La cherté de la vie en Corse n’est pas une chimère mais une réalité qui ampute depuis longtemps de manière récurrente le pouvoir d’achat des ménages insulaires. Le sentiment d’injustice et de colère est d’autant plus prononcé que des dispositifs existent, réfactions de TVA et continuité territoriale pour le franco de port, afin de soulager le handicap d’insularité au bénéfice des consommateurs. Le CRIEES a souligné les attentes fortes. Il y a une exigence exprimée depuis très longtemps, notamment dans les grands mouvements sociaux de 1989 et 1995.
Depuis il faut reconnaître que, mis à part la prime de transport et sa revalorisation insuffisante, l’impuissance voulue de l’Etat qui ne contrôle pas l’usage de l’argent public et le refus patronal d’étendre cette prime au privé n’ont fait que concourir à l’aggravation des inégalités et de la précarité sur fond de zone franche. Voila pourquoi nous voyons dans le partenariat avec l’Etat plus que la possibilité de disposer des instruments de la statistique, mais parce que l’obligation de résultat s’impose, la possibilité de mettre en œuvre des mesures pour rétablir les choses en faveur des consommateurs.
C’est pourquoi nous mesurons tout l’intérêt des trois dimensions essentielles à partir desquelles l’observatoire travaillera : structure de l’économie, entreprise, revenus et prix. Ce dernier point à propos duquel, à plusieurs reprises depuis 1989, nous sommes intervenus souvent seuls dans cet hémicycle, requiert la plus grande attention. Mis en perspective avec la pyramide des âges, l’écart de revenus de 7.5 entre les ménages les plus aisés et les plus modestes souligne le risque d’accentuation de la pauvreté compte tenu des ressources des retraités. Voila pourquoi il faut traiter conjointement le problème des salaires et décortiquer le mécanisme des prix.
Connaître et comprendre, obtenir la transparence sont une nécessité pour agir efficacement. Pour ces raisons, brièvement rappelées mais non exhaustives, nous voterons pour la création de cet observatoire, que nous avions demandé avec insistance, en soulignant que des moyens humains et financiers lui sont attribués en conséquences. Cela traduit, enfin, l’affirmation de la volonté politique en ce domaine de la nouvelle majorité régionale confortée par la prise en compte des remarques que j’ai faites en Commission du développement, ici reprises sous forme d’amendements, afin que les organisations syndicales soient partie prenante du Criess et que l’appellation COSQUE soit complétée par l’ajout du mot social.
Michel Stefani
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