La salle était trop petite pour accueillir, mercredi soir à San Fiurenzu, les habitants venus de l’ensemble de la Conca d’Oru et du Nebbiu. Retrouvez le discours de Jean-Battì Arena et de Gilles Simeoni.
« La Conca d’Oru est un modèle de développement économique pour la Corse, avec un socle agricole et des racines très fortes conjugués à deux autres axes importants : la culture et le tourisme ».
« Dans ce Pays, des personnes ont payé de leur liberté et parfois de leur vie pour contribuer à nous transmettre un territoire vierge. C’est pour cela qu’aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous permettre de faire tout et n’importe quoi ».
« Notre démarche a vocation à réunir et à agréger l’ensemble des forces vives de ce Pays. Toutes celles et tous ceux qui, au-delà de convictions qui ne sont pas toujours strictement identiques, veulent construire une alternative« .
« Nous sommes des nationalistes corses au sens que l’histoire contemporaine a donné à ce terme. Nous concevons notre engagement public par rapport au Peuple Corse, à sa langue, sa culture, son histoire mais également sa capacité à être ouverts, rassembleurs, généreux ».
« Le Peuple Corse n’est pas composé des seuls nationalistes. La Corse que nous voulons construire n’est pas seulement celle des nationalistes ».
« Lorsque notre langue disparait ce n’est pas seulement que nous oublions les mots que nous ont transmis les anciens. C’est aussi, outre une part du patrimoine universel de l’Humanité qui disparaît, une façon d’être ensemble. Une façon de concevoir la vie ensemble. Une façon d’intégrer les gens qui arrivent ici parce que si, pendant des décennies, la Corse a été une machine à fabriquer des corses, c’est parce qu’elle avait les moyens d’intégrer. Des moyens qu’aujourd’hui nous n’avons plus ou que nous avons de manière insuffisante ».
« Nous avons tous les atouts et les moyens du redressement. La Corse est une terre riche. Le Peuple Corse est un Peuple riche. Nous sommes riches de ce Pays, de nos ressources naturelles, de notre épargne, de notre ressource humaine, de notre ancrage méditerranéen, de notre proximité avec le continent français, italien et européen. Nous sommes riches de notre diaspora, là où tous les Peuples qui ont des centaines de milliers de personnes dehors, travaillent et s’organisent pour mobiliser les ressources humaines et financières. Nous, nous laissons ce potentiel considérable en gestation.»
« Pour que l’agriculture soit productive, il y a plusieurs conditions. La première d’entre elles, c’est que les femmes et les hommes qui choisissent d’être agriculteurs, puissent bénéficier de terres agricoles. Le deuxième c’est le prix du foncier. La moindre parcelle se vend 100, 150, 200, 250 euros, à tel point que la quasi-totalité d’entre nous est dans l’incapacité absolue d’accéder à la propriété« .
« Per fà chì a lingua corsa sia parlata, ci vole un statutu di cuufficialità. A dicenu i pulitichi è ancu i scientifichi. E per avè sta cuufficialità ci vole una riforma di a Custituzione. E ch’hà dettu Sauveur Gandolfi-Sheit ? Pas un mot ! Ch’hà dettu Jean Zuccarelli ? Pas un mot ! S’ils sont élus nous n’aurons rien ! La langue corse n’aura pas les moyens de sa pérennité et de son sauvetage.»
« La prorogation des arrêtés Miot est un enjeu fondamental. Ce régime fiscal spécifique permet aux biens immobiliers en Corse de se transmettre avec une exonération de droits de succession. En 1998, au lendemain de l’assassinat du Préfet Erignac, la France a été saisie d’une véritable hystérie anti-corse. Dans ce contexte-là (c’était le temps du fameux rapport Glavany qui disait qu’on parlait trop corse dans les administrations, que 98% des corses étaient des escrocs, des consommateurs de subventions etc…), on a voulu à l’Assemblée Nationale, démanteler le régime spécifique issu des arrêtés Miot. A l’époque, il y avait déjà 4 députés de la Corse, 2 de gauche et 2 de droite. Pas un d’entre eux n’a eu le courage de s’opposer, de dire non. Il y a eu en 14 ans des majorités parlementaires de gauche et de droite. Aucun député de la Corse a eu la force et la volonté politique de demander à sa propre majorité parlementaire la prolongation des arrêtés Miot ».
« Le 31 Décembre 2012, le retour dans le droit commun sera entériné. Au 1er Janvier 2013 nous paierons progressivement des droits de succession. Un oncle qui veut transmettre sa maison de Feringule à son neveu, va obliger ce dernier à payer 60% de droits de succession d’un bien dont la valeur sera évaluée au prix du marché. D’une maison évaluée à 200000€ il va falloir payer 120000 €. Qui d’entre nous aura les moyens de payer cette somme ? Nous serons obligés de vendre. L’accélération de la dépossession immobilière s’engagera. J’ai défendu à l’Assemblée de Corse le projet du transfert de la compétence fiscale dont le principe a été voté. Mais que faut-il ? Il faut une réforme constitutionnelle et qui est prêt à mener le combat avec Paris sinon nous ? Pensez-vous que Jean Zuccarelli et Sauveur Gandolfi-Sheit seront prêts à le faire ? ».
