La cour d’assises spéciale de Paris, qui rejuge Yvan Colonna pour l’assassinat en 1998 du préfet Erignac, a décidé aujourd’hui mercredi de verser aux débats la lettre de menaces attribuée à l’accusé et adressée à un témoin clé de l’accusation, rejetant la demande d’irrecevabilité de la défense.
Cette lettre avait été apportée aux débats, le vendredi 27 mai dernier, par le directeur de la police judiciaire, Christian Lothion. Ce dernier avait déclaré à l’audience: ” Je n’ai pas vu l’original de cette lettre. J’ai simplement reçu une photocopie de mon informateur. Je sais que l’on peut faire dire n’importe quoi à une photocopie. Cependant, cette lettre me semble interssante ” avait poursuivi Christian Lothion.
Aujourd’hui mercredi, c’est cette photocopie que le président de la cour d’assise spéciale a décidé de verser aux débats, en rejetant la demande d’irrecevabilité de la défense
Face à cette décision, l’avocat du berger corse, Eric Dupond – Moretti s’est levé pour apostropher le Président. ” Tout le monde en convient. On peut faire dire n’importe quoi à une photocopie. J’entends vous le démontrer une nouvelle fois aujourd’hui. J’ai repris la lettre attribuée à Yvan Colonna ” a clamé l’avocat. ” Je l’ai photocopiée. Elle a la même calligraphie, les mêmes mots. Je l’ai découpée. Et j’ai organisée son contenu différemment, jusqu’ à lui faire dire exactement le contraire de ce qui était notifiée dans la première lettre “.” Je demande, évidemment, M. le Président, que cette lettre soit versée, elle aussi au dossier “.
Par ailleurs, Me Eric Dupond – Moretti a ajouté: ” Nous rédigeons immédiatement un pourvoi en cassation demandant un examen immédiat de cette lettre et son retrait “. Devant cette charge spectaculaire, une onde de choc a saisi la cour d’assise spéciale de Paris, qui a levé les débat lors d’un incident d’audience.
La défense d’Yvan Colonna va saisir la Cour de cassation à la suite de la décision mercredi de la cour d’assises de Paris de ne pas écarter des débats la photocopie d’une lettre attribuée au berger de Cargèse, remise le 27 mai par le directeur central de la police judiciaire.
Les avocats d’Yvan Colonna, rejugé pour la troisième fois pour l’assassinat du préfet Erignac, ont annoncé qu’ils allaient saisir la Cour de cassation d’une requête en examen immédiat.
L’audience a été suspendue le temps que la cour d’assises rédige l’arrêt lu à l’audience par son président, Hervé Stéphan.
Les avocats d’Yvan Colonna avaient demandé à la cour d”écarter cette photocopie de la lettre, rédigée en corse, et attribuée à Yvan Colonna, adressée à l’un des membres du commando qui a assassiné le préfet de Corse, Claude Erignac, le 6 février 1998.
Provenance indéterminée du document
Dans sa décision, la cour d’assises a estimé que la provenance indéterminée du document ou son caractère prétendument frauduleux ne suffisaient pas à l’écarter des débats, la cour se réservant d’en apprécier sa valeur probante.
Dans ce courrier, traduit à la demande de la cour d’assises par un magistrat en poste à Bastia, l’auteur supposé être Yvan Colonna s’adressait en termes violents à Pierre Alessandri, promettant la “guerre” s’il ne le dédouanait pas.
Les avocats du berger de Cargèse ont remis à la cour une autre traduction de ce courrier, la teneur étant moins violente que la première.
Dans un premier temps, la défense d’Yvan Colonna avait expliqué que cette lettre pouvait être analysée comme un cri de désespoir de l’accusé avant de contester l’authenticité de ce courrier dont il n’a été produit qu’une photocopie par le directeur central de la police judiciaire, Christian Lothion. Ce dernier avait refusé, pour des raisons de sécurité, de donner le nom de l’informateur qui lui avait remis ce document.
Lire demain le compte – rendu d’audience de notre envoyé spécial Eric Nicolas
Comparez les lettres en pièces jointes. La première à charge contre Yvan Colonna. La seconde ” réécrite par ses défenseurs “
Revue de presse : http://www.estrepublicain.fr/fr/a-la-une/info/5224034-Bataille-de-lettres-au-proces-Colonna
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