Après celles de 2007 où il avait, dans cette même circonscription, obtenu un score honorable, Paul Quastana, est, de nouveau candidat à l’occasion des législatives.
Ce militant de la première heure, élu territorial durant douze ans, président de groupe à l’assemblée de Corse et négociateur à Matignon entend, assisté par Michel Giraschi, autre personnalité nationaliste de l’Extrême-Sud, porter le message indépendantiste, conforté par les dernières élections territoriales. Il nous explique les enjeux de ce scrutin.
Vous voilà, de nouveau, sur la scène politique, à l’occasion des élections législatives. Pourquoi ce choix ?
Le mouvement a décidé, il y a longtemps déjà, d’occuper tous les terrains, et notamment la scène politique, à travers toutes les élections qui se présentent. Quelles qu’elles soient. Afin de ne pas laisser le champ libre à nos adversaires et d’exprimer, à chaque fois, notre message qui est le même depuis toujours. Il est martelé d’année en année.
Comment définissez-vous ce message ?
Il consiste à démontrer que la Corse n’est pas une île déshéritée et sans ressources comme beaucoup le prétendent. La Corse dispose, au contraire, d’atouts très importants comme le tourisme, qu’il suffit de maîtriser, des ressources en eau colossales qui se perdent à la mer, le bois, décliné sous toutes ses formes, l’eau, la mer, la pêche, ou l’agriculture qui a été sacrifiée par une politique agricole commune. Ce qui fait défaut, ce sont les moyens législatifs et administratifs de les exploiter. Si je prends l’exemple des chômeurs corses, ils ne dépendent pas de grosses entreprises cotées au CAC 40 qui licencient, d’un coup, un millier de personnes, mais sont, comme beaucoup d’autres, victimes de l’absence d’un réel développement économique.
Comment comptez-vous initier ce développement économique ?
Il ne demande qu’à se mettre en place dans la mesure où nous aurions les instruments juridiques nécessaires. C’est-à-dire le pouvoir législatif dans le domaine économique, les dérogations européennes, les dérogations fiscales et, en particulier, les arrêtés Miot pour que la terre ne change pas de mains, la possibilité de moduler la fiscalité et la territorialiser en fonction des zones ; il est impensable d’avoir, aujourd’hui, la même fiscalité dans le rural et sur le littoral ; un outil financier afin de mobiliser l’épargne corse et la réinvestir à des taux corrects, au sein de l’économie corse. Bref, la Corse n’a pas besoin de subventions ni d’assistanat mais d’une liberté de développement. Ce qui implique, pour cela, qu’elle s’affranchisse de toutes les règles qui font qu’elle est, actuellement, enfermée. Les directives européennes, élaborées par des technocrates qui ne sont pas des hommes de terrain, ne correspondent en rien à nos besoins. Et comme nous n’avons pas la possibilité de négocier, nous-mêmes, avec Bruxelles, nous sommes contraints de passer par le filtre des ministères français concernés selon le secteur et l’on se trouve complètement coincés.
En clair, c’est un discours qui reste inchangé depuis plusieurs décennies.
Oui, mais je noterais, toutefois, une nuance très importante. Au fil du temps, nous faisons, de plus en plus, la démonstration que nos revendications sont légitimes et ce que nous dénonçons s’avère exact. Il y a quelques années, notre discours pouvait faire sourire certains. Aujourd’hui, les gens prennent conscience des potentialités de la Corse. Comment se fait-il, par exemple, que nous ayons un climat et une terre qui permettent que tout pousse et que nous fassions venir nos produits alimentaires de l’extérieur ? Qu’avec un climat propice au développement du tourisme huit mois sur douze, il ne se développe que deux mois par an ? Concernant les transports, qui sont l’artère vitale de l’économie, nous restons à la merci des grèves à répétition. Cela fait trente ans que nous sommes pris en otages par la SNCM ! Aujourd’hui, la population n’est plus dupe. Elle voit bien que ce que nous revendiquons depuis toujours, est légitime.
Considérez-vous, les élections territoriales de 2010 comme la concrétisation, au niveau des urnes, des idées que vous défendez ?
Je pense, sincèrement, que notre message commence à passer au niveau de la population. On s’aperçoit que nos craintes d’il y a trente ans, sont aujourd’hui, devenues une réalité. On nous a mis en tête, depuis deux siècles, que la Corse était pauvre, qu’elle ne pouvait pas se développer. Aujourd’hui, et surtout en particulier depuis la création de l’université, les gens ont réfléchi et se sont aperçus que nous disions vrai.
Le changement institutionnel vous paraît-il la solution idéale ?
Il faut que l’on obtienne une partie du pouvoir législatif, le pouvoir fiscal, la création d’un établissement financier destiné à l’investissement productif en Corse. C’est vital pour l’avenir de la Corse et si nous voulons prendre en mains notre destin.
Revenons aux législatives. Peut-on parler de tournant politique pour la mouvance avec la possible élection d’un élu nationaliste ?
Cela pourrait être, en effet, la concrétisation d’un certain nombre d’idées que les nationalistes défendent depuis le début dans le seul intérêt, il est utile de le rappeler, du peuple. Nous ne cherchons pas un succès individuel, une quelconque gloire à travers toutes les échéances auxquelles nous participons depuis toutes ces années. Notre seul intérêt, c’est de défendre la Corse.
Pensez-vous que l’arrivée de François Hollande, à la présidence de la République, puisse faire avancer les choses dans ce sens ?
J’ai entendu son discours lors de sa prise de fonction. Il a évoqué la décentralisation afin de donner plus de pouvoirs aux régions ; nous n’y sommes pas opposés, loin de là. Ceci étant, j’estime que le salut de la Corse n’est pas dans les mains de François Hollande ni de qui que ce soit. Il est dans les mains des Corses tout simplement. Et il leur appartient, de faire passer, à travers les idées que nous défendons, un message fort à l’Etat. Il est temps de rompre avec le Jacobinisme.
Corsica Libera sera-t-il présent au second tour dans cette seconde circonscription ?
Nous en avons les moyens. On va, en tout cas, tout faire pour y être. Quoi qu’il en soit, nous ferons les comptes au soir du premier tour. On verra où nous en sommes et le mouvement réfléchira, alors, à la stratégie à adopter.
Interview réalisée par Philippe Peraut
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