« Le nouveau Président de la République est venu en Corse il y a quelques semaines. Quel contraste avec François Mittérand ! Quand ce dernier est venu en Corse il y a 30 ans, il a promis et il a tenu, la suppression de la Cour de Sûreté de l’Etat, la réouverture l’Université de Corse, l’enseignement du corse même s’il était partiel, la démocratisation de l’espace public insulaire avec la refonte des listes électorales, le statut particulier…
François Hollande, à toutes les questions que nous lui avons posé, a répondu : « on verra ». Quand on lui a posé la question de la co-officialité il a dit « Non, ce n’est pas possible, c’est anticonstitutionnel ». Concernant le statut de résident il a dit : « Ce n’est pas possible ». Alors, si le prochain député s’aligne sur ce discours là, il n’y aura rien ».
« Je vous le dis avec solennité : Pour la première fois nous sommes aujourd’hui en position de gagner. Je vais même vous dire mieux : nous l’avons déjà gagnée ! Nous l’avons déjà gagnée car quand je vous vois dans cette salle, vos visages amis, vos sourires, quand je vois la force de nos convictions, quand je vois la foi que nous avons dans ce Pays, je sais déjà que nous ne pouvons plus perdre.
Et si nous ne l’avons pas encore compris, en face, elli, l’anu capitu ! ».
« Il faut gagner parce qu’il faut en finir avec le système claniste, archaïque, système qui historiquement a tant fait de mal à la Corse et qui continue à en faire tant. Nous sommes déterminés à combattre démocratiquement, sans répis, avec une détermination totale le système claniste et clientéliste qui est en train de ruiner ce Pays comme il ne l’a peut-être jamais ruiné. Cela ruine notre jeunesse et la désespère. Et le désespoir ne peut engendrer que de la violence« .
« Chantage à l’emploi : c’est le plus scandaleux. Dans un pays où le taux de chômage est important, où nous avons le taux de jeunes qui sortent du système éducatif sans diplôme le plus haut de France. Le fait que des jeunes, qu’ils aient un diplôme ou qu’ils n’en aient pas, soient en permanence obligés de quémander une place, de faire acte de révérence devant tel ou tel petit chef local. C’est insupportable ».
« Chantage au logement HLM : ça fait des décennies que cela dure. Des appartements que l’on garde en réserve avec des listes occultes, avec des critères qui ne sont pas appliqués, avec les sempiternelles promesses qui reviennent au moment des élections. Ci vole ch’ella finisca ! Incù noi stu sistema quì hà dà sparisce ».
« Chantage à la subvention : est-ce que les maires des petits villages au quotidien sont libres de leur choix ? Il y a trois jours dans un village, je faisais cet exposé où je disais que certains maires m’avaient affirmé qu’ils avaient de la sympathie pour nous et qu’il ne s’opposeraient pas si des habitants de son village décidaient de voter pour nous. Et deux jours après, ces maires là ont reçu la visite d’émissaires, qui ne sont pas élus mais qui sont omniprésents dans les couloirs des institutions. Ces derniers leur tiennent le discours suivant : « On sait que tu as reçu Simeoni et Arena et tu leur as dit qu’ils allaient faire une belle élection dans ton village. Alors s’ils font une bonne élection, tu patienteras pour obtenir ta subvention ». Et au moment où je dis ça, le maire de la commune dans laquelle nous étions nous dit « C’est vrai, ils m’ont fait le coup pour le réseau d’assainissement ».
« On me parle souvent des problèmes financiers à l’hôpital de Bastia. Mais qui est-ce le Président du Conseil d’Administration de l’hôpital ? Sò eiu ? Un sò micca eiu ! Nimu à sà, perchè ùn si vede mai, mà ghjè Emile Zuccarelli è ùn face mai nunda ! ».
« Je vous demande d’imaginer un instant ce que sera l’élection d’un ou deux députés qui n’auront rien promis, parce que nous ne promettons pas de place, pas de logement, nous ne distribuons pas de subvention. Imaginez qu’un ou deux députés aillent à Paris en disant : « le temps de l’asservissement est terminé, le temps des arrangements est terminé, le temps du système clientéliste et archaïque est terminé ». Que « La Corse veut vivre, son Peuple veut vivre. Nous demandons seulement du travail, de la dignité et de la paix ». Mais que la paix se construit par le respect, par le travail, la démocratie. Voilà ce que nous allons dire ! ».
« Sò cume voi. Un possu micca accettà chì stu populu è stu paese sianu arruvinati ! Avemu pane è cultellu per custruisce forse, une di i più belli paesi di u Mondu.
Alors il reste 15 jours et je demande à chacun et chacune d’entre vous, de partir d’ici gonflé à bloc et de vous dire que nous allons gagner.
Cullate ind’è i vostri paesi, ind’è e vostre case, andate nant’à i vostri lochi di travagliu, à vede i vostri parenti, i vostri amichi è diteli chì ghjè tempu è ora di cambià !
E dà quì à trè settimane, emu dà vince INSEME, emu dà vince per stu Populu è per a Corsica ! »
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