La gauche française a un long passé colonial. Au XIXème siècle les nouvelles croisades se firent afin d’apporter aux indigènes, que l’on massacrait et que l’on spoliait, les lumières du positivisme ! Auguste Comte et Jules Ferry remplaçaient le Christ Roi…
Qui aurait-il de si étonnant après tout qu’un gouvernement socialiste, à la pensée et à la rhétorique aussi parfaitement orthodoxes, intervînt au nom de la « démocratie » africaine et de « la solidarité internationale » ?
Rien ou presque rien, si ce n’est la nature contestable du régime malien soutenu par l’armée française, alors que de fortes suspicions d’exactions systématiques et de climat avéré de guerre civile rappellent déjà les sinistres opérations du Biafra et du Rwanda. Les « interventionnistes » français présentent un front uni de la Droite à la Gauche, toujours « en vertu des grands principes » ; cet unanimisme rappelle étrangement celui des Italiens partisans de l’entrée en guerre de l’Italie en 1915.
Certes, dans la configuration actuelle, il y a peu de chances pour que la petite armée française subisse un nouveau Caporetto, pas plus que la Vème République voie poindre un nouveau Mussolini. Mais cette entrée en guerre révèle trois choses : la France est aujourd’hui la 5ème puissance économique du Monde, mais sur le plan politique et militaire, elle est un nain que ses alliés naturels européens laissent à ses fantasmes jamais assouvis de nostalgie coloniale.
C’est la première grande faute de François Holland. Mais dira-t-on, elle ne concerne que la politique extérieure…Justement, tout le monde comprendra, et les contribuables en premier, que cette intervention, sans doute motivée en partie par la défense des intérêts de groupes français dans la région, tombe un peu trop à pic pour ne pas dissimuler les difficultés intérieures qu’affronte le gouvernement. Et qu’une guerre, même avec l’aide américaine et européenne, c’est quelque chose qui coûte cher à l’heure de restrictions présentées comme la priorité des priorités.
Cette posture enfin, de grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf, ne ménagera pas à la France la confiance des partisans raisonnables d’une construction européenne. Bien au contraire, l’amateurisme qui préside à cette guerre picrocholine affaiblit la marche vers la construction européenne. Les thuriféraires de la France éternelle pourraient constater à terme « chi u signori ùn paga micca tutti i sàbate sera » !
Ghjacumu Petru
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