La cour d’assises spéciale de Paris, qui rejuge Yvan Colonna pour l’assassinat en 1998 du préfet Erignac, a décidé de verser aux débats la lettre de menaces attribuée à l’accusé et adressée à un témoin clé de l’accusation. Elle a rejeté ainsi la demande d’irrecevabilité de la défense.
Par ailleurs, un témoin, l’ex-épouse d’un membre du commando condamné pour l’assassinat en 1998 du préfet Erignac, dont le témoignage en garde à vue en 1999 constitue l’un des principaux éléments à charge contre Yvan Colonna, s’est refusée à tout commentaire mercredi au procès du berger de Cargese.
Le refus de parler de Jeanne Finidori
Jeanne Finidori, ex-épouse d’Alain Ferrandi, considéré comme le chef du commando, avait été convoquée une première fois le 20 mai mais avait expliqué dans un courrier ne pas vouloir se présenter à une audition «éprouvante et inutile». La cour l’avait reconvoquée à la demande de toutes les parties.
Jeanne Finidori a d’abord répugné à prêter serment, ne le faisant que sur l’insistance du président, Hervé Stephan. Puis, d’une voix à peine audible, elle a déclaré «je n’ai rien à dire». Elle a fait obstinément la même réponse à toutes les questions de la cour, des parties civiles, du ministère public et de la défense.
«J’ai tout de suite compris. J’étais comme hallucinée»
Placée en garde à vue en mai 1999 lors de l’arrestation de plusieurs membres présumés du commando, elle avait dit avoir vu arriver à son domicile d’Ajaccio le soir de l’assassinat, le 6 février 1998, son époux accompagné d’Yvan Colonna et Pierre Alessandri. Après avoir entendu à la radio ce soir-là la nouvelle de l’assassinat du préfet, «j’ai tout de suite compris. J’étais comme hallucinée», avait-elle dit à l’époque. Le trio avait selon elle passé la nuit à son domicile. Alain Ferrandi et Pierre Alessandri ont tous deux été condamnés à perpétuité en 2003 comme coauteurs de l’assassinat.
Reconvoquée en 2004, après l’arrestation d’Yvan Colonna à l’issue de sa cavale (1999-2003), Jeanne Finidori avait dit ne plus se souvenir de rien. «Etes-vous dans la crainte de quelque chose?», lui a demandé l’avocat de la famille Erignac, Yves Baudelot. «Avez-vous quelque chose à dire sur l’implication d’Yvan Colonna» dans les faits qui lui sont reprochés?, a également tenté en vain l’avocat général Alexandre Plantevin. Cette question était «une invitation à mettre Yvan Colonna hors de cause s’il y avait matière. Elle ne l’a pas fait. Elle a maintenu implicitement ses accusations. Manifestement, elle est terrorisée», a commenté devant la presse Me Baudelot.
Revue de presse : http://www.20minutes.fr/article/737857/proces-colonna-lettre-menaces-berger-corse-versee-debats
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