“Le Conseiller territorial nationaliste de Femu a Corsica considère avec une certaine bienveillance le travail accompli par le conseil exécutif. De là à imaginer un rapprochement avec la majorité territoriale…”
On le constate lors des sessions. Vous êtes dans l’opposition, mais dans une attitude plutôt mesurée, pourquoi ?
Les Corses n’ont pas à rougir de leur assemblée. Les travaux s’y déroulent de façon sérieuse et réfléchie, en commission comme en séance publique. Je dois prendre acte du fait que l’exécutif, Paul Giacobbi en tête, a rompu avec le traditionnel ronronnement émis en avant la prise en compte de notre situation spécifique. Le travail fourni par Maria Giudicelli ou Pierre Ghionga est indiscutablement positif, comme celui de Pierre Chaubon qui dirige la manoeuvre sur les projets de réforme constitutionnelle et institutionnelle avec compétence et efficacité.
Vous n’auriez pas une idée de recomposition au sein de la majorité derrière la tête ?
Une redistribution des cartes ne s’improvise pas, et encore moins en milieu de mandature. Par contre, l’importance décisive des questions à trancher imposera une clarification, à droite comme dans la majorité régionale puisque chacun devra se positionner, au moins par ses votes. Tous ceux qui rêvent d’un progrès véritable pour notre île doivent converger au*delà de leurs différences, car les tenants du statu quo, eux, font bloc. Il faudra obtenir une large majorité à l’assemblée, puis dans l’opinion, afin d’avoir le maximum de possibilités de faire évoluer le pouvoir central, dont le moins que l’on puisse dire est qu’il est tiède pour l’instant.
Pourtant, devant nous, il y a davantage de sujets polémiques que consensuels…
Contrairementà d’autres mandatures où l’on s’empressait de ne parler de rien, celle-ci est décisive, ne serait-ce qu’à travers le PADDUC. Le fil général est le suivant : réfléchissons à dégager de solutions pragmatiques mais véritables, afin de traiter sur le fond ce q u’il est convenu d’appeler la question corse. Nous traînons les mêmes avanies, débats et polémiques, depuis des décennies sans sortir de la catastrophe économique, sociale, culturelle et donc politique. La conjoncture politique, qui ne se représentera pas avant longtemps, nous permet d’avancer à condition de le vouloir.
Mais cela suppose une révision constitutionnelle controversée et qui sera difficile à obtenir…
Il faut comprendre que le cadre actuel est dans l’incapacité structurelle de prendre en compte toute forme de spécificité. L’uniformisation a la qualité de placer tous les citoyens sur le même plan, mais nie obligatoirement des aspects fondamentaux ; la dimension culturelle, la profondeur historique, le sentiment d’appartenance… Pour nous, l’idée n’est aucunement de jouer la discrimination. La Corse a toujours accueilli et intégré des gens venus de tous horizons et nous considérons cela comme une richesse. Par contre, il est inenvisageable de voir notre société se diviser en communautés étanches. Une société avance quand, au delà des différences, existe un fond commun.
C’est ce que vous espérez pour la coofficialité de la langue corse ?
On n’impose pas une langue en gavant les gens avec des entonnoirs. Ce n’est pas par le viol que l’on rétablira notre langue, mais par une reconstruction patiente. L’enseignement partira des petites classes et par sa continuité fera partie, sur un mode naturel, de l’environnement culturel des gosses. Cela dit, il faudra bien prendre ces mesures de transmission…
Plus compliquée encore, la question foncière et le statut de résident…
Le sujet est éminemment difficile. L’évolution actuelle fait qu’il est de plus en plus malaisé d’accéder à la propriété car notre île est très recherchée et qu’une sélection par le pouvoir d’achat s’y est donc développée. Corollaire inévitable, la spéculation se déchaîne. Il est de notre devoir de bloquer cette dynamique de dépossession. Par les moyens conventionnels actuellement à disposition rien d’utile ne peut être réalisé. Le statut de résident, qui n’est nullement discriminant puisqu’il s’imposerait à tous, permettrait peut-être de limiter la casse.
Si les gens qui critiquent ont mieux à proposer, qu’ils le fassent.
Evoquons Bastia. Les polémiques municipales à gauche doivent réjouir le groupe inseme…
Inseme per Bastia ne doit pas spéculer sur les divisions de la majorité municipale. Elle doit plus sérieusement se présenter comme une force crédible offrant aux Bastiais la possibilité d’une véritable alternance démocratique. Notre ville a besoin d’un sursaut qui la rende plus accessible, plus vivante, plus présente sur le plan régional où elle tend à être véritablement marginalisée. Cela dit, les Bastiais doivent intégrer certaines analyses venues de la propre équipe en place et en tirer toutes les conséquences.
Source : interview de Michel Castellani par Jean-Marc Raffaelli in Corse-Matin du 4 octobre 2012
Femu A Corsica
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