Après l’assassinat d’un de ses militants, Philippe Paoli, l’organisation clandestine est sortie du bois. Alors qu’hier (dimanche 10 juillet) le FLNC s’en prenait aux multinationales qu’il accuse de faire main-basse sur l’île, la mouvance se voit aujourd’hui confrontée à d’autres forces.
« Ceux qui ont accompli cet acte n’ont pas mesuré sa portée, ni ses conséquences ». Le FLNC pèse ses mots. Et il compte bien être entendu. Dimanche, pour sa conférence de presse en hommage à Philippe Paoli assassiné le 29 juin dernier à Folelli, l’organisation clandestine a choisi un lieu « symbolique » pour lancer son message. Il n’en fallait pas moins pour « un militant historique », qui a « participé de manière active et permanente à l’ensemble des luttes du peuple corse ».
Agression. C’est donc au crépuscule, sur les hauteurs du village de Pruno dans la Castagniccia, d’où était originaire Paoli, qu’une trentaine d’hommes cagoulés et lourdement armés ont montré qu’ils avaient du répondant. Un homme, dont la voix est déformée, fait lecture d’un communiqué sobre mais clair. « Nous avions prévu de communiquer sur un autre thème politique d’importance, mais au vu de la disparition tragique de notre militant nous n’interviendrons que sur ce thème », prévient-il en préambule. Il n’y aura donc pas de place aux questions. Et, pour quelques instants, on laisse en suspens d’autres préoccupations. « Au moment où le mouvement national est en passe d’arracher d’importantes avancées politiques, l’assassinat par un groupe mafieux de notre militant vient assombrir la vie politique de notre pays », lit-il avant de préciser que l’« organisation saura faire face à cette agression ». A bon entendeur…
Risques. La dernière déclaration du FLNC s’était déroulée en comité restreint improvisé lors des Journées internationales de Corte en août dernier. Cela faisait donc longtemps qu’une conférence de presse avec démonstration de force n’avait pas été organisée. Et si, en juin 2010, les clandestins posent armés devant l’objectif, c’est pour l’exclusivité du magazine Corsica, qui les interroge alors sur les excellents résultats des listes nationalistes aux élections territoriales. En médiatisant à coup d’images leur intervention d’aujourd’hui, cela rappelle l’époque des nuits bleues, des revendications d’attentats contre des bâtiments publics. Sauf que les choses ont changé. Alors que les organisations clandestines s’en prenaient aux multinationales ou aux lobbies, accusés de faire main-basse sur le tourisme ou le transport maritime, elles se voient désormais confrontées à d’autres forces : des « groupes mafieux », qui ne sont pas nécessairement des étrangers. Ont-elles les moyens de les combattre ? C’est en tout cas, ce que le FLNC tend à démontrer. Prennent-ils des risques ? Assurément, estiment des observateurs.
Chaos. Proche du nationaliste Charles Pieri, interpellé le 19 juin dernier, après s’être soustrait à la justice durant plusieurs semaines, ou mis au vert après s’être senti menacé à Nice où il travaillait alors, Philippe Paoli a-t-il été une victime collatérale ? Doit-on lire également un avertissement dans l’attentat du 27 juin qui a visé une résidence immobilière en construction à Santa-Maria-Poggio au sud de Bastia, sur laquelle l’entreprise de bâtiment de Paoli oeuvrait ? Si le sigle « FLNC » avaient été retrouvé inscrit sur le bâtiment, la mouvance dément « toute participation à l’attentat contre le complexe Melody ». En revanche, le FLNC met en cause « la politique menée par l’Etat français » de la situation de chaos que connaît la Corse. Il y a du monde sur la ligne de front.
14/07/2011 24 Ore n°309
Par Emmanuelle Peretti
Photo : Emmanuelle Peretti
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