Voici la lettre adressée par le Député de la Corse du Sud le 9 mai 2011 à Monsieur Frédéric Lefèbvre, Secrétaire d’Etat chargé du Commerce, de l’Artisanat, des PME, du Tourisme, des Services, des Professions libérales et de la Consommation.
Monsieur le Ministre,
Interrogé dans le cadre du magazine télévisé «Dimanche Plus» hier sur Canal Plus, Bernard Henri LEVY a tenu des propos scandaleux sur la Corse sur lesquels je tiens à attirer votre attention.
Constatant les actes de violence commis dans notre île, Bernard Henri LEVY n’a rien trouvé de mieux à proposer que de boycotter la Corse et son tourisme. Ce qui revient à pénaliser toute une économie pour des actes dont l’immense majorité de la population n’est en aucun cas responsable, encore moins coupable mais toujours victime.
Je condamne fermement cette proposition «d’embargo touristique» sur la Corse qui est incompréhensible.
L’Ile de France est la région française la plus en proie à l’insécurité et à la violence mais pourtant, Paris est une des villes les plus visitées du monde. Qui aurait l’audace de proposer le boycott de notre capitale ?
Bernard Henri LEVY compare la Corse à la «Sicile» et ses élus à des «marionnettes». Des propos aussi durs qu’inexacts qui témoignent de sa méconnaissance de la situation insulaire et sont indignes de celui qui se prétend philosophe. Qui est-il pour s’arroger le droit de juger la Corse de cette façon ?
Comme beaucoup d’élus insulaires, j’ai toujours condamné le recours à la violence sous toutes ses formes. Aux bonnes questions, apportons les bonnes réponses. Ce n’est pas en fragilisant un pan de notre économie que la situation s’améliorera.
Bien que se parant des habits de la vertu en jouant le pourfendeur des discriminations, Bernard Henri LEVY n’a pas hésité avec de tels propos à verser dans la stigmatisation et le racisme anti-corse.
En votre qualité de Secrétaire d’Etat en charge du Tourisme, vous savez qu’à la veille d’une saison touristique, boycotter la destination Corse peut avoir des conséquences désastreuses pour notre économie, mais surtout pour la perception de la communauté insulaire ainsi que pour la cohésion nationale.
Conscient de votre intérêt pour la Corse, je vous demande de bien vouloir réagir au nom du Gouvernement sur les propos indignes tenus par Bernard Henri LEVY sur notre île.
Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, à l’expression de mes sentiments les meilleurs
Camille de Rocca Serra
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