Pour la première fois depuis la création des journées nationalistes de Corte il y a 31 ans, une dizaine d’élus corses des partis traditionnels ont répondu à l’invitation des indépendantistes de Corsica Libera pour débattre de l’avenir institutionnel de l’île.
Plusieurs membres de l’exécutif de la Collectivité territoriale de Corse, dont la majorité est à gauche depuis 2010, et le député UMP de Corse-du-Sud Laurent Marcangeli ont notamment débattu de la co-officialité de la langue corse, de l’instauration d’une citoyenneté corse pour enrayer la spirale de la spéculation foncière et des réformes institutionnelles.
“Ce qui se passe aujourd’hui est essentiel. Nous pouvons être suffisamment matures pour faire monter à Paris notre volonté de réforme”, a déclaré M. Marcangeli.
Le nouveau député UMP, qui s’est présenté “en homme libre partisan d’une Corse émancipée dans la République”, a été applaudi par le millier de personnes réunies à l’Université de Corse pour cette grand-messe nationaliste estivale dans la capitale historique de l’île.
Plaidant pour “un dialogue franc et sans tabou”, il a ajouté que “si un consensus (était) trouvé au sein de l’Assemblée de Corse”, il pourrait, avec les trois autres parlementaires insulaires (deux de droite, un de gauche), défendre à Paris les réformes constitutionnelles nécessaires.
Au nom du parti socialiste, la conseillère exécutive Emmanuelle de Gentile s’est réjouie que, depuis la victoire de la gauche aux élections territoriales de 2010, “le débat porte désormais au fond”.
“Sans être pour l’indépendance, je suis pour la diminution des dépendances”, a-t-elle déclaré, soulignant que “la volonté de réforme (devait) venir de Corse”.
Représentant du courant nationaliste modéré, l’élu territorial Michel Castellani, représentant la coalition Femu a Corsica (Faisons la Corse, 11 élus), a estimé que la démarche de convergence avec les indépendantistes était “une occasion à saisir”.
Pour le président de la commission sur l’évolution institutionnelle à l’Assemblée, Pierre Chaubon, l’initiative de Corsica Libera est la preuve d’une “maturité nouvelle” au sein de la classe politique insulaire.
Consensus
M. Chaubon a plaidé pour un nouvel élan de la décentralisation en Corse lors du débat qui débutera en octobre au Sénat. “J’irai devant les forces les plus conservatrices pour leur parler d’autonomie”, a-t-il affirmé. Il a toutefois ajouté qu’il n’y aurait “pas d’issue en dehors de la République et en dehors de la violence sous toutes ses formes”.
Le débat, qui s’est déroulé dans une ambiance courtoise et chaleureuse, a été suivi de la traditionnelle grande réunion publique de Corsica Libera.
Félicitant les élus invités pour leur “courage politique”, l’un des dirigeants du parti indépendantiste, Jean-Guy Talamoni, a déclaré que “la nécessité d’une révision constitutionnelle pour la Corse (était) aujourd’hui largement admise”.
Rappelant que, depuis 2010, “un rapprochement des points de vue avait pu être effectué”, il a exprimé le souhait de son parti, qui compte 4 élus à l’Assemblée territoriale, “de poursuivre le dialogue avec l’ensemble des responsables politiques de la Corse”.
Plaidant pour “un consensus intégrant la droite et la gauche”, il a souligné que le gouvernement, en dépit de “son intention affichée de prendre en compte la volonté de l’Assemblée de Corse, (…) ne disposait pas des 3/5e du congrès nécessaires à la révision de la Constitution”.
Il a également annoncé que Corsica Libera demanderait “dans les jours à venir” à s’entretenir avec le parti socialiste et avec l’UMP.
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Corsica Libera
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