L’ancien espoir du football, âgé aujourd’hui de 54 ans, est soupçonné par les enquêteurs d’être à la tête du FLNC « canal gamin ». Il le nie et annonce son souhait de cesser le militantisme.
Paul Istria est-il l’ancien patron du bar La Tana à Ajaccio, là où les nationalistes étaient les bienvenus ? Est-il l’homme qui était à la tête du FLNC « canal gamin » ? La cour d’assises spéciale de Paris va tenter de répondre à ces questions. Hier, elle a essayé de percer la carapace de cet homme, passé à côté d’une belle carrière de footballeur à l’AS Saint-Etienne au milieu des années 70, par amour pour la Corse. Habillé d’un tee-shirt blanc et d’un pantalon noir aux trois bandes, il apparaît en bonne forme physique. Bras croisés, déterminé, dans le box des accusés il en impose. Avant de passer sous le feu des questions du président et des avocats généraux, Paul Istria raconte rapidement son parcours. Mais, surtout, il se sert de la tribune qui lui est donnée pour rappeler son combat : la reconnaissance du peuple corse, l’intérêt collectif des Corses, la communauté de droits sur la terre…
Il nie être le patron de La Tana
Avant de s’attaquer au bar La Tana, malicieusement, le président Régis de Jorna interroge l’accusé sur ses moyens de subsistance. À 54 ans, l’homme n’a jamais roulé sur l’or. « Sur le plan professionnel, vous n’avez pas fait grand-chose », note le président. Ces dernières années, il vivait du RMI. Suffisant pour payer le loyer et se nourrir ? Régis de Jorna en doute. Et le bar La Tana ? « Je le fréquentais. Certains disent que j’étais le patron. Mais, non, je ne le suis pas. » Aujourd’hui, l’établissement est géré par un de ses frères.
Une chose que Paul Istria assume, c’est son militantisme auprès de la Cuncolta, de Corsica Nazione et du Comité Anti-Répression (CAR). « J’étais militant mais pas plus. J’étais chargé des relations entre les militants, des conférences de presse, des campagnes d’affichage… », explique l’accusé. Le président de la cour d’assises spéciale essaie de le prendre dans ses filets : « Vous ne contestez pas faire partie du FLNC-Union des combattants ? »
Paul Istria se raidit : « Comment ça ? Non je n’en fais pas partie ». Régis de Jorna glisse alors sur la lutte armée. « Quelle est votre position ? » Paul Istria ne se démonte pas. « Je ne la condamne pas, dit-il, même si j’ai pu condamner certains attentats. Je suis dans un mouvement qui, par principe, ne condamne pas la lutte armée. »Un peu plus tard, l’avocate générale, Anne Obez-Vosgien, essaie bien de le pousser dans ses retranchements sur les attentats. Mais, en le prenant de front, elle le braque. « Nous sommes sur les interrogatoires de personnalité, pas sur le fond du dossier, lance-t-il excédé. Je ne répondrai plus à cette question. »
Elle lui rappelle qu’il a été condamné puis amnistié en 1989 dans le même type d’affaire. Qu’il a fait l’objet d’un non-lieu en 1997. Les échanges sont vifs. Pour rester sur une note positive, Me Pascal Garbarini relit alors les passages d’une lettre écrite par son client à l’attention de la cour. Paul Istria y affirme qu’il se retirera de la vie politique, même s’il gardera ses convictions, qu’il faut chercher la voix de l’apaisement et que le combat doit être démocratique. Il se réjouit par ailleurs que le mouvement nationaliste soit la deuxième force du territoire « grâce à une prise de conscience de nombreux Corses ». Cette lettre a été jointe au dossier du service d’insertion et de probation « plutôt positif et qui donne l’espoir d’une réhabilitation ». De là à l’exonérer de toute responsabilité ? Les semaines à venir le diront.
La cour a également auditionné Dominique Mattei, Marc-Antoine Colleoni et Ange-Marie Païs. Aujourd’hui, elle continuera de tenter de cerner les personnalités avec, notamment, Jean-Marie Pitilloni.
DOSSIER PROCES DU 4 JUIN SUR CORSICA INFURMAZIONE
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