Le samedi 14 juillet 2012 [11h05] (www.unita-naziunale.org) : Pierre Poggioli actuellement militant de Corsica Libera est responsable nationaliste de la première heure, ancien cadre du FLNC, membre fondateur du STC et ancien conseiller territorial à l’Assemblée de Corse (1984-1998).
Il est aussi l’auteur de nombreux ouvrages sur l’histoire du nationaliste et du FLNC. Il est Docteur en sciences politiques. Il a été “interpellé” en tant que témoin, mardi dernier dans une affaire datant de 1987..
Voici son témoignage : Le mardi 10 juillet 2012, à six heures du matin, j’ai eu la visite de policiers venus me chercher «en tant que témoin» pour me conduire au commissariat, sur demande expresse du juge Thiel, venu de Paris. Partant de l’Affaire Laffay (1987) celui-ci, s’appuyant sur mes ouvrages écrits sur la situation politique de ces années-là, m’a interrogé sur l’ensemble des «affaires liées au FLNC» des années 80.
Alors que la gauche s’est à nouveau installée au pouvoir et que l’ensemble des mouvements nationalistes, se prévalant de résultats électoraux en progression constante, les rendant désormais incontournables dans toute discussion concernant l’évolution politique, économique, sociale et culturelle de notre communauté , en appellent à un Règlement politique du dossier corse, on ne peut que s’inquiéter de telles démarches répressives. D’autant que depuis une quinzaine de jours, les interpellations (gendarmerie, PJ, DNAT..) visant la mouvance nationaliste se sont multipliées (une trentaine, selon l’association Sulidarità)
Dans la meilleure des hypothèses, on pourrait penser que le Juge Thiel et certaines forces de police et de justice, un peu déboussolées ou craignant une mise à l’écart du fait du changement de pouvoir, ne cherchent qu’à se rappeler au bon souvenir des nouveaux dirigeants français.
Mais il faut aussi se poser la question de savoir, au vu des derniers évènements mortifères (multiplication des assassinats sur fond de dérive politicio-mafieuse, irriguée par la spéculation immobilière et la prolifération des réseaus de drogue) si cette offensive judiciaire et policière ne rejoint pas celle de nombre de politiciens du clan et du pouvoir français qui caressent l’espoir de « gommer » les fondements de la revendication nationale corse en la vidant de tout soubassement politique et oeuvrant dans l’ombre, espérant pouvoir relier tous les évènements politiques de ces quarante ans au développement du grand banditisme pour « criminaliser » définitivement le combat des nationalistes corses. D’autant qu’au vu des question posées par le juge Thiel, aucun des nationalistes en vue durant les années 80, y compris tous ceux ayant rejoint la démarche nationaliste « modérée » ne semble échapper à l’attention du juge Thiel.
Il est donc urgent pour l’ensemble du mouvement nationaliste (toutes tendances confondues) de se pencher sur la situation subie aujourd’hui par les Corses, pour analyser les réalités de notre société sans tabous, même celles qui «font mal», en ayant conscience, au vu des derniers évènements dramatiques survenus, que toute évolution institutionnelle ne saurait être seule une réponse aux problèmes de société de notre peuple, si elle ne s’inscrit pas dans un véritable projet de société politique, économique, social et culturel commun, privilégiant un contenu, et non pas un quelconque contenant institutionnel faisant fi de tous ses problèmes sociétaux qui gangrènent notre île et notre communauté. Cela équivaudrait uniquement à nous confiner tous dans une lutte pour le pouvoir, sans aucune dimension politique en rapport à tous les idéaux qui, il y a quarante ans ont fait se mobiliser et se sacrifier des centaines de Corses, portés par l’espoir et la volonté de sauver notre peuple et de préserver les droits des générations futures sur leur terre de Corse.
Pierre Poggioli
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