Le conflit opposant les marins de la CGT à leur direction s’est achevé. Au regard des revendications avancées par les grévistes le compte n’y est pas. L’actionnaire principal n’entend pas développer la compagnie mais optimiser les profits, sans investissements supplémentaires. Tout au moins en termes de personnel. Or c’est précisément sur ce dernier point que le bât blesse depuis le rachat de la société par des actionnaires privés. Acquisition juteuse, puisque grâce à l’appui de Chirac l’État a littéralement bradé la SNCM. Chirac, un des grands amis des patrons de Buttler.
Depuis cette opération, 400 emplois se sont évaporés (non-renouvellement des départs en retraite principalement) et les conditions de travail considérablement dégradées. Et ce, par les effets d’une concurrence acharnée sur les lignes desservant la Corse. Car les compagnies privées détiennent le monopole des transports de passagers et de marchandises y compris sur les trajets en direction du Maghreb. Ces mêmes compagnies qui accèdent à l’enveloppe financière que l’office des transports de la collectivité territoriale de Corse octroie après les appels d’offres.
La manne est conséquente, bien que cette enveloppe soit dans les objectifs visés, destinée à amoindrir le prix du billet passager et le prix de la tonne de marchandise transportée. C’est donc dans ce décor où les seuls mécanismes de l’économie de marché font loi que sont méprisés les intérêts des travailleurs en même temps que ceux du peuple corse. Économie de marché, qui sous l’égide de l’Europe des capitalistes, organise l’activité du « Tout Tourisme » dont le solde est édifiant : 4 millions de touristes, 80 % de la richesse produite captés par moins de 8 % des professionnels du tourisme.
Les marins grévistes de la CGT avaient donc toutes les bonnes raisons pour exiger la création d’emplois et l’achat de nouveaux navires. L’argent est là mais ce sont les seuls dividendes des actionnaires que la direction de la SNCM entend privilégier.
Les marins du STC ont tout autant raison de réclamer la création d’une compagnie régionale et publique de navigation. C’est donc maintenant aux forces politiques soucieuses prioritairement des intérêts du peuple corse et des travailleurs, non seulement de se positionner mais d’œuvrer concrètement à une solution garantissant ces intérêts. Depuis dix ans, un collectif a été mis sur pied. Il regroupe aujourd’hui le STC, des sections CFDT du secteur maritime et, au niveau politique, A Manca et Corsica Libera, seules organisations du mouvement national à s’être positionnées.
A Manca a fait connaître dans son programme ses propositions qui peuvent se résumer ainsi : pour la création d’une compagnie maritime régionale de service public dont le siège social doit être sur le sol de notre pays. Les moyens humains, matériels et financiers existent. Il s’agit de récupérer les navires de la SNCM, de ne donner accès aux subventions publiques qu’au seul service public. La formation des hommes
assurer les formations continues.
Nous insisterons enfin sur un aspect : la future compagnie doit être de statut public et comprise comme la propriété collective et inaliénable du peuple corse, des marins et des sédentaires.
Serge Vandepoorte. A Manca. Mars 2011.
http://www.a-manca.org/
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