Les élections législatives subissent le contrecoup de l’interminable campagne des présidentielles qui, de prémisses en primaires, a monopolisé l’actualité de nombreux mois durant. La «passion» est retombée avec l’intronisation de François Hollande, et les électeurs peinent à se motiver pour ce nouveau scrutin.
En fait, l’opinion a encore la tête et l’esprit dans le nuage politique parisien. Les élections législatives leur sont présentées comme un simple prolongement de la présidentielle, et ils peuvent en oublier qu’elles sont avant tout une élection locale, qui désignera la représentation parlementaire du peuple corse à Paris.
Car, en Corse, ces élections législatives ont une importance tout à fait capitale : elles sont l’occasion d’un basculement historique pour le nationalisme corse. Jusqu’à présent, l’élection législative était une chasse gardée des grands partis français, avec en Corse le caractère particulier du poids des «clans», giacobbiste, zuccarelliste, rocca-serriste ou même bonapartiste. Et le «mandat national», pour tous ces chefs de clan en place, ou en devenir quand le fils prend la succession du père, c’est la conquête du Graal. Député ou sénateur, pour espérer pouvoir être un jour ministre, c’est pour eux à la fois un objectif incontournable de carrière, celui qui éclipse tous les autres, et un moyen essentiel pour assurer sa longévité à la tête du clan, en monopolisant le relationnel avec «Paris», tant au sein du parti politique que dans la relation avec les gouvernements successifs. Ce «système» avait déjà pris du plomb dans l’aile avec la disparition du parti bonapartiste à Aiacciu : son duel avec José Rossi s’est terminé par la disparition des deux combattants ! Les «zuccarellistes» ont survécu, grâce à leur bastion municipal bastiais, à la défaite législative de leur champion Emile Zuccarelli face à Sauveur Gandolfi-Scheit il y a cinq ans. Cependant, l’érosion du «système» et de ses codes ancestraux (équilibres géographiques et familiaux) était donc déjà visible.
Les élections territoriales de mars 2010 ont porté un nouveau coup décisif au système, en regroupant 26% des voix autour de Femu a Corsica, ce qui crédibilise l’option d’une stratégie majoritaire pour les idées des nationalistes corses, sur la base d’un nationalisme modéré, capable de prendre la tête des institutions de la Corse. Or à la tête de ces institutions se trouve depuis des générations et des générations le système claniste. Désormais, il joue donc sa survie.
Aussi, en juin 2012, c’est à un «renversement systémique» auquel on pourrait assister. Déjà, nous devrions être, au moins à Portivechju et Bastia, dans le jeu du second tour. Ce serait la première fois. Nos candidats, Jean Christophe Angelini et Gilles Simeoni, sont même souvent les favoris des pronostics, ce qui annonce, à tout le moins, des scores serrés, et donc un second tour qui focalisera à nouveau toutes les passions. Puis les électeurs décideront….
Tout faire pour que le score bascule. C’est bien sûr notre préoccupation à une semaine du scrutin. L’ennemi c’est l’abstention de celui ou celle qui, aspiré par la logique des présidentielles, ne s’intéressera pas à ce scrutin trop peu «régional» d’apparence. Rappelons-nous du referendum de 2003, et de ses conséquences néfastes, quand la démobilisation des nationalistes avait fait le jeu de nos adversaires.
Ce risque d’abstention, c’est par la proximité qu’on peut le combattre : à vous tous de jouer, dans votre environnement le plus proche, en famille, au travail, dans vos clubs sportifs et autres, pour que la dynamique des élections territoriales se retrouve à nouveau dans les urnes législatives. Car c’est au premier tour que l’élection va se jouer, surtout dans l’hypothèse d’une triangulaire au second tour.
À l’approche du scrutin, les événements de campagne se succèdent en allant crescendo. Nul doute que le score sera serré. Raison de plus pour s’y mettre à fond. Avec nos candidats, nous sommes engagés dans un combat essentiel pour l’avenir du peuple corse.
François ALFONSI
Vous aimez cet article ? Faîtes-en profiter vos amis !
Faites passer l’information autours de vous en cliquant sur :
Comments are closed.