».Même la commission ad hoc de l’assemblée de Corse avoue son impuissance face à cette escalade.
Certes, le FLNC dit avoir « confiance en l’avenir de son pays »,et veut croire qu’il n’aura « plus jamais à diffuser un communiqué d’une telle teneur »,mais sa détermination effraye : des termes guerriers, des mises en garde menaçantes et des réponses « implacables »sont annoncées…
Le PNC « stupéfait »
Chez les nationalistes, l’heure est à l’analyse. A Corsica Libera la consigne est d’attendre. Le mouvement, qui n’a jamais condamné la violence, se réunira, demain pour examiner la situation politique et débattre des derniers événements. « Nous sommes énormément sollicités depuis hier, mais il n’y aura pas de position individuelle. Le sujet est trop grave »,affirme Paul-Felix Benedetti, conseiller territorial de Corsica Libera.
A l’issue de cette réunion, l’exécutif de la branche radicale du nationalisme devrait se déterminer sur la position commune à adopter face à cette nouvelle situation. Du côté des nationalistes dits modérés, les commentaires sont aussi réservés. « Nous avons découvert cet événement dramatique avec stupéfaction. On ne s’y attendait pas »,indique Jean-Christophe Angelini du PNC.
Les militants du PNC se retrouveront en fin de semaine pour étudier le contexte global de la violence. « Il faut distinguer cet événement des autres »,argumente l’élu du PNC qui refuse de condamner l’acte : « Le refus de la violence est inscrit dans les codes génétiques du PNC. Mais la problématique ne se pose pas en ces termes. Aujourd’hui condamner un tel acte ne sert pas à grand-chose. Le but est d’en sortir ».Le mouvement Femu a Corsica doit également se réunir, ce soir, pour examiner de façon plus précise la situation. Si le FLNC indique ne pas vouloir « militariser l’espace politique », il a réussi à « miner » la classe politique. « Cette phrase qu’on a déjà entendue nous laisse circonspects »,ajoute Jean-Christophe Angelini.
Et nul doute qu’à quelques mois des élections présidentielles, la radicalisation des clandestins, la revendication d’une « élimination physique » et de trente-huit « actions » aura été entendue jusqu’à l’Élysée. Absente des premiers programmes (ou commentaires) des candidats à la présidentielle, la Corse pourrait trouver un nouvel écho au niveau national.
Pèsera-t-elle un peu plus dans le débat présidentiel ? L’avenir le dira, mais en attendant, ce silence est assourdissant et la société compte ses morts…
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