Les Corses refusent la décision funeste qui supprime les arrêtés Miot, et ils comptent bien se faire entendre jusqu’à obtenir gain de cause. L’impact de l’action de dénonciation menée par les élus de Femu a Corsica devant les grilles du Conseil Constitutionnel à Paris a été très large. La clameur qui monte dans l’île va se faire entendre crescendo, et la situation politique ainsi créée est tout à fait nouvelle.
Au passage du jour de l’an, dans le secret de leurs délibérations et au mépris d’un droit local datant de plus de 200 ans, neuf membres du Conseil Constitutionnel ont rayé d’un trait de plume les droits ancestraux du peuple corse, et mis à l’encan son patrimoine foncier. Le peuple corse subit ainsi l’arbitraire le plus total, au mépris du vote unanime de l’Assemblée de Corse, et malgré le vote de neuf députés et sénateurs sur dix au Parlement.
Le refus catégorique et quasi-unanime exprimé sur l’île tient à plusieurs raisons qui se cumulent. Tout d’abord il y a l’importance de la question foncière, ressentie ici comme une priorité à l’heure de la spéculation qui fait flamber les valeurs foncières, et donc les droits de succession qu’il faudra désormais acquitter au moment de la transmission familiale. La fin des arrêtés Miot enclenchera la machine à vendre, ventes sur lesquelles les plus fortunés, pour la plupart d’entre eux extérieurs à la Corse, pourront spéculer de plus belle.
Deuxième raison : les arrêtés Miot font partie du patrimoine politique insulaire, et leur remise en cause par une décision autoritaire, non négociée, sans aucun appel possible, est tout simplement sidérante. Comment autant d’arbitraire est-il possible ? C’est un spectaculaire retour quarante ans en arrière, dans les actes comme dans les méthodes. Cette décision nie quarante années de combat politique, et les autorités parisiennes voudraient que les Corses en restent là !
La troisième raison n’est pas la moindre. En fait c’est une déclaration d’hostilité générale que le Conseil Constitutionnel a déclaré à l’encontre de toute perspective d’évolution institutionnelle dans l’île, pour la co-officialité de la langue, pour le foncier, pour l’autonomie fiscale, pour un statut de résident, etc… En voulant enfermer la Corse dans une régression institutionnelle qu’elle refuse, le système jacobin et ses intégristes du Conseil Constitutionnel érigent une impasse politique totale contre laquelle les Corses vont se dresser massivement.
Car la mobilisation n’en est qu’à son tout début, et elle ira crescendo. Toutes les forces politiques insulaires seront interrogées par l’indignation qui se propage, et les forces du « droit commun » se diviseront inéluctablement face au refus obstiné de l’Etat.
A gauche, au-delà des quelques tenants de la logique jacobine, ceux qui soutiennent le gouvernement qui manifestement semble se satisfaire de la situation créée par le Conseil Constitutionnel seront de plus en plus mal à l’aise. La demande de révision de la Constitution portée par l’Exécutif et la Commission Chaubon reste pour eux le seul espoir de desserrer l’étau parisien. Tous se retrouvent face à un choix, et ils devront s’engager. Dans ce nouveau contexte, les hésitants devraient être moins nombreux.
A droite, la question des Arrêtés Miot est très sensible. Le recours qui a permis la décision du Conseil Constitutionnel compte la signature des trois députés insulaires UMP qui ont ainsi été piégés. Leur camp ne peut se laisser piéger à son tour, et l’électorat poussera pour qu’ils aillent dans le sens de la réforme constitutionnelle proposée. Les positionnements à rebours développés jusqu’ici par Jean Jacques Panunzi, Camille de Rocca Serra et Ange Santini pour contrer la majorité de Paul Giacobbi en seront beaucoup plus difficiles à tenir. S’ils continuent à affaiblir le « camp corse » à l’Assemblée, ils en sortiront inéluctablement affaiblis dans les urnes.
Enfin, le mouvement nationaliste va se retrouver de facto en première ligne des attentes du peuple corse. En s’engageant dans la mobilisation tambour battant, il peut développer une dynamique nouvelle, et rebondir à nouveau dans l’opinion.
La décision du Conseil Constitutionnel éclaire ainsi la vie politique insulaire d’un jour nouveau. Dans les semaines à venir, une nouvelle donne politique va se dessiner.
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