En jargon européen, un élargissement de l’Union Européenne (UE) est toujours synonyme d’adhésion d’au moins un nouvel Etat membre, ne se trouvant pas encore dans l’UE, repoussant ainsi un peu plus loin les frontières de l’Union. Le temps est venu de parler de l’élargissement interne de l’Europe et de l’adhésion à l’UE des Etats sans nation qui la réclament.
Quand les peuples s’expriment…
En 2003, un an avant leur adhésion, les 10 ex-futurs nouveaux membres de l’UE ont fait des referendums pour valider leur adhésion à l’Union Européenne. Tous les referendums ont été validés par une immense majorité de la population, au minimum des 2/3, au mieux de 90%. Des résultats qui parlent d’eux-mêmes et qui ne peuvent être remis en question par quiconque pour, au moins deux raisons : d’une part, le score atteint par le ”oui” est sans appel, d’autre part, et c’est la plus importante des deux, ces peuples consultés ont exprimé démocratiquement leur volonté de lier leur destin à celui des autres peuples d’Europe.
Si un peuple européen qui souhaite adhérer à l’UE, s’exprime démocratiquement en ce sens, qui pourrait s’y opposer? Personne, au risque d’aller à l’encontre d’un des principes fondateurs de nos démocraties modernes, le principe d’auto-détermination des peuples.
Si, demain, la Croatie valide son ticket et devient le 28ème Etat de l’UE, nul ne viendra contester son adhésion. De même, si demain en Ecosse, en Catalogne, en Flandre, au Pays Basque, au Pays de Galles ou n’importe où ailleurs au sein de l’Union Européenne, un peuple exprime son envie d’adhérer à l’UE en tant qu’Etat à part entière, qui pourra dire que sa légitimité est moindre que celle d’un autre peuple? Personne! La volonté d’un peuple, qu’elle soit issue directement des urnes ou de ses représentants légitimes, ne peut être considérée comme inférieure à celle d’un autre peuple.
…qui peut les nier?
Qui peut contester le message que les Ecossais ont envoyé à Londres, lors des élections de mai dernier? Alors que la crise économique balaie les uns après les autres tous les partis politiques au pouvoir, le Scottish National Party (SNP) a été non seulement reconduit massivement dans les urnes avec 45% des voix (élection à un seul tour!), mais en plus le SNP augmente son score de 13 points par rapport aux élections précédentes -et déjà historiques!- qui avaient eu lieu en 2007, avant la crise, et qui leur avaient permis de gouverner pour la toute première fois le destin de leur nation. Le peuple d’Ecosse a parlé, l’Europe ne peut pas faire comme si rien ne s’était passé!
Alors que la violence politique, qui était systématiquement reprise par l’Etat espagnol comme l’argument massue pour nier le droit du peuple basque, a pris fin en Euskal Herria, et que les forces nationalistes représentent plus des 2/3 des voix, qui peut encore nier le droit des Basques?
A l’autre bout de la chaîne des Pyrénées, qui peut, honnêtement, nier la volonté historique, pacifique du peuple catalan à retrouver son indépendance? L’Etat espagnol ne peut passer outre les 2/3 des voix qui s’expriment par les partis nationalistes et les centaines de referendums locaux en faveur de l’indépendance, sans être volontairement coupable de violer le droit du peuple catalan.
A Bruxelles où, fort heureusement, c’est l’encre qui coule et non pas le sang, le compromis “à la belge” ne fonctionne plus complètement comme disent ceux qui ont le sens de la litote. Qui peut reprocher à un peuple de choisir librement un parti politique démocratique en charge de négocier avec ses futurs-ex partenaires la fin d’un pays qui n’a jamais eu de sens? Pour faire cela, les Flamands ont mandaté la NVA et son leader, Bart de Wever, à près de 30% l’an dernier lors des élections législatives, les derniers sondages annoncent même 40% de soutien en sa faveur. Qui peut refuser à ce point le message des urnes qui exprime simplement la volonté qu’ont les Flamands de négocier avec les Wallons leur auto-détermination?
L’Europe doit agir
L’Alliance Libre Européenne (ALE), parti politique européen dont le PNC fait partie, est le seul groupe politique qui, à Bruxelles, défend l’intérêt de tous les peuples dont certains ont, visiblement pour l’Union Européenne, une voix moindre que celle des autres.
Qu’ils soient membre de l’ALE ou d’un autre groupe politique, tous ces partis nationalistes de gouvernements partagent la volonté de construire l’Europe des peuples, celle qui reconnaît chaque peuple comme une entité unique, à part entière, celle qui donne à chaque peuple sa place dans la mosaïque européenne. La négation de l’européanisme de ces mouvements nationalistes par les capitales européennes est la preuve ultime de leur conservatisme aveugle qui ne mène à rien.
Pour éviter cela l’Union européenne doit prendre immédiatement deux initiatives majeures. D’une part, Bruxelles doit reconnaître comme officielles toutes les langues de tous les peuples d’Europe. La Commission européenne n’a pas le droit de discriminer une langue par rapport à une autre. Elle viole les traités en octroyant un statut à une langue et pas à une autre. Avec cette reconnaissance, non seulement les peuples sans Etat qui souhaitent retrouver leur indépendance pourront jouir de leurs droits mais tous les autres peuples et minorités qui n’auront jamais ce statut seront ainsi reconnus.
D’autre part, comme il existe des fonds pour les pays en voie d’adhésion (pays candidats) et d’autres pour les pays en situation de préadhésion (pays qui veulent devenir candidats), Bruxelles doit immédiatement mettre en place un fond européen pour les “Etats émergents de l’Union” qui sont ceux qui aujourd’hui sont déjà dans l’UE parce qu’ils font partie d’un Etat membre mais qui demain seront les nouveaux Etats membres de l’UE. Il faut, dès aujourd’hui, préparer l’élargissement interne car l’Ecosse et la Flandre sont peut-être les 28 et 29èmes Etats de l’Union !
Roccu GAROBY
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